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L’ambassadeur de France au Vietnam, Nicolas Warnery. |
Photo : CPV/CVN |
Nicolas Warnery, votre mandat d’ambassadeur de France au Vietnam marque votre retour dans ce pays. Quels sont vos sentiments sur notre pays et notre peuple à l’occasion de ce retour ?
Je suis très heureux d’être de retour au Vietnam 12 ans après l’avoir quitté. Le pays s’est beaucoup transformé, modernisé, mais je lui trouve toujours le même dynamisme, la même envie d’avancer et les mêmes liens avec la France.
Monsieur l’ambassadeur, pourriez-vous dresser un bilan des réalisations de la coopération franco-vietnamienne ces dernières années ? Quelles sont les perspectives de coopération entre nos deux pays pour l’année 2020 et plus globalement pour votre mandat ?
Nous avons une coopération et une histoire ancienne et depuis quelques années un partenariat stratégique qui donne une densité particulière à ces relations.
Ces dernières années, nous avons eu beaucoup de visites politiques de très haut niveau qui ont permis de lancer des projets très importants dans nos relations bilatérales.
Nos projets consistent précisément à développer ce partenariat stratégique, premier pilier de notre coopération, à le densifier en matière politique, de défense et de sécurité.
Le développement et la coopération constituent le second pilier de notre relation. Notre priorité, dans ce domaine, est la lutte contre les effets négatifs du changement climatique et la protection de l’environnement.
La France souhaite aider le Vietnam à lutter contre l’érosion côtière, l’enfoncement des deltas du fleuve Rouge et du Mékong, ainsi que l’augmentation de la salinité des fleuves qui en découle et qui affecte l’agriculture de cette région. Ce défi climatique, nous l’envisageons des activités de recherche de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) jusqu’aux interventions de l’AFD (Agence française de développement). Avec l’AFD, un milliard d’euros vont être dépensés dans les cinq ans à venir, en s’appuyant sur une stratégie dite "100% Accords de Paris", c’est-à-dire toute entière tournée vers la protection de l’environnement. Nous menons cette action de protection de l’environnement à la fois à titre bilatéral et dans le cadre européen.
Nous avons aussi des coopérations très importantes en matière universitaire, médicale, de recherche et de francophonie.
En matière universitaire, nous avons par exemple deux projets majeurs : celui d’une Université européenne de management et l’Université des sciences et des technologies de Hanoï qui a fêté ses dix ans il y a quelques semaines et qui est un projet emblématique. Nous voulons aider cette université France-Vietnam à murir et grandir puisqu’elle est finalement encore assez jeune.
Nous coopérons aussi tout particulièrement avec la ville Hanoï, où se développent des projets structurants et stratégiques. C’est un sujet en soi. Par exemple, la ligne 3 du métro sera inaugurée en 2020 et sa mise en service aura lieu en 2021. Le second axe de nos projets dans la capitale vietnamienne concerne la protection de l’environnement, la lutte contre la pollution atmosphérique et ce qui se rapporte au schéma de développement de transports propres. La France travaille aussi sur les projets d’agrandissement de l’aéroport de Hanoï et de construction d’un marché de gros non loin de l’aéroport. Elle participe également au développement de la "smart city", c’est-à-dire l’adaptation de la ville aux nouvelles technologies, avec la création de zones de start-up par exemple. Enfin, je citerai le projet emblématique et très symbolique qu’est la restauration du pont de Long Biên.
J’en viens au troisième pilier, le pilier économique. Nous aidons un certain nombre d’entreprises françaises qui présentent des projets importants en matière de transport, d’énergie, d’adduction d’eau ou encore dans la pharmacie et l’agroalimentaire. Au-delà du secteur public, il y a de très nombreux projets d’entreprises de toute taille dans le vaste secteur privé vietnamien qui développe ses relations économiques avec le reste du monde. Les entreprises françaises veulent développer leurs relations avec ce secteur privé vietnamien.
En 2020, le Vietnam a l’honneur d’assumer une double mandature de présidence de l’ASEAN et de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unis. Quels sont les axes de coopération recommandés pour ce que cela soit un succès ?
Le Vietnam est entré au Conseil de sécurité et l’a immédiatement présidé pour un mois et en même temps il asume présidence de l’ASEAN pour un an. La conjugaison de ces deux mandats est très importante pour lui.
En effet, ces deux mandats internationaux vont se renforcer mutuellement. Le Vietnam va jouer un rôle classique de membre du Conseil de sécurité comme il l’a déjà fait fort bien à l’occasion de l’organisation d’un évènement autour du 75e anniversaire de la Charte des Nations unies. Et en même temps, il va pouvoir défendre le système des Nations unies, le multilatéralisme, le respect du droit international, positions sur lesquelles nous sommes exactement sur la même ligne.
Il va aussi pouvoir travailler sur le renforcement du rôle des associations régionales, notamment l’ASEAN, au sein des Nations unies.
Nous nous réjouissons de ce double partenariat d’une part, en tant que membre permanent nous sommes au Conseil de sécurité, et d’autre part, car la France souhaite devenir un partenaire-clef de l’ASEAN et espère à la faveur de cette présidence 2020 y parvenir.
L’ASEAN est au centre de cette vaste zone indopacifique que nous souhaitons stable, prospère, bien connectée avec une liberté de circulation et sans conflits.
À l’occasion du Nouvel An lunaire, pourriez-vous partager avec nos lecteurs vos souvenirs sur le Têt au Vietnam ?
Lors de mon premier séjour, j’avais fêté le Têt à Dà Lat (province de Lâm Dông, hauts plateaux du Centre) en famille, puis à Phan Thiêt (province de Binh Thuân, Centre), et, enfin, seul à Hô Chi Minh-Ville (Sud), où j’avais découvert une ville beaucoup plus calme que d’habitude. Cette année, j’ai fêté le Têt à Hanoï et vu la ville sous un jour nouveau, sans sa trépidation habituelle.
J’ai un très bon souvenir du Têt à Dà Lat. Nous étions en famille et nous cherchions un endroit pour déjeuner et tout était fermé. Malgré tout, un restaurant nous a gentiment accueillis comme ses seuls clients et nous avons mangé le même repas que la famille qui fêtait le Têt juste à côté.
CPV/VNA/CVN