Vietnam - États-Unis : les ambassadeurs de l’éducation

Feu le sénateur américain William Fulbright a fondé le programme de bourses Fulbright visant à promouvoir la paix et la compréhension par les échanges éducatifs. Bilatérale par essence, cette initiative a fortifié l’amitié entre les peuples, dont celle entre les États-Unis et le Vietnam.

>>Coopération culturelle et éducative, une passerelle d’amitié vietnamo-américaine

Le Professeur américain Herbert Covert (gauche) et son collègue vietnamien Lê Khac Quyêt lors d’une visite sur le terrain.
Photo : NVCC/CVN

Le Pr. Herbert Covert, de l’université du Colorado à Boulder (États-Unis), est l’un des premiers ambassadeurs de l’éducation du programme Fulbright au Vietnam, rendu possible depuis que les deux pays ont normalisé leurs relations en 1995. Cet Américain est venu au Vietnam comme intervenant dans ce programme en 2001 et en 2009, mais ce n’était pas sa première fois au pays de l’Oncle Hô.

Passion de la science

Les expériences au Vietnam du Pr. Covert ont débuté en 1998, lorsqu’il travaillait avec ses collègues vietnamiens à l’Université des sciences naturelles de Hanoï et à l’Institut de biologie tropicale. Ils collaboraient pour réaliser une inspection et des études biologiques dans plusieurs parcs nationaux et réserves naturelles du pays.

"En 1998, lors de ma première arrivée, le Vietnam était encore un +ennemi+ aux yeux des Américains, en raison d’oppositions liées au système politique et à l’idéologie, notamment. Pourtant, en mettant les pieds dans ce pays, j’ai été chaleureusement accueilli par ses habitants, surtout par mes collègues à l’Université des sciences naturelles. Ils m’ont adressé des sentiments sincères et tout de suite intégré au sein de leur communauté de chercheurs. Nous nous sommes attachés par une passion ardente et commune pour la science. Tous ces éléments m’ont rapproché davantage avec le Vietnam", a-t-il confié.

Une vingtaine d’années se sont écoulées mais dans la mémoire de ce scientifique américain, ses émotions restent inoubliables, notamment celles qu’il a ressenti quand un rhinopithèque (singe à nez retroussé) est apparu, pour la première fois de sa vie, devant ses yeux. C’était un frais matin de juin, dans les montagnes de la province de Hà Giang, où Covert suivait les pas de son collègue vietnamien, le Dr. Lê Khac Quyêt, sur leur parcours à la recherche des populations de primates typiques dans les forêts du Nord-Ouest. Lê Khac Quyêt deviendra plus tard directeur adjoint du Centre de réserve de la biodiversité et des espèces en danger.

"M. Quyêt m’a dit : +Vous êtes le tout premier étranger à avoir vu cette espèce de primate+. Les années ont passé mais en y repensant, je suis vraiment fier", a partagé M. Covert.

Selon lui, la coopération dans le milieu académique constitue un des éléments clefs du rapprochement entre les deux pays, permettant aux chercheurs de découvrir de nouvelles visions et de créer des liens humains forts.

Plus d’une vingtaine d’années d’aller-retour entre les deux nations ont apporté au Pr. Covert de belles amitiés avec les scientifiques vietnamiens. Plusieurs d’entre eux sont devenus pionniers dans la conservation naturelle et l’étude de la biodiversité au Vietnam.

Trân Duc Canh (droite) et l’ancien secrétaire d'État des États-Unis, John Kerry, lors de sa visite au Vietnam en 2016.
Photo : Archives/VNA/CVN

Officialisation

Du côté du pays du Dragon, un des personnages qui ont également contribué considérablement à cette passerelle entre les deux pays est Trân Duc Canh, actuel membre du Comité national de l’éducation et du développement des ressources humaines pour la période 2016-2021.

Né dans la province de Khánh Hoà (Centre), Canh est parti s’installer aux États-Unis en 1975 quand il avait 19 ans. Il s’est formé dans plusieurs domaines, de l’ingénierie à l’économie, avec une spécialité en économie de travail.

Après son parcours académique, l’homme a manifesté un grand intérêt pour des études approfondies en ressources humaines. À ce titre, il a apporté de considérables contributions en matière de gouvernance au sein de l’État du Massachusetts. Il était en charge de divers sujets d’intérêt général tels que les allocations sociales, l’alimentation, la santé, le logement, l’emploi ainsi que la formation des ressources humaines.

Pendant plus d’une dizaine d’années, Trân Duc Canh s’est efforcé d’intensifier la coopération et les échanges éducatifs entre le Vietnam et les États-Unis. Cet ancien consultant du Comité d’admission de l’université Harvard se souvient encore des premiers jours où son groupe souhaitait déployer le programme Fulbright au Vietnam.

"À ce moment-là, les deux pays ne normalisaient pas encore leurs relations. Nous avons dû nous tourner vers l’université Harvard, comme un acteur privé intermédiaire, qui faciliterait l’accès officiel à une formation américaine au Vietnam", a raconté M. Canh.

L’ancien ambassadeur du Vietnam aux États-Unis, Nguyên Quôc Cuong (gauche), lors d’une rencontre avec l’ancien président américain Barack Obama.
Photo : NVCC/CVN

Briser la glace

L’ancien ambassadeur du Vietnam aux États-Unis, Nguyên Quôc Cuong, percevait bien que ces échanges dans l’éducation progressaient au fur et à mesure et permettaient d’estomper peu à peu la méfiance entre les deux anciens ennemis.

Durant sa mission de 2011 à 2014, M. Cuong était le quatrième ambassadeur vietnamien depuis la fin de la guerre mais c’était le premier à avoir obtenu la bourse Fulbright pour faire ses études aux États-Unis.

Depuis 1992, environ 600 Vietnamiens sont bénéficiaires de cette bourse, considérée comme l’une des plus largement reconnues et prestigieuses dans le monde. Un grand nombre d’entre eux occupe actuellement des positions avancées dans les organismes de l’État ou travaille dans des instituts de recherche, de grandes entreprises publiques ou privées au Vietnam.

"D’une façon générale, les programmes de coopération éducative ou sanitaire entre les deux pays au début des années 1990 sont apparus comme des premiers pas importants de la diplomatie populaire. Ils ont contribué de manière significative à apaiser les relations glacées, les tensions et la méfiance qui séparaient les deux peuples, pour qu’ils réussissent à normaliser relations en 1995", a constaté M. Cuong.

Au moment où ce dernier occupait encore la fonction d’ambassadeur aux États-Unis, environ 16.000 étudiants vietnamiens se répartissaient partout dans les États de ce pays. Une demi-décennie plus tard, ce chiffre a presque doublé, avec plus de 30.000 étudiants. Le Vietnam est devenu le pays de l’ASEAN envoyant le plus grand nombre d’apprenants aux États-Unis.

"Avec d’autres jeunes qui font leurs études partout dans le monde entier, cette génération deviendra certainement une source importante, constituant un des éléments cruciaux au service du développement du pays dans l’avenir", a affirmé l’ancien ambassadeur.

Hông Anh - Dang Thu/CVN

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