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La vie sauvage sur l'île de Ba Mùn. |
Parmi les îles relevant du Parc national de Bái Tu Long, province de Quang Ninh (Nord), c’est à Ba Mùn, autrefois connue sous le nom d’île aux animaux, que les espèces sauvages sont les plus abondantes. Il y a 20 ans, ce site de plus de 200 ha était délaissé et fréquenté seulement par les braconniers. Sa faune et sa flore ont diminué considérablement. Tout a changé en 2001 quand le Parc national de Bái Tu Long a été fondé.
Refuge d’animaux menacés d’extinction
D’années en années, grâce à la gestion efficace et surtout à la bonne conscience des habitants locaux, les entrées illégales dans le parc et le braconnage ont pris fin, permettant à la faune de reprendre du poil de la bête, en particulier les sangliers. En été notamment, les garde-forestiers peuvent les voir creuser des trous aux pieds d’arbres ombragés et s’y coucher pour éviter la touffeur.
"Beaucoup d’animaux que l’on croyait disparus sur l’île sont maintenant présents devant nos yeux", se réjouit Hoàng Manh Hùng, chef adjoint du poste Lach Chè, relevant du garde-forestier du parc. Il raconte que le 10 avril dernier, a été observé un gros python (Python molurus), long d’environ 5 m et pesant plus de 60 kg. Cette espèce est classée par le Livre rouge du Vietnam dans la catégorie "extrêmement urgente à protéger" car dans la nature, ses effectifs ont diminué de 80%.
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) l’a également inclus dans le groupe des espèces dont l’exploitation est interdite. Le 8 janvier 2021, un sambar (Cervus unicolor), une race de cervidés menacée d’extinction dans la nature en raison du braconnage, y a été découvert. L’animal mesure environ 1,2 m de haut et pèse 100 kg. Mais les garde-forestiers estiment qu’il y a probablement une troupe de cette espèce sur l’île car ils ont trouvé des empreintes sur le sol et des traces de frottement aux troncs d’arbres.
Une patrouille du garde-forestier de l’île de Ba Mùn. |
Attention aux serpents et sangliers !
La riche faune de Ba Mùn est un bon signe mais le nombre croissant d’espèces sauvages placent parfois les garde-forestiers dans l’embarras. Désormais, ils doivent se protéger des attaques des sangliers, des serpents venimeux dont les cobras. Nguyên Huu Manh, un garde-forestier, a une fois passé une nuit avec un cobra sous son lit.
"Une matinée, j’ai entendu des bruits. Sautant de mon lit et baissant la tête vers le sol, j’ai vu un cobra de près de 2 m de long enroulé sous mon lit. L’autre jour, alors que je patrouillais en forêt, je suis tombé nez à nez avec un serpent venimeux suspendu à une branche d’arbre au-dessus de ma tête. Un pas de plus et j’aurais été mordu", se souvient-il. Pour se protéger, les garde-forestiers recourent aux chiens-gardiens qui s’occupent de repérer les serpents et sangliers lors des patrouilles.
Chaque année, des macaques à longue queue, tortues, lézards, salamandres sont relâchés sur l’île. Ils ont été confisqués des mains de trafiquants par l’Office de douane de la province de Quang Ninh. Les forêts sont immenses et le contingent de garde-forestiers ne suffit pas pour les patrouilles régulières.
Afin de renforcer les activités de protection, le comité de gestion du parc a fait appel à la population et aux autorités locales qui lui prêtent main-forte. Il a proposé aux habitants vivant dans les zones tampons des modèles de subsistance respectueux de l’environnement tels que l’aquaculture et l’écotourisme.
Vingt-deux villages de cinq communes ont été choisis pour ce programme. Les habitants sont autorisés, par exemple, à ramasser et élever des coquillages. En échange, ils doivent prendre l’engagement de prévenir les garde-forestiers s’ils repèrent des activités illégales.
Texte et photos : Linh Thao - Công Thành/CVN