Ces dernières années, la France est le premier investisseur européen au Vietnam. L'année dernière, une Semaine française a été organisée avec succès au Vietnam. Y-aura-t-il un autre événement de cette importance pour cette année ?
La présence économique et commerciale française au Vietnam est solide et s'inscrit dans la durée. Comme vous le soulignez, la France, qui compte aujourd'hui près de 300 entreprises implantées sur le territoire, se maintient parmi les premiers investisseurs européens avec un stock d'investissements directs étrangers (IDE) de près de trois milliards de dollars en 2010. Elle est en outre le premier bailleur européen en termes d'aide publique au développement.
La tenue de la première réunion du Haut Conseil pour le développement de la coopération économique entre le Vietnam et la France et la Semaine française, organisée fin 2010 en marge des festivités du Millénaire de Thang Long-Hanoi, ont été une illustration de la force des liens qui unissent nos deux pays. À cette occasion, un forum d'affaires et une exposition multisectorielle, inaugurés par Pierre Lellouche, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur et Cao Viêt Sinh, vice-ministre permanent du Plan et de l'Investissement, ont permis à près de 160 compagnies françaises de rencontrer des entreprises vietnamiennes et de créer des partenariats. Environ 4.000 visiteurs sont venus rencontrer les exposants français ou participer au colloque sur le thème de la ville du futur.
Toutefois, les chiffres de notre commerce bilatéral et de la présence française au Vietnam sont en-deçà de l'ambition qu'autorités françaises et vietnamiennes portent conjointement pour nos deux pays. La France était en 2010 le 14e fournisseur et le 19e acheteur du Vietnam. Il s'agit de performances insuffisantes au regard de la densité de nos échanges politiques et culturels, et je pense que nous pouvons mieux faire, notamment dans les domaines où la technologie et le savoir faire français sont reconnus, comme l'énergie, l'aéronautique et le spatial, l'environnement, l'agro-industrie et les transports (notamment urbains)…
Le renforcement des liens économiques entre nos deux pays est un travail de fond dans lequel nous sommes engagés tout au long de l'année. La fin de l'année 2011 verra se tenir à Paris la deuxième réunion du Haut Conseil rénové et on compte mobiliser des entreprises vietnamiennes afin de renforcer les flux entre nos deux pays dans des secteurs porteurs tels que l'agroalimentaire, le textile ou le tourisme. Cet évènement s'ajoute aux initiatives de la Chambre de Commerce et d'Industrie Française au Vietnam (CCIFV) et à la vingtaine de manifestations collectives sectorielles organisées cette année au Vietnam par UBIFRANCE, qui mobiliseront au total environ 250 compagnies françaises et plus de 1.500 entreprises vietnamiennes. Pour 2012, UBIFRANCE a d'ores et déjà programmé près de 25 événements collectifs au Vietnam, dans les secteurs porteurs de l'offre française.
Enfin, la 9e session du Forum économique et financier franco vietnamien, co-organisé par l'Adetef et le ministère du Plan et de l'Investissement, aura lieu en décembre prochain à Hanoi. Les études réalisées par des experts français et vietnamiens sur les enjeux économiques et sociaux de la périurbanisation au Vietnam seront présentées au cours de cet évènement. Leurs conclusions seront exposées au Premier ministre et feront l'objet d'une publication.
Concernant la coopération dans la culture et le tourisme, lors de la récente visite en France du ministre vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme, Hoàng Tuân Anh, les deux pays se sont montrés unanimes quant au fait d'organiser l'Année vietnamienne en France et l'Année française au Vietnam. Pourriez-vous nous en parler en détail ?
L'année 2013 marquera une date importante et symbolique pour l'histoire de nos deux pays. Afin de célébrer ce quarantième anniversaire de nos relations diplomatiques, les gouvernements français et vietnamien ont donné leur accord de principe pour que soit organisée une année France-Vietnam, mettant en valeur tous les aspects de notre partenariat politique, économique et culturel.
Lors de sa visite récente en France, en mai 2011, le ministre vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme, Hoàng Tuân Anh, a rencontré Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères et européennes ainsi que son homologue français, Frédéric Mitterrand. Ces différents entretiens ont été l'occasion de décider de l'organisation de "saisons culturelles croisées" de quelques mois. Ces saisons donneront lieu à diverses manifestations, expositions, spectacles, en France comme au Vietnam, dont la programmation est en cours d'élaboration.
Des échéances politiques importantes devraient également jalonner cette année France-Vietnam, avec notamment la tenue des 9es Assises de la coopération décentralisée à Brest en 2013. Nous attendons également de nombreuses visites bilatérales de haut niveau, dans les deux sens.
Sur le plan économique, plusieurs évènements se tiendront en 2013. Nous veillerons à cibler les grands secteurs porteurs de la relation bilatérale. Il s'agira donc de mettre en place des manifestations qui permettront à nos entreprises d'accroître leurs parts de marché dans les domaines où elles sont le plus performantes tout en contribuant au développement technologique du Vietnam.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur la participation française au Festival de Huê qui aura lieu l'année prochaine ?
La France sera de nouveau, en 2012, le principal partenaire du Festival de Huê, répondant ainsi au souhait de la province.
Des collectivités territoriales, dont la région Poitou-Charentes et la ville de Rennes ainsi que l'Institut français participeront à l'organisation de diverses manifestations.
Ainsi, la région Poitou-Charentes a mandaté Philippe Bouler, partenaire de longue date de ce festival pour piloter la mise en œuvre d'un programme ambitieux dont l'évènement phare sera la mise en lumière de sites le long de la rivière des parfums à l'aide de bougies géantes. Ce dispositif s'accompagnera d'une animation-spectacle opérée par la Compagnie Carabosse.
De nombreux concerts seront en outre organisés: l'Ensemble de jazz E.GO avec l'appui de Poitou-Charentes ; un récital du chanteur Français Audrain coproduit par la ville de Rennes avec des enfants de Huê ; l'Ensemble de musique de chambre Stradivaria dans l'enceinte du Palais impérial, grâce au soutien de la Région Pays de Loire pour les transports internationaux ; le groupe de rock Smooth dans le palais An Dinh ainsi qu'un groupe d'Afrique subsaharienne encore à déterminer.
Comme vous le voyiez, la participation française à la programmation de ce festival sera donc impor- tante et diversifiée puisque différents arts de la scène et styles musicaux seront à l'honneur.
Au-delà de ce festival, permettez-moi également de vous dévoiler une partie de la riche programmation de l'Institut français fin 2011 et en 2012, qui contient des manifestations d'un caractère exceptionnel.
Telle sera le cas notamment de l'invitation de danseurs étoiles de l'Opéra de Paris les 10 et 11 octobre prochain pour célébrer avec le ballet national du Vietnam le centenaire de l'Opéra de Hanoi. Tel sera encore le cas, dans le cadre de ces célébrations, du grand concert lyrique et symphonique qui sera organisé le 11 novembre prochain avec l'orchestre philharmonique du Vietnam et les chœurs de l'Académie nationale de musique du Vietnam placé sous la direction du chef Gérard Akoka.
Je pourrais ajouter encore la production, en décembre, avec le Théâtre national du Vietnam, de la pièce Andromaque de Jon Fosse mise en scène par Jean-Marie Lejude ou encore la tournée à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville en avril 2012 du chœur des enfants de l'Opéra de Paris qui donneront des représentations de "L'enfant et les sortilèges" de Ravel.
Concernant le volet culturel de l'action de la France au Vietnam, je terminerai en soulignant que l'Institut français de Hanoi et notre réseau culturel à Hô Chi Minh-Ville et Huê organisent annuellement en moyenne quatre-vingt manifestations artistiques, une soixantaine de rencontres-débats et 120 projections de films français récents.
Le projet VALOFRASE a obtenu des résultats encourageants. Pourriez-vous nous informer de l'évolution de ce projet dans le futur ?
Le projet VALOFRASE (Valorisation du français en Asie du Sud Est) a en effet atteint depuis sa mise en place des résultats satisfaisants. On compte encore aujourd'hui environ 500 classes bilingues au Vietnam qui réunissent 14.000 élèves. La France tient à cette filière d'excellence qui permet de former un petit nombre de jeunes gens et jeunes filles, vraiment francophones et qui seront porteurs, en bonne partie, des liens entre les deux pays dans l'avenir.
Par l'intermédiaire de VALOFRASE, diverses actions ont été entreprises, des dotations ont été faites dans les lycées, les écoles primaires. Le projet permet également de financer la formation continue des enseignants soit en France, soit sur place au Vietnam. Il permet également aux partenaires de la francophonie de coopérer de manière plus efficace.
Concernant plus spécifiquement les orientations de VALOFRASE, un Comité régional de pilotage du projet a eu lieu à Hô Chi Minh-Ville les 23 et 24 juin 2011, réunissant les ministères de l'éducation du Cambodge, du Laos et du Vietnam ainsi que les bailleurs de fonds que sont les ambassades de France de ces trois pays, l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), l'Agence universitaire de la francophonie (AUF), la délégation de la Wallonie-Bruxelles, et le ministère des Relations internationales du Québec, représenté par la Centrale des syndicats du Québec.
À cette occasion, la France a annoncé qu'elle maintiendrait son soutien avec d'une part, un nouveau FSP (Fonds de solidarité prioritaire) dénommé "Consolidation de l'enseignement du français en Asie du Sud-Est" (CEFASE) d'un montant de 900.000 euros, auxquels s'ajoutera un montant équivalent sur les enveloppes budgétaires des trois postes impliqués par ce FSP, Hanoi, Vientiane et Phnom Penh.
Tous les partenaires se sont également accordés sur la nécessité de signer un nouveau mémorandum commun rédigé dans ses grandes lignes durant cette rencontre. À l'initiative de l'OIF, une cérémonie de signature sera proposée à Paris avant la fin de l'année 2011.
Réalisé par Huong Giang/CVN