>>La salangane, poule aux œufs d’or de Côn Dao
>>Promotion des exportations de nids de salanganes
Vu Thi Tuât (gauche) est la pionnière dans l’élevage des salanganes à Minh Tân, province de Binh Duong (Sud). |
En visitant la commune de Minh Tân, district de Dâu Tiêng, province de Binh Duong, on est étonné par les changements considérables intervenus ici et là, liés à l’élevage des salanganes. La localité, autrefois calme, avec une économie axée autour de la culture de l’hévéa, est devenue très animée par les discussions sur l’élevage de cet oiseau proche de l’hirondelle. Des cafés aux marchés, on ne parle que de cela.
Ici, nombreuses sont les personnes s’engageant dans cette activité lucrative en faisant construire des maisons spéciales. L’afflux de salanganes a bouleversé la vie locale. Et le prix de l’immobilier a flambé.
Une véritable poule aux œufs d’or
Les constructeurs de "nichoirs pour salanganes" (en fait de véritables maisons vues de l’extérieur, mais sans fenêtres et avec des ouvertures spéciales) ont du pain sur la planche. Dans la commune, de nouveaux métiers sont apparus comme "conseiller dans l’élevage des salanganes". "Notre commune compte des centaines de foyers éleveurs. Mon mari et mon fils, qui sont des constructeurs de maisons… pour les humains, font maintenant aussi celles pour les salanganes. Ils sont très occupés", partage une habitante.
Minh Tân est en effet devenue le royaume des salanganes. On ne parle plus guère de l’augmentation ou de la diminution du prix du latex, mais plutôt de ceux qui sont devenus milliardaires en quelques mois grâce à cet élevage. Nombre de commerçants et jeunes diplômés se sont engagés dans ce business qui permet de faire fortune en un temps record.
Nguyên Kim Luyên est une éleveuse de salanganes. "J’ai renoncé à la culture d’hévéas en 2014. J’ai alors fait construire une maison de trois étages pour les salanganes. Une semaine après la fin des travaux, les premiers oiseaux sont venus s’y installer. Maintenant, du fait du très grand nombre de couples nicheurs, je dois faire bâtir d’autres logements”, confie-t-elle.
Vu Thi Tuât est la pionnière dans l’élevage de salanganes à Minh Tân. Ces dernières années, les gros revenus tirés de cette activité ont changé totalement le standing de vie de sa famille.
Selon elle, six salanganes sont venues nicher en 2010 dans sa propre habitation. Un cadeau de la nature, a pensé le couple. Dans la province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre), elle a été initiée aux techniques d’élevage. Puis, elle a fait installer des équipements spéciaux et modifier l’intérieur de sa maison afin d’en faire un logement idéal pour les salanganes. Elle a d’abord réservé le 3e étage à ces squatters ailés; mais devant le succès de son domicile auprès de ceux-ci, elle s’est résolue à leur abandonner tous les étages!
Des salanganes et leurs nids à l’intérieur de la maison de Vu Thi Tuât. |
Désormais, 10.000 oiseaux fréquentent les lieux et confectionnent 3.000 nids chaque année. La récolte se fait deux fois par mois. Il faut compter 22 millions de dôngs le kilo, aussi gagne-t-elle la bagatelle de 500 millions de dôngs (l’équivalent de 21.000 dollars)… chaque mois! Les débouchés sont très stables et l’offre ne répond pas suffisamment à la demande. Et, surtout, la qualité des nids est bonne.
"On ne prend pas tous les nids, seuls ceux qui répondent aux normes sont choisis. En particulier, il est interdit de ramasser ceux où les oiseaux n’ont pas encore pondu car les couples abandonneraient le site", prévient-elle.
Pointant du doigt une jolie villa à côté de sa maison pour salanganes, elle indique que c’est grâce à cet élevage qu’elle a pu se la payer. Avant d’ajouter que son fils, diplômé de l’université, et sa fille travaillent aussi comme éleveurs.
Devant le succès de Vu Thi Tuât, beaucoup d’habitants de Minh Tân lui ont emboîté le pas. Selon Nguyên Minh Thuân, vice-président du Comité populaire de la commune, cette dernière compte actuellement des centaines de foyers éleveurs, et ce nombre continue de croître.
Nguyên Xuân Quyên a aussi fait fortune grâce à ces délicats oiseaux au plumage brun. Habitant à Minh Tân depuis une trentaine d’années, il était connu comme très compétent dans la culture de l’hévéa et la vente de latex. Mais lorsque le prix du latex s’est effondré, il a décidé, début 2018, d’élever des salanganes. Depuis, il a empoché la coquette somme de 500 millions de dôngs et, bien sûr, il ne regrette pas sa reconversion...
Certains dirigeants locaux s’y sont mis aussi, notamment Truong Van Thành, qui a commencé l’élevage avec un capital de 800 millions de dôngs. Il assure: "Jusqu’à présent, à Binh Duong, aucune plante ou aucun animal d’élevage n’a rapporté autant que la salangane. C’est vraiment la poule aux œufs d’or!".
Texte et photos: Mai Quynh - TN/CVN