>>L’offrande d’encens, une belle pratique culturelle des Vietnamiens
La confection des bâtonnets d’encens est un travail minutieux, exigeant une grande dextérité. |
La fabrication de bâtonnets d’encens à Thuy Xuân existe depuis des siècles mais personne ne sait exactement quand cet artisanat est apparu. Il se transmet de génération en génération et se développe de plus en plus. Les bâtonnets d’encens du village de Thuy Xuân sont même devenus un label reconnu dans et hors du pays.
Pour les cérémonies bouddhistes, lors des visites au temple ou pour l’autel des ancêtres, les Huéens n’utilisent que les bâtonnets d’encens de Thuy Xuân en raison de leur parfum si particulier, que n’ont pas les bâtonnets chinois ou thaïlandais.
La confection des bâtonnets d’encens est un travail minutieux, exigeant une grande dextérité qui doit passer par de nombreuses étapes. Pour les meilleurs d’entre eux, le choix des matières premières est important.
Des secrets de fabrication bien gardés
L’encens est obtenu à partir de substances végétales odoriférants (substance produite par la résine d’un groupe d’arbres de la famille des Burséracées), lesquelles sont réduites en poudre et mélangées avec de la poudre de cannelle, de l’eau, des aromates et de la sciure de bois pour faciliter la combustion, selon une proportion déterminée.
La fragrance et la durabilité de l’encens reposent essentiellement sur le mélange de pâte et d’eau, dont la recette est tenue secrète et jalousement gardée par chaque famille.
Les supports sont des baguettes en bambou venant des forêts Nam Dông, Binh Diên et Phong Son. Et les artisans, de leurs mains habiles, coupent les tiges en trois ou quatre morceaux, selon la dimension de chaque bâton d’encens, normalement une longueur de 30-40 cm pour 2-3 mm de diamètre. Une fois séchées au soleil, les baguettes de bambou sont teintées de rouge, de jaune, de violet…
Ensuite, elles sont enduites aux trois-quarts d’une couche d’encens (de couleur jaune ou noir) qui peut brûler de 20 à 30 minutes. Enfin, étalés sur des planches, les bâtonnets d’encens sont durcis au soleil, pendant deux ou trois jours, pour garder leur teinte et leur senteur. Toutes les étapes de fabrication sont manuelles, à l’exception d’une machine assez rudimentaire qui permet de fixer l’encens sur le bâton de bambou.
Il y a trois sortes de bâtonnets d’encens. Les grands sont utilisés dans les pagodes, les moyens dans les temples ou maisons communes et les petits dans les familles.
Un métier traditionnel préservé
Les bâtonnets d’encens du village de Thuy Xuân sont devenus un label reconnu dans et hors du pays. |
Depuis 1999, le village de Thuy Xuân approvisionne non seulement les marchés Dông Ba, An Cuu, Bên Ngu, Tây Lôc à Huê mais encore ceux de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Ses produits sont présents aussi au Laos et en Thaïlande.
Pour cette raison, la ville de Huê attache de l’importance à la préservation et au développement de ce métier artisanal. Actuellement, une cinquantaine de foyers de Thuy Xuân le pratiquent. Une travailleuse gagne, en moyenne, 4 à 5 millions de dôngs par mois. Le travail s’anime surtout quelques mois avant la cérémonie célébrant l’anniversaire de la naissance de Bouddha ou le Têt traditionnel.
Aujourd’hui, grâce à une machine permettant de pétrir la pâte et fixer l’encens sur le bâton de bambou, le rendement est plus élevé qu’autrefois. "Il y a cinq ans, ma famille ne fabriquait que 2.000 bâtonnets d’encens par jour. Actuellement, cette machine nous aide à en produire jusqu’à 20.000", explique Tôn Nu Ngoc Hanh, 37 ans, artisane de Thuy Xuân.
Cette année, le prix des baguettes d’encens est stable, entre 60.000 et 200.000 dôngs le paquet de 100 bâtonnets. "À l’occasion du Têt traditionnel, ma famille de quatre personnes peut fabriquer de 20.000 à 30.000 bâtonnets d’encens, nous permettant d’encaisser chacune 200.000 dôngs par jour", indique Nguyên Thi Bich Loan, 50 ans, artisane de Thuy Xuân.
Ces dernières années, le tourisme s’est beaucoup développé à Huê. La ville accueille un grand nombre de voyageurs vietnamiens et étrangers. En dehors des sites reconnus comme la Citadelle ou la rivière des Parfums, ils n’oublient pas de visiter le village de métier de Thuy Xuân où se situent également beaucoup d’anciens temples, notamment le tombeau du roi Tu Duc (1829-1883).
Il y a quelques années, une organisation japonaise a accordé une aide non remboursable de 550 millions de dôngs au projet "Développement du tourisme communautaire et augmentation du revenu des paysans de Thuy Xuân, ville de Huê". Ce projet a permis d’organiser des circuits touristiques, publier et distribuer des cartes et prospectus, et de créer une page web pour promouvoir le tourisme dans ce village de métier.
Huong Linh/CVN