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Le siège d'Unicredit à Milan, le 28 octobre. |
Cette nouvelle saignée entraînera une baisse de 12% des effectifs en équivalents temps plein (ETP) et de 17% du nombre d'agences en Europe occidentale. Depuis son arrivée à la tête d'UniCredit à l'été 2016, le Français Jean-Pierre Mustier a mené une vaste réorganisation de la banque, en réduisant déjà les effectifs de quelque 14.000 équivalents temps pleins et en fermant plus de 900 agences.
Confrontées à un environnement compliqué, marqué notamment par des taux d'intérêts bas et les tensions politico-commerciales, une dizaine de banques européennes, dont Société Générale, Deutsche Bank et HSBC, ont annoncé depuis le début de l'année la suppression de plus de 44.000 postes. Avec UniCredit, le chiffre passe à plus de 52.000. Cette réduction de la voilure sera menée dans le cadre du nouveau plan stratégique 2020-2023 que la première banque italienne en terme d'actifs présente mardi aux investisseurs à Londres.
"Dans le précédent plan, nous avons agi de manière socialement responsable et nous continuerons à le faire", a assuré M. Mustier, en évoquant ces suppressions d'emplois lors d'une conférence. Ces mesures lui permettront de réduire ses coûts en Europe occidentale d'un milliard d'euros durant la durée du plan, par rapport à 2018. "Nous avons porté avec succès (le précédent plan) Transform 2019, dépassant les objectifs clés et posant des bases solides pour le nouveau plan" 2020-2023, a commenté M. Mustier.
Sous sa houlette, la banque, qui figurait en 2016 parmi les moins performantes lors de tests de résistance menés par l'Autorité bancaire européenne (EBA), s'est profondément transformée. Elle a renforcé son capital via la levée de 13 milliards d'euros et a nettoyé ses comptes de milliards d'euros de créances douteuses - des crédits risquant de ne pas être remboursés -, opération qu'elle entend poursuivre. Elle a aussi cédé divers actifs jugés non stratégiques, comme sa participation dans son ex-filiale Finecobank ou dans la principale banque d'affaires italienne Mediobanca, et a réduit celle dans la banque turque Yapi Kredi.
Quatre piliers
"Team 23" s'articule autour de quatre piliers : l'augmentation et le renforcement de la base de clients avec des processus simplifiés et des produits innovants, la hausse de la productivité, la gestion disciplinée du risque et une gestion du capital avec une nette hausse des dividendes versés aux actionnaires. Sur la période 2020-2022, UniCredit versera ainsi 40% de son bénéfice net aux actionnaires (dont 10% via le rachat d'actions), contre 20% annoncé en 2016 et 30% en 2017. Ce montant grimpera à 50% en 2023.
Au total, huit milliards d'euros seront versés aux actionnaires entre 2020 et 2023, dont deux milliards via des rachats d'actions. Concernant ses revenus, UniCredit prévoit une hausse moyenne annuelle de 0,8% entre 2018 et 2023, pour atteindre 19,3 milliards d'euros. Dans le même temps, son bénéfice net par action doit augmenter de 12% par an. À la Bourse de Milan, les investisseurs accueillaient positivement ces annonces, mais sans enthousiasme démesuré: trente minutes après l'ouverture, le titre gagnait 1,23% à 12,52 euros, dans un marché en hausse de 0,93%.
Interrogé sur d'éventuelles fusions transfrontalières, M. Mustier a souligné que la banque privilégiait le rachat d'actions et qu'elle "pourrait considérer seulement des petites acquisitions", excluant ainsi une opération de grande ampleur. Il a par ailleurs indiqué que dans le domaine de l'assurance, elle entendait continuer à travailler avec des partenaires, plutôt que de développer cette activité en interne.
Pour l'avenir, "nous continuerons à nous appuyer sur nos avantages compétitifs: notre réseau en Europe (...), la position de référence de la banque pour les petites et moyennes entreprises (PME) et notre base ample et croissante de clients", a-t-il ajouté. Parallèlement, la banque entend accroître son efficacité : elle deviendra "sans papier" en Italie mi-2020, en Allemagne et en Autriche en 2021, et dans le reste de l'Europe en 2023.
AFP/VNA/CVN