Plusieurs projets ne sont pas conformes aux conditions réelles et/ou posent problème pour l'environnement et la société. Dô Duc Quân, chef adjoint du Département de l'énergie (ministère de l'Industrie et du Commerce-MIC), a accordé une interview au portail électronique du gouvernement sur cette question.
* Pourriez-vous parler de l'aménagement des projets de construction des centrales hydroélectriques de petite et moyenne envergure ?
Le Vietnam dispose de forts potentiels concernant le développement des centrales hydroélectriques. En particulier dans les régions du Nord-Ouest, du Centre et des hauts plateaux du Centre. Le développement des centrales hydroélectriques de petite taille est adéquat dans le contexte actuel. Et cela est prioritaire dans les stratégies et politiques du développement énergétique élaborées par le gouvernement.
Jusqu'à maintenant, 1.021 projets de construction des centrales hydroélectriques ont été adoptés. Ils représentent une capacité de 24.246 MW. Sur ce chiffre, 883 projets sont dits "de petite taille". Ces derniers se trouvent essentiellement dans les provinces de Lai Châu, Son la, Hà Giang, Cao Bang, Nghê An, Quang Nam, Gia Lai, Kon Tum, Lâm Dông et Thanh Hoa. La province de Lào Cai recense à elle seule 110 projets de ce type.
* Mais le développement "chaud" des projets de centrales hydroélectriques de petite et moyenne envergure est à l'origine de nombreuses inquiétudes quant au risque de "destruction de l'aménagement" ?
Par rapport aux prévisions sur le développement hydroélectrique dans l'ensemble du pays, on recense aujourd'hui 540 projets supplémentaires, avec un surplus de la capacité installée de plus de 4.300 MW. C'est excessif. En réalité, les Comités populaires provinciaux délivrent plutôt aisément la licence d'investissement pour la construction des centrales de petite taille. Raison pour laquelle l'aménagement des projets a dû être rajusté régulièrement.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce demande toujours aux maîtres d'ouvrage de bien évaluer l'aménagement des centrales de petite taille par rapport aux autres types d'aménagement dans les localités comme le développement socio-économique, l'utilisation des terres et des ressources en eau, en prenant compte les facteurs pour la défense nationale, le développement des forêts et la préservation de l'environnement. Certains projets ne respectent toujours pas les règlements sur la protection de l'environnement et la qualité de certains ouvrages ainsi que la sécurité pour les barrages ne sont parfois pas garanties. Face à cette situation, le MIC a demandé aux maîtres d'ouvrage de rééchelonner la construction de certains projets.
* Les experts jugent que la délivrance sur un court laps de temps de la licence de construction des centrales hydroélectriques de petite taille ne peut pas tenir compte des impacts négatifs vis-à-vis de l'environnement et de la société, voire pire, que cela pourrait détruire l'aménagement général. Votre avis ?
C'est vrai. Actuellement, les Comités populaires provinciaux ont confié aux Services de l'industrie et du commerce, en coopération avec les organismes concernés, le soin d'évaluer l'aménagement des centrales de petite taille. Pourtant, les Services provinciaux de l'industrie et du commerce manquent maintenant d'experts spécialisés dans ce domaine. La coordination entre les organismes concernés est perfectible. Les localités n'accordent pas beaucoup d'importance aux activités de contrôle du respect des règlements étatiques sur la construction, la protection de l'environnement ainsi que sur la gestion de la qualité des ouvrages. Autre problème : le budget consacré aux études de l'aménagement demeure limité alors que la qualité des ouvrages et le design sont loin de satisfaire aux demandes. Ce qui, par conséquent, entraîne des rajustements en termes d'aménagement.
Autre réalité : les maîtres d'ouvrage des projets de petite taille sont des entreprises de petite et moyenne envergure. Ces sociétés manquent de cadres chevronnés dotés de bonnes expériences dans la construction des centrales hydroélectriques. Sans compter que la plupart des provinces négligent le fait de faire des rapports réguliers sur la gestion d'investissement des centrales hydroélectriques, comme le demande le MIC.
* Que faut-il faire pour mettre de l'ordre dans le développement des centrales de petite taille ?
Le MIC vient de réévaluer l'aménagement, l'investissement et le fonctionnement des centrales hydroélectriques. Il a demandé d'éliminer près de 40 projets et d'en rajuster 35 autres. Dans un futur proche, le MIC juge que les localités devront continuer de réviser l'aménagement en question ainsi que la délivrance de la licence. La gestion et le contrôle vis-à-vis de l'investissement doivent être renforcés. Le MIC devra coopérer avec les Comités populaires provinciaux pour bien étudier les questions concernant la capacité, les expériences des investisseurs, de manière à ce que la construction des centrales de petite taille soit mieux acceptée. Pour cela, les Comités populaires doivent demander aux organismes concernés de respecter à la lettre les règlements sur la gestion de l'investissement. Enfin, les Comités populaires se doivent de coopérer étroitement avec le MIC dans la délivrance de la licence et la récupération de la licence pour les projets.
Phuong Mai/CVN
(18/06/2010)