Une addition salée pour l’environnement marin

Avec une façade littorale de plus de 3.000 km, le Vietnam a toutes les cartes en main pour développer le tourisme et l’économie maritime. Attention toutefois à ne pas être trop gourmand, l’environnement marin étant menacé par la pollution et la surexploitation des ressources naturelles.

>>Sécurité de l’environnement maritime pour une Mer Orientale bleue

Ramassage des ordures sur la plage de la commune de Hai An, district de Hai Lang, province de Quang Tri (Centre).

Selon un rapport sur la situation écologique réalisé par le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, l’écosystème marin du Vietnam continue à se dégrader. La biodiversité, notamment dans les zones côtières, est de plus en plus menacée. Les mangroves ont été pour la plupart dévastées et les récifs coralliens sont menacés de destruction. Au moins 85 espèces marines sont en danger à différents niveaux, dont 70 inscrites dans le

Livre Rouge du pays.

Des rejets polluants en tout genre

Les marées rouges et la prolifération d’autres algues nuisibles se produisent réguliè-rement au large des provinces centrales de Bình Thuân, Ninh Thuân et Khánh Hòa ces dernières années, infligeant de lourds dommages à l’aquaculture.

Selon le Dr. Du Văn Toan, de l’Institut de recherche sur la mer et les îles, les sources de pollution potentiellement nuisibles pour les zones côtières du Vietnam ne manquent pas. La plupart des polluants proviennent du continent. Les déchets et eaux usées sont rejetés directement dans la mer, drainant avec eux des substances dangereuses et autres métaux lourds. Sans parler des dégazages intempestifs des navires, des rejets volontaires - et de fait criminels - de produits chimiques et des déversements accidentels d’hydrocarbures. Le pays compte une centaine de fleuves parmi lesquels dix sont en proie à une pollution critique. Les pires sont certainement les fleuves Câu et Day dans le Nord, ainsi que le fleuve Thị Vai au Sud.

Le rapport sur la situation écologique du ministère des Ressources naturelles et de l’environnement montre aussi que les cours d’eau du pays déversent chaque année 880 kilomètres cubes d’eau à la mer qui charrient environ 270 à 330 millions de tonnes d’alluvions, emportant avec eux toutes sortes de polluants. Les déchets non-décomposables flottent à la surface de la mer, avant de couler, tandis que ceux décomposables sont dissous, répandant avec eux les agents polluants qu’ils contiennent.

Selon une enquête menée par l’Institut vietnamien d’océanographie, la pollution de l’environnement maritime et insulaire est due à la surexploitation des ressources des régions côtières, ce qui entraîne une grave pénurie d’eau douce, avec une augmentation de l’érosion des sols et donc de la sédimentation. En outre, les méthodes de pêche destructrices comme l’utilisation d’explosifs et de produits chimiques dangereux, ainsi que l’absence de planification dans le développement touris-tique balnéaire ont entraîné l’appauvrissement rapide des ressources aquatiques et endommagé les écosystèmes marins.

Les régions littorales du Vietnam abritent 50% des grands centres urbains, où sont regroupés près de 60% de la population et la plupart des zones industrielles et zones franches, ports et zones aquacoles. Et comme les industries ont tendance à donner la priorité au développement économique plutôt qu’aux objectifs de protection sociale et environnementale...

Une réglementation plus contraignante

La plage de la commune de Phuoc Diêm, district de Thuân Nam, province de Ninh Thuân (Centre) est gravement polluée.

Nguyên Văn Cu, ancien directeur du Département général de la mer et des îles, a déclaré que le Vietnam devait perfectionner ses politiques et sa juridiction sur la gestion de la mer dans une logique de développement durable. «Une autre mesure efficace serait de mettre en place des réserves marines», a-t-il dit. Le gouvernement planche depuis plusieurs années sur le sujet, avec l’objectif d’en définir 41 d’ici à 2020. Mais les enjeux économiques font que leur mise en place est compliquée. D’où la nécessité de resserrer la législation concernant la protection de l’environnement marin et de la biodiversité. Et au regard de la situation, le temps presse !

Les scientifiques de l’Institut de l’environnement et des ressources marines ont suggéré d’étendre le modèle d’application des mesures de gestion des ressources marines par les habitants eux-mêmes, expérimenté avec une certaine réussite dans les provinces de Ninh Binh, Nam Dinh (Nord) et de Kiên Giang (Sud).

Ce modèle permet à des habitants vivant sur la côte d’avoir certains droits dans la gestion des ressources côtières, sous la tutelle de l’État. En plus d’être peu onéreux, cela a pour effet de sensibiliser directement la population à la cause environnementale.

En dehors de la construction d’infrastructures techniques comme les digues et le système de canaux, il faut privilégier les solutions écologiques comme le renforcement de la protection de la biodiversité et le développement des écosystèmes côtiers afin de créer une zone tampon solide pour limiter les conséquences des catastrophes naturelles et améliorer les capacités de résilience aux changements climatiques des habitants vivant près du littoral. Sans oublier les campagnes de sensibilisation sur les politiques concernant l’exploitation, l’utilisation durable des ressources naturelles et la protection de l’environnement marin, indispensables. Enfin, il faut renforcer la coopération internationale, en particulier dans les sciences et les technologies liées à la mer, le sauvetage en mer, la prévention et la lutte contre les catastrophes et la formation du personnel pour les secteurs liés à la mer.


Huong Linh/CVN

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