Le cochon, un animal sympathique pour une année généreuse! |
Photo: ST/CVN |
Une année de Cochon? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’habituellement, le cochon a mauvaise réputation. Manger comme un cochon n’est pas un signe de savoir-vivre. Être sale comme un cochon est loin d’être un compliment. Faire un travail de cochon n’exprime pas la marque d’une satisfaction. Être un vieux cochon, avoir une tête de cochon, avoir un caractère de cochon, autant de qualificatifs dont on se passe bien volontiers. Seul, être copain comme cochon peut nous réconcilier avec le porcin, au nom d’une amitié sans faille.
En réalité, le cochon, on l’apprécie surtout dans l’assiette. C’est vrai que le bougre a de quoi nous contenter: jambon, jambonneau, boudin, saucisse, saucisson, tripe, andouille, pâté de tête, pâté, côte, filet mignon, échine, travers, poitrine, palette, pied, queue, museau, oreille et… j’en oublie.
Alors, comment ce garde-manger sur pattes peut-il figurer parmi les 12 animaux protecteurs choisis par l’Empereur de Jade pour veiller sur nous?
Tour de cochon
Tout commence en ce temps-là, quand l’Empereur de Jade vit venir à lui le tigre, le phénix et le dragon. Ils se disaient persécutés.
L’Empereur leur dit: "Vous êtes considérés comme le roi de la montagne, le roi de l’eau et le roi de la forêt. Qui a donc l’audace de vous maltraiter?".
Les trois plaignants répondirent: "C’est l’homme. Il essaie par tous les moyens de nous tuer".
L’Empereur de Jade dit: "Eh bien, rentrez chez vous et informez vos vassaux qu’ils doivent venir attendre devant la porte sud du Palais céleste à la cinquième veille du matin! À mon signal, les 12 premiers à se présenter seront choisis comme symbole désignant l’année de naissance de l’homme. Ceux-là ne seront plus jamais persécutés par l’homme. Quant aux autres, je ne m’en occuperai pas".
Les trois animaux-rois se dépêchèrent d’aller informer leurs vassaux.
Aussitôt, ce fût la foire d’empoigne. Tous les animaux de la création se bousculant pour être présents au rendez-vous. Le porc, bien plus malin que l’on s’imagine, se dit qu’il avait fort peu de chances de faire partie des élus, vu sa réputation et son physique loin d’être celui d’un athlète. Il réussit à obtenir une audience de l’Empereur de Jade et lui expliqua qu’il fallait un arbitre pour juger de la valeur relative des différents animaux. L’Empereur y consentit…
Aussitôt, le cochon commença par faire enrager le tigre et le dragon en les plaçant derrière le rat et le bœuf. Ils firent un tel scandale qu’il fallut les apaiser. Le singe dessina sur le front du tigre le caractère "roi" (王) qu’il porte toujours pour lui confirmer son titre de souverain des animaux terrestres.
Quant au dragon, le coq, qui à l’époque portait des cornes, les lui offrit en guise de couronne et il fut consacré roi des animaux aquatiques.
C’était sans compter sur le culot incroyable du lièvre. Il sortit des rangs pour défier le dragon à la course. Celui-ci accepta, les deux adversaires allaient de front quand le lièvre se dirigea vers un bois.
Les nouvelles cornes du dragon se prirent dans les branchages et il perdit. Il en blâma le coq qui, vexé, exigea la restitution de son cadeau. Le dragon lui répondit qu’il lui rendrait les cornes quand le Soleil se lèverait à l’Ouest, et c’est depuis ce jour-là que le coq supplie tous les matins le Soleil de se lever de ce côté.
L'élevage porcin contribue à la lutte contre la pauvreté nationale. |
Photo: Vu Sinh/VNA/CVN |
Bon cochon
Le lièvre devait sa rapidité en partie au chien qui lui avait conseillé de couper sa queue autrefois longue. Après sa victoire sur le dragon, le chien vient le féliciter, espérant des remerciements. Mais, le lièvre lui dénia tout crédit dans sa victoire. Furieux, le chien le mordit et fut placé en queue de la série en punition.
Quant au porc, ayant achevé le classement des animaux, sans vergogne, il s’inscrivit lui-même en tête. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même! Il alla porter la liste à l’Empereur de Jade pour approbation. Mais, le Dieu avait eu vent des incidents et le dégrada à la dernière place en lui jouant un tour de cochon en quelque sorte.
Même en queue de peloton, notre Cochon, de Terre cette année, doit maintenant assumer ses responsabilités. Et, pour savoir à quoi s’attendre avec lui, quoi de mieux que de consulter tous ceux qui possèdent ce rare pouvoir de prédire l’avenir…
Et, cette année, j’ai décidé de prendre rendez-vous auprès d’un haruspice, spécialiste du pansula, cette spécialité qui consiste à décrypter notre futur dans les entrailles du porc. Je vous passe les détails de la mise en œuvre des "documents", et vous livre les résultats, présentés devant un succulent "Thit kho tô" (Porc au caramel).
Nous devons nous attendre à une année où toutes les qualités du cochon interviendront dans nos vies: honnêteté, tolérance, générosité, persévérance, courage et noblesse. Mazette! Rien que ça!
Et, comme c’est l’Année du Cochon de Terre, on y ajoute fortune et chance. Ben, mon cochon! En voilà, une année qui s’annonce bien. Amour, travail, finances, santé, ce sera le paradis sur terre. Autant de bonnes nouvelles me laissent coi et je me demande quand même si tout cela ne va pas tourner en eau de boudin. Bien entendu, le fait que mon haruspice amateur soit, avant tout charcutier, ne saurait être interprété comme une envie légitime d’écouler sa marchandise…
En tout cas, un qui doit se faire du mouron, c’est le cochon en céramique de ma fille. Pendant un an, il s’est engraissé à coup de "lì xì" (étrennes glissées dans de petites enveloppes rouges), cadeaux et autres récompenses et, bientôt, il devra en rendre raison sous le coup de marteau rituel qui le fera voler en éclat au grand plaisir des commerçants chez qui ma fille ira s’acheter autant de choses inutiles pour un adulte qu’indispensables pour un enfant.
À tous, je souhaite une superbe année de Cochon de Terre. Cochon qui s’en dédit!
Gérard BONNAFONT/CVN