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Une délégation marocaine, composée de chercheurs, de professeurs d’université, d’écrivains et d’anciens combattants, a effectué fin mars une visite au Vietnam dans le cadre des activités de célébration du 56e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques Vietnam-Maroc (27 mars).
L'ambassadeur du Maroc au Vietnam, Azzeddine Farhane (1er à droite) et plusieurs membres de la délégation marocaine ont visité le 28 mars la porte du Maroc, basée à Ba Vi (Hanoï), un témoin de la solidarité Vietnam-Maroc. |
Photo : Bùi Phuong/CVN |
À cette occasion, Azzeddine Farhane, ambassadeur du royaume du Maroc au Vietnam, El Mostafa El Ktiri, haut commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l’Armée de libération marocaine, et Abdallah Saaf, directeur du Centre marocain d’études et de recherches en sciences sociales (CERSS) et Professeur à l’Université Mohammed V, ont chacun accordé une interview au Courrier du Vietnam à propos des liens bilatéraux d’hier et d’aujourd’hui.
Des liens bilatéraux au beau fixe
Azzeddine Farhane, ambassadeur du royaume du Maroc au Vietnam
Les relations bilatérales Vietnam-Maroc sont au beau fixe. Les deux pays ont signé et mis en œuvre 16 accords de coopération. Ils ont établi un Comité mixte et organisent des consultations politiques régulières. Deux mémorandums viennent d’être signés à Hanoï entre des universités et centres de recherches vietnamiens et marocains. Le premier concerne l’Institut d’études sur l’Afrique et le Moyen-Orient de l’Académie des sciences sociales du Vietnam et le Centre marocain d’études et de recherches en sciences sociales. Je suis très heureux d’avoir travaillé d’arrache-pied sur ce projet.
Ce mémorandum va ouvrir des voies de coopération entre les deux organismes signataires ainsi qu’entre cet Institut vietnamien et d’autres instituts marocains. Le 2e mémorandum a été signé entre l’Université nationale de Hanoï et l’Université Mohammed V du Maroc. Nous avons eu aussi des discussions très riches, importantes et intenses entre les deux présidents de ces universités, et des projets seront démarrés entre les deux établissements. Ce rapprochement entre les centres de recherches et les universités des deux pays va permettre de renforcer davantage les relations bilatérales.
Avant ces signatures, un séminaire sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam a été organisé le 27 mars à Hanoï. L’événement a regroupé des académiciens, ambassadeurs, historiens et chercheurs qui ont abordé trois thématiques : les relations historiques Maroc-Vietnam, un vecteur pour renforcer des relations bilatérales ; la signification historique et culturelle de la porte du Maroc (une construction réalisée par des Marocains entre 1956-1960 dans le district suburbain de Ba Vi à Hanoï, ndlr) ; et le développement des programmes de recherches académiques.
Les chercheurs vont continuer d’étudier la mémoire partagée, l’héritage culturel commun entre les deux pays qui, malgré l’éloignement géographique, sont très proches intellectuellement et sur le plan des relations historiques. Le séminaire a été suivi d’une visite de la porte du Maroc - une œuvre d’anciens combattants marocains au style architectural purement marocain.
Des relations appelées à se renforcer
Le Docteur El Mostafa El Ktiri, haut commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l’Armée de libération marocaine
C'est ma 4e visite de travail au Vietnam. La première fois, c’était au lendemain de la conclusion de l'Accord de coopération et de partenariat entre l'Association des vétérans de guerre vietnamiens et le Haut commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l'Armée de libération marocaine. Je trouve que le Vietnam est un pays émergeant, un pays en voie de développement. Malgré l’éloignement géographique, il y a bien des points communs entre nos deux pays.
Nos relations bilatérales sont appelées à se renforcer, à se développer dans tous les domaines d'intérêt commun. Et je pense qu'il est important pour nous de diffuser, de vulgariser notre mémoire historique partagée qui est riche et qui constitue une base solide pour toute coopération bilatérale dans le présent et dans l'avenir. C'est la raison pour laquelle avec nos partenaires vietnamiens, nous essayons d'élargir les champs de coopération en partant bien sûr de la mémoire historique partagée pour permettre aux générations de mon temps et à la jeunesse actuelle de connaître cette histoire commune afin qu’elle constitue le socle d’une coopération bilatérale en matière politique, diplomatique, économique et socio-culturelle.
Nous venons de créer une Association d'amitié Maroc-Vietnam. Nous attendons aussi la naissance au Vietnam d’une Association d'amitié Vietnam-Maroc. Nous sommes convaincus que les relations entre les deux pays seront excellentes et exemplaires.
L’importance de la coopération universitaire
Abdallah Saaf, directeur du Centre marocain d’études et de recherches en sciences sociales (CERSS) et Professeur à l’Université Mohammed V
La coopération universitaire revêt une importance particulière. Elle permet une connaissance meilleure des deux pays, de croiser les regards et d’échanger des informations. Elle ouvre la voie à des travaux en commun qui peuvent bénéficier aux uns et aux autres. Un partenariat entre le Centre marocain d’études et de recherches en sciences sociales que je dirige et l’Institut d’études sur l’Afrique et le Moyen-Orient de l’Académie des sciences sociales du Vietnam vient d’être signé. J’ai assisté aussi à Hanoï à la conclusion d’une convention de partenariat entre l’Université nationale de Hanoï et l’Université Mohammed V du Maroc. Je crois que c’est une pierre stratégique dans la coopération bilatérale.
Le séminaire sur les relations historiques entre le Maroc et le Vietnam organisé à l’Université des sciences sociales et humaines du Vietnam (le 27 mars à Hanoï, ndlr) a été une rencontre très importante parce qu’elle a tourné autour d’un sujet qui n’existe nul par ailleurs entre le Vietnam et un autre pays. On a discuté de la communauté marocaine au Vietnam, un espace où la mixité s’est affirmée avec force.
En effet, pendant la guerre d’Indochine, de jeunes Marocains ont été amenés au Vietnam par le corps expéditionnaire français. Certains d’entre eux ont rallié le Viêt Minh (Front pour l’indépendance du Vietnam, ndlr) et ont même fondé des familles avec des Vietnamiennes. Les enfants nés de ces unions perpétuent cette mixité. C’est une chose unique et exceptionnelle entre nos deux pays. Ces familles biculturelles se perpétuent avec un ancrage vietnamien très fort et un ancrage marocain encore plus fort, et c’est une belle rencontre à mon avis.