Selon la Banque mondiale, le Vietnam se classe dans la liste des pays du monde disposant d’une ressource en eau de niveau moyen. Pourtant, le pays fait face à l’heure actuelle à des problèmes de raréfaction, de pollution, de besoins croissants en eau, pour l’économie et la population, de phénomènes graves de sécheresse et de remontée des eaux salines, imputés au changement climatique.
Protéger la ressource en eau, c’est se protéger soi-même. |
En effet, ces dernières années, en raison du développement rapide des centres urbains, du processus d’industrialisation et d’exploitation irraisonnable, la ressource en eau, notamment souterraine, s’est dégradée. À Hanoi et dans nombreux secteurs de Hô Chi Minh-Ville, le niveau de la nappe a baissé de 30 m. Le Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre) et le delta du Mékong se trouvent dans le même état.
Selon le Docteur Phan Van Tân, de l’Université nationale de Hanoi, les impacts négatifs du changement climatique sont l’une des causes de la raréfaction. Les températures ont tendance à grimper provoquant un accroissement de l’évaporation et une perturbation du cycle de l’eau.
En outre, le changement du couvert végétal dû au réchauffement réduit l’alimentation en eau de pluie des cours d’eau et des rivières. L’accroissement de l’évapotranspiration (le total de l’eau perdue par le sol, par évaporation directe et par perte d’humidité des plantes au travers de leurs feuilles) des zones à végétation luxuriante tend à extraire davantage d’eau du sol pour la rejeter dans l’atmosphère.
Pour sa part le Pr.-Dr. Ngô Dinh Tuân, président du Conseil des scientifiques (Institut des ressources en eau et de l’environnement), estime qu’on peut voir clairement les risques le long du Mékong. Le développement incontrôlé des centrales hydroélectriques cause un déséquilibre de l’environnement écologique et entraîne une perturbation du cycle de l’eau provoquant sécheresses et crues.
Pollution de l’eau : état alerte
La ressource en eau du Vietnam est gravement polluée par des causes différentes. De 300.000 à 400.000 m3 d’eaux usées non traitées sont déversées directement chaque jour dans les canaux reliés aux quatre principales rivières de Hanoi : Tô Lich, Lu, Sét et Kim Nguu, totalisant environ 500 km de canaux et de cours d’eau. À Hô Chi Minh-Ville, le volume d’eaux usées non traitées rejetées chaque jour est de 400.000 m3. Et parmi elles des eaux usées de nombreuses usines et hôpitaux.
Récemment, le Centre d’obser-vation et de prévision sur la ressource en eau (ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement) a publié les résultats d’observations sur la ressource en eau dans les deltas du Nord, du Sud et le Tây Nguyên selon lesquels le niveau de l’eau souterraine connaît une grave baisse. La qualité de l’eau distribuée laisse parfois à désirer, en raison de l’absence de traitement pour la débarrasser des polluants, de plus en plus présents dans les rivières et les nappes phréatiques.
La pollution par les métaux lourds est également inquiétante, notamment à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville.
La conséquence est que, dans certaines régions, des millions de familles ignorent toujours ce qu’est l’eau «propre», en quantité suffisante et en qualité convenable, pour leurs propres besoins quotidiens. L’eau polluée est responsable de maladies graves chez l’homme, bien souvent mortelles dans les pays en voie de développement. Environ 80% des maladies au Vietnam, notamment la diarrhée et la dysenterie, sont dues à la pollution de l’eau.
C’est pour cette raison que la protection des ressources en eau doit être considérée comme une tâche prioritaire. Il faut renouveler les méthodes de gestion de l’eau potable, élaborer des politiques adéquates, améliorer les compétences des organismes concernés et des gestionnaires en la matière. Il est important d’investir dans le système de traitement des eaux usées de la vie quotidienne, des activités industrielles ou encore sanitaires. Notamment, les activités de communication sur l’exploitation, l’utilisation convenable, la protection de la ressource en eau sont indispensables.
Un plan d’action pour mieux gérer
la ressource en eau
Un plan d’action national sur la gestion, la protection et l’utilisation convenable de la ressource en eau pour la période de 2014-2020 vient d’être approuvé par le Premier ministre Nguyên Tân Dung. Selon ce plan, la priorité sera réservée à certains projets dont l’élaboration d’un aménagement concret sur la ressource en eau ou celui sur la protection de la ressource en eau et la restauration de certains tronçons de rivières, lacs-réservoirs dans les centres urbains les plus touchés par la pollution et la dégradation de l’eau.
Huong Linh/CVN