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M. Tâm prend soin d’elle comme sa mère biologique. |
Photo : VNexpress/CVN |
Si jamais quelqu’un croisait Nguyên Mai Van Tâm et Nguyên Thi Nam, 86 ans, gagnant leur vie dans les rues de Hô Chi Minh-Ville, on jurerait qu’ils sont de la même famille. Cependant, leur relation n’est pas liée par le sang, mais est fondée sur quelque chose de plus profond, construit ces six dernières années.
M. Tâm raconte qu’il a eu une vie très singulière. Bien qu’à l’âge de 43 ans, cet homme ne sache ni lire ni écrire après avoir quitté l’école précocement, il parle couramment l’anglais. Il a perdu sa mère à l’âge de 13 ans, mais la vie lui a réservé une surprise inattendue lorsqu’il approchait de la quarantaine : une nouvelle “mère”.
Promesse à un ami intime
En 2000, il a rejoint des amis qui vendaient des vêtements, des autocollants… aux étrangers sur la rue Dông Khoi, dans le 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. C’est là qu’il a rencontré le fils de Mme Nam et est devenu proche de lui. Dans ses souvenirs, lorsque cette femme était en bonne santé, elle était douce, généreuse et se souciait profondément de tout le monde.
Des amis de son fils, comme M. Tâm, leur rendaient souvent visite et Mme Nam les invitait fréquemment à prendre un repas et à rester pour faire une sieste.
Une fois, M. Tâm est entré en collision avec une femme à vélo alors qu’il conduisait sa moto près de l’intersection de Hàng Xanh, dans l’arrondissement de Binh Thanh. Il a été projeté à une distance considérable après la collision et a dû être transporté d’urgence à l’hôpital. Mme Nam, lorsqu’elle a appris la nouvelle, s’est immédiatement rendue à son chevet. “C’était la première fois que je ressentais cette chaleur maternelle”, se souvient M. Tâm.
Plus de 20 ans se sont écoulés depuis, et leur communication a souvent été interrompue. En raison de difficultés financières, Mme Nam a décidé de vendre sa maison dans le 4e arrondissement et de partager la somme entre ses quatre enfants. Elle a déménagé pour vivre dans une chambre qu’elle louait dans la ville de Thu Duc, avec l’un de ses fils et sa fille biologique. Selon Mme Nam, ses deux autres enfants avaient fondé leur propre famille mais rencontraient de nombreuses difficultés dans la vie.
En 2017, elle a commencé à ressentir des douleurs fréquentes aux jambes et a dû recevoir des injections. Un matin, elle s’est réveillée en état de choc, découvrant qu’elle ne pouvait plus bouger ses jambes.
Elle avait besoin d’aide pour accomplir toutes ses activités quotidiennes telles que manger, aller aux toilettes, se laver, etc. Plus tard, sa fille a eu un accident de voiture, et elle ne pouvait plus s’occuper régulièrement de sa mère.
Comme son fils était parti en Thaïlande pour des affaires, il a demandé à M. Tâm de prendre soin de sa mère. M. Tâm n’a pas hésité. Chaque matin et chaque soir, il se rendait chez elle, préparait le repas, nettoyait la maison et s’occupait de son hygiène.
À cette époque, M. Tâm travaillait dans un restaurant et ne pouvait lui rendre visite qu’après avoir terminé son travail. Il a installé une caméra dans sa maison pour faciliter la surveillance et vérifiait occasionnellement les caméras pour s’assurer qu’elle allait bien. Il lui a également dit que si quelque chose n’allait pas, elle devait jeter une serviette à droite et il viendrait immédiatement à son secours.
Plus tard, le fils de Mme Nam a rencontré des difficultés en Thaïlande et a perdu le contact avec sa famille. M. Tâm se souvenait seulement que lors de leurs derniers appels, cet ami lui avait demandé de prendre soin de sa mère.
“Je ne pouvais pas supporter de laisser une femme paralysée de plus de 80 ans seule dans une chambre louée. Ma conscience et mon amour ne me permettaient pas de faire cela. Alors j’ai décidé de revenir vivre avec elle”, partage-t-il.
Se soutenir mutuellement
M. Tâm et sa nouvelle “mère” vendent des billets de loterie pour gagner leur vie. |
Photo : Vnexpress/CVN |
Alors que la santé de Mme Nam continuait de se détériorer, M. Tâm a décidé de quitter son emploi au restaurant et de commencer à vendre des billets de loterie. C’était le seul travail qui lui permettait d’être aux côtés de la dame 24h/24 et 7j/7.
Dans une petite chambre louée sur la rue Nguyên Trung Nguyêt, dans la ville de Thu Duc, il a placé son lit à côté de celui de “sa mère“ pour faciliter la surveillance. Les nuits froides, lorsqu’elle ressentait une douleur intense et qu’elle frissonnait, il restait constamment éveillé pour la masser, lui administrer des médicaments et lui réchauffer les mains et les pieds.
“Il prend soin de moi méticuleusement, comme si j’étais sa propre chair et son sang. Des tâches comme vider le pot de chambre, sortir les poubelles et changer les couches, les gens ont généralement peur de les faire, sans parler de quelqu’un qui n’est même pas de la même lignée. Mais il fait tout sans hésitation”, partage ému Mme Nam.
Il y a un an, tous les deux ont reçu un fauteuil roulant électrique comme cadeau que M. Tâm utilise pour transporter sa “mère” dans une zone proche de l’hôpital Lê Van Thinh, dans la ville de Thu Duc, afin de vendre des billets de loterie.
Ainsi, ce duo “mère et fils” a surmonté de nombreuses épreu-ves, partageant des moments de larmes et de rires, se soutenant mutuellement pour vivre.
“Les personnes âgées sont comme des lampes à huile suspendues au vent. J’espère seulement que ma mère pourra vivre avec moi le plus longtemp posible”, souhaite M. Tâm.
Huong Linh/CVN