Une mère face au cancer du sein

Les femmes, traditionnellement considérées comme le sexe faible, font pourtant preuve d’une force admirable dans les moments les plus douloureux de la vie. Nguyên Thi Thuy Nga est l’une d’entre elles dont la vitalité face à la maladie force le respect et l’admiration.

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Début juin 2014, Nguyên Thi Thuy Nga a dû faire face à un événement tragique, que tous les enfants redoutent : la mort de son père. Peu de temps après, la tumeur qui, un an plus tôt, était apparue si petite sur sa poitrine gauche, a commencé à grandir. Sur l’insistance de son mari, elle a décidé de se rendre à l’hôpital Cho Rây, où un cancer au stade 2 a été diagnostiqué.

Le résultat des examens en mains, Mme Nga se sentit abattue et s’effondra en larmes. Elle se souvient qu’un homme est alors venu l’aider à se calmer. Il était avec sa femme, diagnostiquée elle aussi d’un cancer, mais au stade 3. La femme, fatiguée par la chimiothérapie, n’en demeurait pas moins alerte.

"L’homme m’a demandé alors si ma tumeur avait surgi comme une plantule, raconte-elle. Il a dit que sa femme était à un stade avancé mais que, de mon côté, la maladie était encore guérissable. Notre conversation de quelques heures m’a donné rapidement plus de force et de confiance pour faire face à la réalité".

Surmonter la chimiothérapie

C’est le 14 août 2014 que Mme Nga est hospitalisée afin de lui ôter la tumeur. Pour ce faire, le chirurgien a dû enlever son sein gauche, une décision difficile à accepter mais nécessaire.

Deux semaines après sa première chimio, ses cheveux ont commencé à tomber. Elle a graduellement perdu ses cheveux, ses cils, ses sourcils, et même sa menstruation. Ces changements étaient la conséquence du traitement qui devait la guérir. Néanmoins, ils furent la cause d’une grande souffrance psychologique : ce sont tous les attributs les plus féminins que l’on enlevait à Nga.

Thuy Nga revient aujourd’hui sur la difficulté de cette période : "Il y avait des moments où ça faisait tellement mal que l’idée me venait de me laisser mourir. Mais je pensais alors tout de suite à mes enfants, ma fille de 14 ans et mon fils de 7 ans. Je me souviens d’avoir prié Dieu pour qu’il me laisse au moins vivre jusqu’au 10e anniversaire de mon fils".

Malgré la douleur physique et psychologique très forte, Mme Nga ne s’est jamais avouée vaincue.

Bien qu’elle soit soutenue par ses proches, le cancer reste une épreuve individuelle et solitaire. "Il y a des choses dont je n’ai pas parlé à ma famille", avoue-t-elle. "La plupart du temps pendant le traitement, j’allais seule. Je me souviens d’une fois, j’étais dans l’autocar pour me rendre à l’hôpital, j’étais si épuisée que je ne pouvais même pas parler… Et le chauffeur m’a alors demandé de sortir. Peut-être mon apparence squelettique et faible lui fit penser que j’étais une mendiante. Seule dans la rue, sans avoir où aller, j’ai alors pleuré de me voir si impuissante", se souvient-elle.

"Cependant, si le traitement était difficile, il y a eu aussi des moments de joie. J’ai pu aussi aller dans de nombreux endroits durant cette période, rencontrant de gentils docteurs et des patients aimables à Hô Chi Minh-Ville, Hanoï ou encore Huê. Et maintenant, j’ai des amis partout au Vietnam", ajoute Mme Nga avec un sourire.

Voir grandir ses enfants

Née dans une famille pauvre, Thuy Nga cousait dans sa jeunesse souvent jusqu’à minuit et se réveillait tôt le matin pour continuer. "C’est peut-être la cause de mon cancer", dit-elle. Néanmoins, elle admet qu’elle ne peut pas vivre sans travailler. Au lieu de s’allonger et penser à la maladie, elle préférera passer du temps dans sa petite boutique de tailleur.

Mais aujourd’hui, la maladie derrière elle, elle a pris davantage soin d’elle-même et profite plus de la vie. Elle a pris l’habitude de faire de l’exercice deux fois par jour, surtout des exercices de respiration. Elle sort plus souvent et part en vacances avec sa famille. Pour elle, survivre à cette maladie est une opportunité d’évoluer et de mieux apprécier la vie.

Bien que la douleur physique et psychologique était très forte, Mme Nga ne s’est jamais avouée vaincue, pensant toujours qu’elle devait se battre pour ses enfants. Après huit chimiothérapies, sa santé est stable et son esprit est plus fort que jamais.

Actuellement, sept ans après sa première chirurgie, elle est incroyablement optimiste avec le sourire toujours aux lèvres. Elle exprime son souhait : "Quand j’étais à l’hôpital, j’ai vu quelques personnes venir faire la charité pour des patients atteints du cancer. À ce moment-là, j’espérais que je pourrai faire comme eux quand j’irai mieux. Peut-être dans l’avenir, lorsque l’épidémie de COVID-19 sera terminée, mon mari et moi participerons".

Comme un phénix, elle a souffert mais a réussi à renaître de ses cendres. Aujourd’hui, elle veut simplement que ses enfants soient en bonne santé et qu’elle puisse rester à leurs côtés le plus longtemps possible pour prendre soin d’eux. La source de sa résilience vient de ses enfants car elle est avant tout une mère. Ma mère.

Texte et photos : Lê Thi Khanh Vân/CVN
(Prix d'encouragement du Concours "Jeunes Reporters Francophones 2021")


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