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Le peintre français d'origine russe Marc Chagall au travail dans son atelier de Vallauris, dans le Sud de la France, le 11 juin 1952. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette huile sur toile de 1911, Le Père, désormais estimée entre 6 et 8 millions d'USD, avait été achetée en 1928 par un luthier polonais juif, David Cender, qui avait perdu ses biens quand il avait été forcé de s'installer dans le ghetto de Lodz.
Déporté à Auschwitz, où sa femme et sa fille avaient été tués, ce musicien avait survécu et s'était installé en France en 1958, où il est mort en 1966 sans recouvrer la possession du tableau.
Entretemps, l’œuvre était réapparue dans des expositions et il s'est avéré que c'est Marc Chagall lui-même qui l'avait rachetée, probablement entre 1947 et 1953 en ignorant son origine, selon Phillips et le ministère français de la Culture.
Après la mort en France en 1985 de l'artiste d'origine russe, Le Père était entré dans les collections nationales en 1988, puis a été affecté au centre Pompidou et déposé au musée d'art et d'histoire du Judaïsme à Paris.
La France avait voté une loi au début de l'année, à l'unanimité du Parlement, pour restituer quinze œuvres de familles juives spoliées par les nazis. Un texte "historique" et "une première étape", car "des œuvres d'art et des livres spoliés sont toujours conservés dans des collections publiques", avait affirmé la ministre de la Culture d'alors, Roselyne Bachelot.
Les héritiers de David Cender ont décidé de vendre le tableau, un scénario fréquent "quand une œuvre est restituée si longtemps après", car "il y a de multiples héritiers et l’œuvre ne peut pas être divisée", selon le vice-président de Phillips, Jeremiah Evarts.
Le tableau, un portrait de son père, a été peint par Chagall en 1911, l'année de son arrivée à Paris. Il est alors "électrisé par le modernisme" de la ville et ses œuvres de l'époque sont "rares", car "beaucoup d'entre elles ont été détruites quand il a quitté Paris pour retourner en Russie en 1914", a ajouté M. Evarts, se disant certain que Le Père attirera musées et grands collectionneurs.
La vente aura lieu pendant les enchères d'automne de New York. Propriété du groupe russe de distribution de produits de luxe Mercury, la maison d'enchères Phillips, dont le siège est à New York, a condamné le conflit l'Ukraine quelques jours après le début de la tension, fin février.
AFP/VNA/CVN