Un Professeur vietnamien à Harvard

Depuis 1968, Ngô Nhu Binh vit et travaille à l’étranger. Moscou d’abord, puis Cambridge où se trouve Harvard, la meilleure université du monde. Il y enseigne sa langue natale. Les détails d’un parcours exceptionnel.

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Le Professeur Ngô Nhu Binh partage ses expériences avec les jeunes étudiants.

Cette année, Harvard a maintenu sa première place mondiale au classement de Shanghai. Située à Cambridge, aux États-Unis, Harvard réunit l’élite intellectuelle. Fondée en 1636, cette école prestigieuse a formé des dizaines de prix Nobel. La sélection y est extrêmement difficile, un candidat sur mille est pris en moyenne. Pour les professeurs, le recrutement est tout aussi sévère.

Ngô Nhu Binh, un linguiste vietnamien, y enseigne sa langue maternelle depuis vingt-trois ans. Une fierté pour son pays natal.

De Moscou à Cambridge

Ngô Nhu Binh est originaire de Hanoi. Cet ancien étudiant du Département de russe de l’ancienne École normale supérieure de langues étrangères de Hanoi (aujourd’hui École supérieure de langues et d’études internationales, relevant de l’Université nationale de Hanoi) a d’abord enseigné à la faculté. Puis en 1979, il part en Russie pour sa thèse. Là, il postule à l’Université d’État de Moscou Lomonossov et est accepté. De 1980 à 1991, il est professeur de linguistique et de vietnamien à l’Institut des pays d’Asie et d’Afrique. Il se marie avec une femme russe, liant définitivement sa vie avec le pays de Lénine.

En 1991, coup de tonnerre, l’ex-URSS s’effondre. Et la Russie s’ouvre au monde. De nombreux professeurs américains sont invités dans des universités russes. Binh les rencontre et échange avec eux. Ils l’informent du manque d’enseignants de vietnamien aux États-Unis, et lui suggèrent d’envoyer sa candidature dans quelques écoles.

En 1992, il apprend avec stupeur que Harvard le recrute. Depuis lors, il y chapeaute le programme de vietnamien du Département des langues et de la civilisation d’Asie de l’Est. Il a formé des centaines d’étudiants américains dont un certain nombre travaillent au Vietnam. Des passerelles entre les deux pays.

Monsieur vietnamien aux État-Unis

Le linguiste Ngô Nhu Binh (droite) devant la bibliothèque de Harvard.
Photo : CTV/CVN

Depuis plus de 20 ans, le Professeur Ngô Nhu Binh enseigne le vietnamien à Harvard, mais aussi l’histoire et la culture du Vietnam. «À leur 2e année d’université, les étudiants commencent à se familiariser avec quelques œuvres littéraires du Vietnam. Par exemple, les romans de Nguyên Huy Thiêp, les poèmes de Nguyên Binh. L’occasion de faire des digressions sur la culture et l’histoire vietnamiennes», confie-t-il.

Grâce à lui, 18 universités américaines ont ouvert des départements de langue vietnamienne. L’intellectuel polyglotte - il parle couramment russe, anglais, français, allemand et chinois - a joué un rôle important dans les relations d’amitié entre le Vietnam et les États-Unis. Il est retourné au Vietnam à plusieurs reprises pour échanger avec les étudiants.

Depuis 2003, Binh est président du Groupe des universités pour la promotion du vietnamien à l’étranger (en anglais : Group of universities for the Advancement of Vietnamese Abroad – GUAVA). Il a rédigé quelques livres sur la langue vietnamienne. Parmi eux, Le vietnamien élémentaire, utilisé dans certaines universités au Canada, en Allemagne, au Japon, etc.

L’érudit est passionné par sa langue depuis longtemps. «C’est un amour de jeunesse. C’est avant mon départ en Russie que j’ai commencé à me plonger avec délectation dans les arcanes de ma langue maternelle», partage-t-il. Sa bonne connaissance de certaines langues européennes lui a permis de mettre au point des méthodes d’enseignement très efficaces.

«Je suis heureux car le vietnamien est enseigné à Harvard, explique-t-il. Mais les étudiants sont encore peu nombreux à se lancer dans l’aventure, préférant le japonais ou le chinois».

Cette situation ne le décourage pas. Il dit souvent à ses étudiants : «Apprenez le vietnamien avec moi, puis allez à la découverte de mon pays, vous ne le regretterez pas !».

Et de conclure : «Grâce à la langue vietnamienne, les étudiants se plongent dans l’histoire et la culture du pays. Ils découvrent un Vietnam qu’ils ne connaissaient pas, bien loin des clichés. Ils deviennent de vrais amis du peuple vietnamien, pour la vie. Quelque soit leur travail futur, ils garderont ce lien intime avec le pays».

Ngoc Yên/CVN

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