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La peinture Nuôi giấu thuong binh de Quang Tho. |
Photo : VNA/CVN |
Fin 1947, le régiment Tây Tiên (l’expédition vers l’Ouest), regroupant des jeunes Hanoiens sans grande expérience de combat et qui plus est sous équipés, devaient affronter les troupes régulières française, armées jusqu’aux dents, et qui avançaient vers le Viêt Bac (haute région du Nord).
De la réalité rigoureux des batailles...
Le colonel Trân Ky, soldat du régiment à l’époque, se remémore un épisode précis. «Alors que nous devions avancer, nous n’avions plus rien à manger. Tous les membres étaient affamés et assoiffés. Un de mes frères d’armes arrivait à bout de forces, et ne pouvait plus marcher», détaille-t-il.
«Au moment où il avait pris sa décision de rester tout seul dans la jungle et de se laisser mourir, une femme locale, portant son enfant sur son dos, passa devant lui. Sans échanger une parole, elle a tout de suite compris la situation et elle a donné la tétée à mon ami. Au contact du lait, le soldat se réveilla doucement. Sans un mot, la femme partit. Peu de temps après, heureusement, les renforts sont arrivés, et nous avons tous été sauvés. À ce moment là, Nguyên Quang Tho, notre commissaire politique a eu vent de l’histoire, et il était très touché par la gentillesse de la femme», continue-t-il.
Mais la bienveillance des locaux ne s’arrêtera pas là. «Une autre fois, nous sommes arrivés dans un village ethnique, et nous ne connaissions pas la langue. Mais dès que les villageois ont appris que nous étions de l’armée populaire du Vietnam, ils nous ont accueillis à bras ouverts», se souvient Trân Ky. «Quang Tho et moi-même étions atteints de paludisme, et nous devions rester dans le village pour être soignés. Le lendemain cependant nous avions entendu que les forces ennemies étaient sur le point d’arriver. Les villageois ont du nous porter pour s’enfuir dans la jungle.»
...jusqu’aux peintures tendres et originales
Le peintre Nguyên Quang Tho. |
Photo : VNA/CVN |
Quand la guerre s’est terminée, Nguyên Quang Tho a décidé d’apprendre la peinture. Puisant son inspiration dans la gentillesse des locaux durant ces tragiques journées, il a réalisé son œuvre «Nuôi giâu thuong binh» (Nourrir le soldat blessé en secret), une peinture à l’huile. Exposé au Musée d’histoire militaire du Vietnam à Hanoi, le tableau est la réalisation la plus connue de Quang Tho, suscitant de la part des visiteurs moult impressions.
L’artiste a aussi conçu de nombreux croquis illustrant la relation entre les soldats et les locaux lors de la guerre d’Indochine. Quand Tho souhaitait utiliser ses créations comme moyen de payer sa dette morale envers les habitants des communautés ethniques rencontrés le long du chemin effectué par le régiment Tây Tiên.
Quelques traits de la vie de Nguyên Quang Tho
Nguyên Quang Tho (1929-2002) est né à Hanoi. Il a participé à l’Association des jeunes pour le salut national (1945-1946), puis est entré dans l’armée en tant que commissaire politique du régiment 52 (alias régiment Tây Tiên) en 1947.
Il a suivi du cours de peinture Tô Ngoc Vân (1955-1957) puis fait ses études à l’École des beaux-arts du Vietnam, session II (1958-1963). Il est devenu membre de l’Association des beaux-arts du Vietnam à partir de 1960.
Ses peintures à l’huile, de laque poncée ou xylographiques débordent de créativité, tant dans le style que le plan. Il décide de travailler sur le renouveau des beaux-arts dans le style réaliste. Il œuvra en tant que peintre militaire, permettant de mettre sur les toiles les sentiments des soldats qui ont combattu pendant la guerre.
Quang Tho a été honoré de plusieurs récompenses, dont notamment le Prix littéraire et artistique national en 2001.
Huy Hoàng/CVN