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Un cheptel bovin à la montagne de Tà Chi Nhù. |
Photo : TT/CVN |
Les villages H’mông de la commune de Hà Hô, dans le district de Tram Tâu, se situent au pied de la grandiose montagne de Tà Chi Nhù.
Des débuts difficiles
"Auparavant, la plupart des H’mông étaient pauvres et les infrastructures de la région obsolètes. Aujourd’hui, c’est tout à fait différent. Leurs conditions de vie se sont améliorées grâce à l’élevage du bétail en montagne", partage Muà A Hô, vice-président du Comité populaire de la commune de Hà Hô.
Au village de Suôi Giao, vit le couple Thào A Tua, 51 ans, et Hô Thi Nu, 49 ans. Juste après leur mariage, ils ont eu cinq enfants et vivaient dans des conditions très précaires. "À ce moment-là, nous n’avions pas de terres cultivables et nous devions chercher du bois de chauffe et chasser dans la forêt. Chaque année, ma famille manquait de vivres pendant quatre ou cinq mois", se souvient Thào A Tua. Avant d’ajouter : "Ma fille aînée ne pouvait pas aller à l’école. Elle devait nous aider à gagner notre vie depuis l’âge de 7 ans".
À Suôi Giao, le cas de Thào A Tua n’est pas isolé. Le mariage précoce et le manque de terres cultivables plongèrent de nombreuses familles H’mông dans la pauvreté. Pauvre et affamé, Thào A Tua pensa aux prairies verdoyantes de la montagne de Ta Chi Nhù, favorables à l’élevage des ani-maux domestiqués. Cependant, s’en procurer et les amener sur la montagne demeuraient pour lui une question épineuse.
En 1998, la chance tourna pour M. Tua. Le Bureau de l’agriculture et du développement rural de Tram Tâu, en coopération avec la Banque de politiques sociales, accorda des prêts aux paysans H’mông pour encourager l’élevage. Après les avoir reçus, le couple acheta quatre chèvres et quatre buffles et bœufs pour les amener au sommet de Tà Chi Nhù.
Malheureusement, après seule-ment quelques jours, le froid tua tous les animaux. "Je n’ai pas pensé au froid en altitude. En hiver, les températures peuvent chuter en-dessous de 0°C. Aucune mesure de prévention et de lutte contre le froid n’a été réalisée et nos animaux sont tous morts. Ma femme a pleuré pendant plusieurs jours...", exprime Thào A Tua.
Masquant sa tristesse, il est descendu de la montagne et a étudié soigneusement les mesures à prendre pour protéger les animaux du froid. Ensuite, il a effectué un nouvel emprunt de 15 millions de dôngs à la Banque de politiques sociales pour acheter dix chèvres et deux couples de buffles et de bœufs. Aujourd’hui, lors des jours de grand froid, il met ses animaux à l’abri dans une étable après avoir coupé l’herbe pour les nourrir. Il ajoute également du sel au foin pour augmenter leur résistance.
"Les jours plus chauds, le matin vers 08h00 ou 09h00, je laisse les animaux pâturer librement autour de l’étable afin qu’ils s’adaptent petit à petit aux conditions météorologiques de la montagne. Le soir, quand il fait froid, je les rentre dans l’étable", raconte-t-il.
Des résultats encourageants
Un pasteur au village de Suôi Giao. |
Photo : TT/CVN |
Deux ans plus tard, M. Tua a pu développer son élevage. En 2003, suivant son exemple, d’autres jeunes hommes H’mông comme Thào A Giao et Thào A Gu ont emprunté les fonds nécessaires pour acheter des animaux et les élever sur les flancs de la montagne. Progressivement, ils ont amassé une petite fortune et sont devenus des éleveurs milliardaires.
Après une vingtaine d’années d’élevage, Thào A Tua dispose à présent d’un cheptel de 400 chèvres, 52 bœufs, 6 buffles et 9 chevaux pour une valeur totale de quelques milliards de dôngs. Habitué aux conditions climatiques et aux facteurs écologiques de la montagne de Tà Chi Nhu, le cheptel d’animaux est libre d’aller chercher sa nourriture, ce qui a également attiré un grand nombre de touristes.
La famille de M. Tua est aujourd’hui la plus riche du village de Suôi Giao. L’élevage en montagne lui a permis de construire une grande maison et d’élever ses cinq enfants qui ont maintenant trouvé un emploi stable. Avec M. Tua comme modèle, Thào A Giao, 46 ans, a décidé d’emprunter à la Banque de politiques sociales pour acheter deux buffles femelles. Dix-sept ans après, il dispose de 120 chèvres, 17 buffles, 8 bœufs et 6 chevaux pour une valeur totale d’un milliard de dôngs.
Selon Muà A Hô, la commune de Xà Hô compte 578 familles avec 3.300 personnes dont 80% sont des H’mông. Après plusieurs années de développement de l’élevage, son cheptel d’animaux a atteint 4.000 bêtes, essentiellement des chevaux, buffles et bœufs de haute valeur économique. En complément de l’élevage, les H’mông proposent également des services touristiques afin de diversifier leurs revenus.