Yémen : accord sur un échange de 1.081 prisonniers

Le gouvernement et les rebelles Houthis du Yémen sont parvenus à un accord sur l'échange de 1.081 prisonniers, salué dimanche 27 septembre par l'envoyé spécial de l'ONU comme le "plus important" depuis le début du conflit déclenché en 2014.

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Le chef du comité d'échanges des prisonniers Houthis, Abdelkader al-Murtada sert la main du chef de la délégation gouvernementale yéménite Hadi Haig, aux côtés de l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, en Suisse, le 27 septembre.

L'émissaire onusien Martin Griffiths a indiqué que les deux camps avaient également accepté de se retrouver "pour négocier de nouvelles libérations", lors de l'annonce de cet accord au bout d'une semaine de discussions en Suisse.

Les chefs de délégation n'ont pas fait de déclaration, mais ils se sont serrés la main et embrassés, sous les regards de M. Griffiths et du directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour le Proche et le Moyen-Orient, Fabrizio Carboni.

Dans le cadre d'un accord conclu en Suède en 2018, le gouvernement, appuyé par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite, et les Houthis, soutenus par l'Iran, avaient convenu d'un échange devant porter sur environ 15.000 détenus au total.

Depuis, les deux parties ont échangé des prisonniers de manière sporadique. Mais la libération de centaines de loyalistes et d'insurgés représenterait le premier échange à grande échelle depuis le début de la guerre.

L'accord, qui doit être mis en oeuvre dans deux semaines, porte sur la libération de "681 rebelles et de 400 membres des forces gouvernementales (et alliées)", a dit un membre de la délégation gouvernementale ayant requis l'anonymat.

Selon lui, la libération par les rebelles du frère du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, le général Nasser Mansour Hadi, a été reportée.

"Nous savons tous qu'il est maintenant essentiel d'avancer rapidement et de manière décisive vers la mise en oeuvre" de l'accord conclu en Suisse, a souligné l'envoyé de l'ONU.

"Garanties sécuritaires

Le CICR va superviser le retour des prisonniers auprès de leurs familles.

"Cette libération soulagera les souffrances de nombreux détenus et de nombreuses familles qui attendent depuis si longtemps d'être réunies", a affirmé Fabrizio Carboni.

"En tant qu'intermédiaire neutre (...), nous sommes prêts à aider à la libération une fois que le plan de mise en oeuvre aura été approuvé", a-t-il poursuivi.

Le responsable du CICR a qualifié l'accord d'"étape très positive" mais a appelé les parties à s'entendre rapidement sur les étapes, les questions logistiques et les garanties sécuritaires afin que "cette opération (...) devienne réalité".

Selon M. Carboni, le CICR est "convaincu que cette libération (...) contribuera à renouveler des pourparlers de paix solides et valables".

M. Griffiths avait alerté mi-septembre sur des "combats intensifiés, des besoins humanitaires accrus et la pandémie de COVID-19 qui fait des ravages" au Yémen, qui "s'écarte de la route de la paix".

Les discussions avec les opposants Houthis et une délégation gouvernementale yéménite, en Suisse, le 27 septembre. 

Le chef de la diplomatie yéménite, Mohammed al-Hadhrami, a appelé à appliquer l'accord "sans retard".

Et les Houthis ont fait état, via leur chaîne Al-Massirah, de l'engagement des deux camps pour son application.

La coalition menée par l'Arabie saoudite a également salué cet accord.

"Nous le voyons d'un oeil positif", a déclaré son porte-parole, le colonel saoudien Turki al-Maliki, dans une conférence de presse à Ryad.

Il a souhaité voir cet accord "renforcer la confiance" entre les belligérants et aider à une paix globale au Yémen.

Selon le colonel Maliki, 15 soldats saoudiens et quatre soudanais font partie de l'échange.

Elisabeth Kendall, spécialiste du Yémen à l'Université d'Oxford, y voit "un pas positif", tout en estimant que l'"échange des prisonniers n'est pas de nature à combler le fossé entre les parties en conflit, pour que les négociations de paix puissent commencer".

Le nombre de détenus est "loin de celui convenu en Suède", a-t-elle souligné.

Le conflit au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, pour la plupart des civils, et entraîné ce que l'ONU décrit comme étant la pire crise humanitaire dans le monde.

"Nous nous réjouissons de nous réunir à nouveau très bientôt pour discuter de nouvelles libérations mais aussi, bien sûr, pour veiller à ce que cette libération se fasse rapidement, efficacement et de manière complète", a conclu M. Griffiths.


AFP/VNA/CVN

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