Quatre photographes de l'Agence France-Presse ont également remporté des prix. Sameer Al-Doumy, Roberto Schmidt et Bulent Kilic constituent le podium dans la catégorie "Reportages d'actualités chaudes", pour des photos prises en Syrie, au Népal et en Turquie. Abd Doumany, lui, a remporté le deuxième prix de la catégorie "Reportages d'actualités générales" dans la ville de Douma, en Syrie.
L'Australien Warren Richardson, lauréat du premier prix du concours de photojournalisme du World Press Photo, le 18 février à Amsterdam. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'image gagnante, intitulée Espoir d'une nouvelle vie, a été prise par le photographe indépendant dans la nuit du 28 août 2015, alors que les réfugiés essaient de passer en Hongrie. Un bébé est passé de main en main, sous les barbelés de la frontière entre Horgos, en Serbie, et Roszke, en Hongrie.
En noir et blanc, un peu floue, elle capture le drame de quelques individus alors que plus d'un million de personnes ont fui leurs pays - principalement la Syrie - pour chercher une vie meilleure en Europe.
L'image est "puissante, à cause de sa simplicité", assure le président du jury et directeur photo de l'AFP, Francis Kohn.
Cette nuit-là, après cinq jours passés à camper avec les réfugiés, Warren Richardson voit arriver un groupe d'environ 200 personnes se déplaçant sous le couvert des arbres, le long de la ligne de barbelés.
Ils envoient les femmes et les enfants, les pères et les personnes âgées en premier. "Nous avons joué au chat et à la souris avec la police toute la nuit", explique le photographe, cité dans le communiqué du World Press Photo.
"Il était à peu près trois heures du matin quand j'ai pris la photo et vous ne pouvez pas utiliser un flash alors que la police essaie de trouver ces gens... j'ai donc utilisé la lumière de la lune", explique-t-il.
Pour Vaughn Wallace, un autre membre du jury, l'image est "incroyablement puissante mais aussi très nuancée". "Ce n'est pas la fin d'un voyage mais la fin d'une étape d'un très long futur", assure-t-il.
Mettre fin à la "rivière de sang"
Les images de Sameer Al-Doumy, premier prix de la catégorie "Reportages d'actualités chaudes", ont été prises juste après un raid aérien sur la ville syrienne de Douma, en Syrie. Proche de Damas et tenue par les insurgés depuis près de trois ans, la ville est frappée régulièrement par les avions du régime.
Roberto Schmidt a remporté le deuxième prix dans la catégorie "Reportages d'actualités chaudes", pour des photos de l'avalanche sur le Mont Everest provoquée par le séisme au Népal en avril dernier. |
Roberto Schmidt, un vétéran de l'AFP, a remporté le deuxième prix de cette catégorie, pour des photos de l'avalanche sur le Mont Everest provoquée par le séisme au Népal en avril dernier.
Bulent Kilic, qui est troisième pour des images de réfugiés syriens à la frontière turque, a dédicacé son prix à Aylan Kurdi, le petit garçon mort noyé pendant une tentative de traversée, et "tous ceux qui sont morts dans les vagues".
En Syrie, Abd Doumany, deuxième prix de la catégorie "Reportages d'actualités générales", avait présenté des photos d'enfants, blessés et tués dans les raids de Douma.
"L'année 2015 a été très difficile pour nous, les Syriens, et nous avons perdu beaucoup de ceux que nous aimons", a-t-il réagi, espérant que son travail puisse mettre fin "à la situation actuelle et à la rivière de sang infinie".
Le photographe de l'AFP Bulent Kilic, basé en Turquie, a obtenu le troisième prix pour ses images de réfugiés syriens à la frontière turque. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Près de 83.000 images ont été soumises au jury par 5.775 photographes de 128 pays. Le jury a choisi de récompenser 41 photographes de 21 nationalités.
Si la crise des réfugiés et la Syrie étaient au premier plan, des photos diverses ont été récompensées : les lutteurs du Sénégal, les manifestations de Paris, ou des femmes victimes d'abus sexuels au sein de l'armée des États-Unis.
Le concours avait été entaché l'année dernière par une polémique et l'organisation avait finalement retiré son prix à l'Italien Giovanni Troilo pour un reportage sur la ville belge de Charleroi, estimant qu'il n'avait pas respecté les règles du concours.
Un nouveau code d'éthique a été mis en place, a affirmé le World Press Photo.