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L'exposition du Met sur Versailles sera visible à New York jusqu'au 29 juillet. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Au départ, ce devait être un livre, construit sur les nombreux récits des Visiteurs de Versailles, diplomates, gentilshommes, artistes et écrivains venus du monde entier à Versailles entre 1682, date de l'installation de la cour de France, à 1789 et au retour forcé à Paris.
Mais Daniëlle Kisluk-Grosheide, chargée des sculptures et arts décoratifs européens au Met, et Bertrand Rondot, conservateur en chef au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, l'ont également décliné en exposition, visible jusqu'au 29 juillet.
Rendre la grandeur de Versailles hors les murs était un défi, que le Met relève avec des oeuvres de 53 origines différentes et en puisant dans sa propre collection.
Le musée new-yorkais propose une scénographie rappelant la succession des pièces et galeries de Versailles, les nervures du marbre, et joue sur l'audioguide, qui permet d'écouter certains récits de visites à la cour.
L'ouverture de Versailles et des palais royaux sur l'extérieur était "une tradition française", explique Daniëlle Kisluk-Grosheide, afin que "les sujets aient accès à leur roi".
Louis XIV souhaitait également montrer au monde ce qu'était devenu le modeste relais de chasse de son père. "C'était un calcul très politique", analyse la conservatrice.
"Ils aimaient particulièrement recevoir des étrangers, dit-elle, parce qu'ils allaient écrire (sur leur visite), comme aujourd'hui on tweete ou on poste sur Instagram".
Tout, du mobilier aux tapis, en passant par le marbre omniprésent, la vaisselle en porcelaine, dont sont exposés des exemplaires, sans oublier les jardins, était de nature à impressionner les visiteurs.
Les récits évoquent également le protocole rigide qui présidait aux activités de la cour.
Un visiteur raconte une visite d'ambassadeurs qui devaient faire trois révérences avant d'approcher le roi, puis devaient se retirer en reculant, face à lui, même lorsque le souverain ne les voyait plus.
Les écrits des visiteurs évoluent avec la montée de la philosophie des Lumières, explique Daniëlle Kisluk-Grosheide. À l'émerveillement inconditionnel succède la réserve, qui questionne "toute cette extravagance pour un seul homme", dit-elle.
Plus de deux siècles après le déménagement de la cour aux Tuileries, Versailles continue de fasciner, notamment aux États-Unis.
Pour la curatrice, les Américains s'intéressent à la royauté, qu'ils n'ont pas connue, mais aussi à l'art français, et ont un lien privilégié avec la France remontant au soutien lors de la guerre d'indépendance.
Aujourd'hui encore, dit-elle, Versailles "est un endroit pour rêver".