2021, un millésime amer pour la viticulture française

2021 sera un millésime douloureux pour la viticulture française : la production de vin se situera à un niveau "historiquement bas" en raison d'un épisode sévère de gel printanier, qui a aussi réduit la récolte de fruits.

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La production française de vin devrait être en baisse de 24% à 30% et se situer à un niveau "historiquement bas", selon le ministère de l'Agriculture.
Photo : AFP/VNA/CVN

La récolte française de vin devrait être en baisse de 24% à 30% en 2021, a annoncé vendredi le ministère français de l'Agriculture qui évoque un niveau de rendement d'une faiblesse jamais vue depuis 45 ans. Le gel d'avril a aussi gravement affecté les arbres fruitiers français, en particulier les abricots dont la récolte 2021 devrait être amputée de moitié, par rapport à la moyenne 2016-2020, selon les estimations du service statistiques du ministère, Agreste. Ce serait la pire récolte depuis 42 ans.

Dans la première quinzaine d'avril, la quasi-totalité des bassins viticoles français avaient subi plusieurs nuits consécutives de gel sévère, alors que la vigne avait déjà commencé à bourgeonner en raison d'un hiver clément. Des exploitants avaient tenté de sauver leur production par des braseros, des bougies ou d'autres techniques, souvent en vain. La "plus grande catastrophe agronomique de ce début de siècle", avait estimé le ministre français de l'Agriculture.

Pour ne rien arranger, la récolte de vin devrait être affectée aussi par les maladies de la vigne comme l'oïdium et le mildiou, favorisées par la météo estivale pluvieuse. La production devrait se situer entre 32,6 millions et 35,6 millions d'hectolitres, selon une estimation d'Agreste au 1er août. C'est conforme aux estimations avancées dès avril par la filière viti-vinicole.

"La production viticole 2021 est prévue historiquement basse, inférieure à celles de 1991 et 2017 concernées elles aussi par un gel sévère au printemps", note Agreste. "Pour l'heure, le rendement serait proche de celui de 1977, année où la récolte viticole avait été réduite par un gel destructeur et des précipitations estivales", est-il ajouté. "Nous assistons à une succession d'aléas climatiques importants", déplore Jérôme Despey, secrétaire général du syndicat agricole majoritaire FNSEA. "C'était déjà une année difficile avec le gel. L'excès de pluviométrie a compliqué encore la situation de nombreux viticulteurs plus particulièrement dans l'est, le Nord et le Centre".

Il s'attend à des vendanges plus tardives qu'en 2020 - où elles avaient été précoces. "Nous aurons dix à quinze jours de décalage" par rapport à l'an passé, estime-t-il. Les toutes premières vendanges en France viennent de commencer tout au Sud du pays, dans le vignoble de Fitou (Aude), avec un peu de retard par rapport à 2020.

Déstockages de vin en vue

Concernant les abricots, la production 2021 est estimée à 56.000 tonnes, en baisse de 35% sur un an et de 54% par rapport à la moyenne quinquennale, qui fait référence en agriculture. Le chiffre d'affaires de la filière abricots devrait reculer d'un tiers en dépit de la hausse des cours.

Pierre-Marie Luneau entretient des braséros pour protéger ses vignes du domaine Luneau-Papin au Landreau, près de Nantes, le 12 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Premier ministre Jean Castex avait annoncé dans la foulée du gel un total cumulé d'un milliard d'euros d'aides pour les arboriculteurs et les viticulteurs touchés. L'épisode a par ailleurs ravivé les discussions sur la refonte de l'assurance récolte, jugée de plus en plus urgente devant la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes. Une réforme sera présentée "à la rentrée", a récemment indiqué le ministère de l'Agriculture.

Les gelées d'avril avaient suivi une période de grande douceur ayant favorisé le bourgeonnement des cultures, et la question d'un éventuel lien avec le changement climatique s'était très vite posée. Pour les scientifiques du réseau international World Weather Attribution, cela ne fait guère de doute : la probabilité qu'un gel tardif intervienne en période de bourgeonnement a été nettement renforcée par le changement climatique et le sera encore plus à l'avenir.

Deuxième pays producteur de vin au monde derrière l'Italie et premier pays exportateur, la France entend bien défendre ses parts de marché malgré cette baisse de production en 2021. D'autant qu'en 2020, son vin ne s'était pas très bien vendu en raison des restrictions sanitaires liées à la pandémie. "Le vin se stocke. Les récoltes antérieures vont permettre de répondre à nos clients. On va pouvoir soutenir nos marchés", souligne Jérôme Despey, lui-même viticulteur dans l'Hérault.


AFP/VNA/CVN

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