Vietnam, cible favorite des grands distributeurs aséaniens

Depuis 2015, le marché des fusions-acquisitions au Vietnam est très dynamique, en particulier dans le secteur de la vente au détail. Les groupes thaïlandais s’intéressent beaucoup au marché vietnamien et y investissent massivement.

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La création de la Communauté économique de l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est), le 31 décembre 2015, a entraîné la suppression de la majorité des barrières tarifaires et aboutira à une ouverture complète du marché de la grande distribution.

Big C Vietnam a a été racheté par Central Group de Thaïlande.
Photo : Vu Sinh/VNA/CVN

En 2015, Central Group, premier groupe de grande distribution en Thaïlande, a racheté le réseau de supermarchés vietnamiens de matériel électronique Nguyên Kim, moyennant près de 100 millions de dollars. Ensuite, en 2016, le groupe français Casino - propriétaire de l’enseigne Big C, la plus grande chaîne de supermarchés du Vietnam - s’est retiré après 18 ans de présence, en cédant son réseau à Central Group à hauteur de 1,05 milliard de dollars. Puis, une autre grande opération dans le secteur de la vente au détail a été réalisée par ce groupe thaïlandais qui a racheté récemment la compagnie d’e-commerce Zalora Vietnam et Zalora Thaïlande, pour 10 millions de dollars.

Les activités de Central Group au Vietnam font de plus en plus d’ombre à la concurrence avec quatre centres commerciaux Robins, 27 magasins de sports SuperSports, 30 boutiques de mode Crocs et New Balance, un hôtel, 21 supermarchés d’électroménager Nguyên Kim, un site d’e-commerce et l’enseigne de supermarchés Lan Chi Mart, avec 13 grandes surfaces.

Dans le même temps, au 3e trimestre de l’année 2016, un autre groupe du milliardaire thaïlandais Charoen Sirivadhanabhakdi, TCC, a achevé les formalités relatives au rachat de 19 centres de vente en gros et des biens immobiliers du groupe Metro Cash & Carry au Vietnam, cumulant une valeur totale de 655 millions d’euros (848 millions de dollars). Le groupe Metro, numéro 4 mondial de son secteur, avait ouvert son premier magasin d’entrepôt au Vietnam en 2002. Selon les estimations, sa filiale représente actuellement 22% des parts de marché de la vente au détail du pays.

Auparavant, en 2013, BJC, une filiale du groupe TCC, avait fait l’acquisition de la chaîne d’épiceries FamilyMart, une coentreprise entre le groupe Phu Thai et la société japonaise Itochu. L’enseigne avait été rebaptisée «B’smart», avec environ 95 magasins dans le pays. Actuellement, ce groupe a prévu d’injecter 31,2 millions de dollars pour l’ouverture de 205 nouveaux magasins courant 2018. Ces deux concessions de Big C et Metro marquent l’arrivée en force des géants thaïlandais au Vietnam dans le secteur de la grande distribution.

Des investisseurs mis en confiance

Selon Pham Hông Hai, directeur général de la Banque HSBC Vietnam, d’ici cinq ans, les entreprises aséaniennes auront une forte tendance à investir au Vietnam. «L’environnement de l’investissement y est plus favorable que dans d’autres pays membres de l’ASEAN, avec sa stabilité politique et macroéconomique, sa main-d’œuvre peu coûteuse ou encore les mécanismes gouvernementaux sur l’investissement», a-t-il expliqué.

À l’instar des investisseurs étrangers, les détaillants domestiques tirent profit des opportunités offertes par la Communauté économique de l’ASEAN. Exemple avec Pico et Le Monde du Mobile (MWG), deux détaillants vietnamiens qui ont établi un vaste plan d’investissement sur le marché du Sud-Est asiatique. Leur volonté d’expansion est toutefois ralentie pour conforter leur position sur le marché intérieur face à la présence des concurrents étrangers.

Il y a deux ans, l’enseigne d’électroménager Pico a sondé le Myanmar, estimant que ce pays est un marché potentiel. Mais, les barrières politiques et le manque de transparence de la politique d’ouverture ont finalement eu raison du retard dans le déploiement de son projet sur ce marché.

«Le Vietnam reste toujours un marché stratégique pour notre entreprise. Dans notre stratégie de développement, nous avons donné la priorité au renforcement et à l’élargissement de notre réseau sur le marché domestique», a fait savoir Trinh Duc Tuân, vice-directeur général de Pico.

La société MWG tente, quant à elle, d’étendre son activité dans d’autres pays de l’ASEAN. Mais ce n’est pas si simple, comme l’a expliqué Trân Kinh Doanh, son directeur général : «Nous visons la zone Asie du Sud-Est, un marché potentiel pour nos produits. L’environnement des affaires du Laos et du Myanmar n’est pas vraiment ouvert, tandis que celui du Cambodge est opaque et peu favorable. Investir dans cette zone reste encore à l’état expérimental». Et d’ajouter, concernant le Vietnam : «Même si le groupe vietnamien Nguyên Kim a été repris par Central Group, cela ne change pas grand chose concernant les parts de marché dans la distribution des produits électroménagers».

Au mois de juin 2017, MWG recensait 1.527 magasins. Dans le futur, il compte opérer des fusions-acquisitions sur certaines entreprises septentrionales. Sa cible immédiate ? Le réseau de magasins d’électroménager Trân Anh, qui possède 39 magasins dont 9 à Hanoï.


Vân Du/CVN

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