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Les deux dernières années ont été marquées par des difficultés d'approvisionnement en fibre. |
Un alignement de planètes explique la montée en puissance de la fibre dans les territoires ruraux. D'un côté, les réseaux d'initiative publique (RIP), ces structures créées sous la responsabilités des collectivités territoriales avec un co-financement du déploiement, sont désormais bien lancés. C'est le résultat d'une forte impulsion publique: Edouard Philippe en déplacement dans le Gers a d'ailleurs annoncé vendredi 22 mars de nouvelles mesures de désenclavement numérique.
De l'autre, les gros opérateurs ont terminé le déploiement de la fibre dans les zones très denses et bien avancé, en ce qui concerne Orange et SFR, celui dans les zones moyennement denses, ils peuvent donc se tourner vers les zones moins denses.
"Il y a une prise de conscience de l'intérêt des zones RIP de la part des quatre grands opérateurs", observe Victor Marçais, "ils n'y avaient pas été très actifs et ont du coup laissé émerger des petits opérateurs alternatifs. Mais ils ne peuvent pas passer à côté, c'est un élément majeur dans la bataille de la fibre". "Il y a une appétence des clients pour la fibre dans les zones moins denses qui peut être plus forte qu'en zones denses étant donné la qualité de l'ADSL, il y a donc de vrais enjeux de parts de marché, il est important pour les opérateurs de se positionner", abonde Thomas Coudry, analyste télécoms pour Bryan, Garnier and Co.
Pour autant, la volonté d'aller sur les RIP n'est pas forcément suffisante pour les gros opérateurs, qui doivent passer par plusieurs étapes, du fait de la structure particulière du déploiement dans les zones moins denses. "Il faut d'abord avoir une négociation globale avec les déployeurs puis négocier RIP par RIP", dans la mesure où chacun est une entreprise différente, "puis il y a la réalité technique, chacun étant différent et demandant un travail d'adaptation", détaille Arthur Dreyfuss, secrétaire général d'Altice France.
Si les choses bougent donc, la filière affronte encore des points de tensions qui pourraient retarder le calendrier de déploiement dans des zones où l'alternative ADSL n'est pas toujours à la hauteur.
La question du dernier kilomètre
En particulier, les deux dernières années ont été marquées par des difficultés d'approvisionnement en fibre. "La demande a été très supérieure à l'offre. Nous avons multiplié par deux nos capacités de production en trois ans et nous continuons à investir pour faire face à la demande", explique un responsable d'Acome, l'un des principaux producteurs français de fibre.
Plus récemment, c'est la main d'œuvre qui a commencé à poser problème, poussant l'ensemble de l'industrie à proposer des formations, un peu partout sur le territoire, afin de combler les besoins nécessaires.
Et malgré les efforts consentis à tous les niveaux, des retards peuvent persister. "Les réseaux construits par les petits nécessitent souvent des réinvestissements pour raccorder aux réseaux des plus gros mais également pour aller jusqu'au client", ce qui peut retarder d'autant la mise à disposition de la fibre au bout du compte, explique un bon connaisseur du dossier. Sans parler du fait que, pour certains, la fibre n'arrivera sans doute jamais, tant du côté des opérateurs que de l'État, avant tout pour une question de coût.
"En 2025, une très grande partie des foyers sera fibrée, il en restera autour de 2 à 3% à aller chercher", expliquait récemment Fabienne Dulac, directrice générale d'Orange France, "on a des sujets de discussion avec les collectivités pour raccorder ou non des endroits très éloignés". Rien que pour l'État, aller chercher les derniers logements les plus isolés pourrait représenter une enveloppe supplémentaire comprise entre 500 millions et 700 millions d'euros.
"Le dernier kilomètre de couverture numérique est la zone la plus difficile à atteindre. Il n'y a pas de promesse que tout le monde aura la fibre, en revanche il faudra se pencher sur les technologies alternatives, la 4G ou 5G fixe, le satellite, notamment", explique-t-on du côté du gouvernement.
AFP/VNA/CVN