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Des scènes du film Spring Roll Dream de Mai Vu. |
Photo : DA/CVN |
L’œuvre de neuf minutes est un projet de fin d’études de Mai Vu, une étudiante de l’École nationale du film et de la télévision (National Film and Television School - NFTS) au Royaume-Uni. Elle a été sélectionnée par La Cinef (Cinéfondation), une fondation qui récompense les œuvres d’étudiants d’écoles de cinéma du monde entier. Il y avait 1.528 soumissions dans cette catégorie mais seulement 16 films ont finalement été retenus.
Ce court métrage en stop-motion raconte l’histoire d’une famille vietnamienne aux États-Unis. Le personnage principal est Linh, une mère célibataire qui construit une vie stable pour son fils Alan. Mais cet équilibre est rompu lorsque son père Sang revient du Vietnam. Au cours d’un repas, ce dernier insiste pour faire des nems (rouleaux de printemps) pour son petit-fils, mais Linh veut plutôt préparer des macaronis au fromage. De là, un conflit naîtra entre Sang et Linh. C’est alors que cette dernière est confrontée au passé et à la culture qu’elle a laissée derrière elle et à la question de sa place dans la nouvelle vie de sa famille. Le personnage de Sang est un homme qui essaie de se connecter avec ses enfants et petits-enfants à travers la cuisine.
Cette histoire pourrait très bien se retrouver dans une ville immigrée mais aussi dans le Vietnam d’aujourd’hui en pleine mutation.
Le doublage, un grand défi à relever
La réalisatrice Mai Vu. |
Photo : DA/CVN |
Mai Vu est née en 1992 à Hô Chi Minh-Ville et travaille dans l’animation depuis 2011. De 2012 à 2015, elle a réalisé plus de 70 épisodes de Xin chào but chi (Bonjour Crayon), la première série animée en stop-motion réalisée au Vietnam. En 2020, elle a décidé d’aller étudier à la NFTS et en est sortie diplômée en mars dernier.
"Pour mon film de fin d’études, je voulais raconter l’histoire d’un homme. Mon père et ma famille m’ont inspirée pour ce court métrage", raconte la jeune réalisatrice.
Les principaux contributeurs au projet étaient les camarades universitaires de Mai. En raison de la pandémie de COVID-19, plusieurs parties du film ont dû être réalisées en ligne.
La NFTS a financé le film à hauteur de 9.000 £ (11.250 USD), ce qui a permis à l’équipe d’acheter du matériel, de payer les frais de studio, les voix off et les collaborateurs.
Comme la réalisation d’un film en stop-motion demande beaucoup de travail et de temps de production, l’équipe ne pouvait produire qu’une minute de film par mois.
Mai Vu a eu l’idée de Spring Roll Dream dès ses premiers jours dans la classe de réalisation d’animation de l’école. La jeune fille a mis près de 2 ans à mener à bien ce projet, dont six mois pour la pré-production du scénario, la création des personnages et huit mois de tournage, qui a demandé un gros travail de doublage. Elle se tourne d’abord vers des doubleurs vivant au Royaume-Uni mais elle n’était pas satisfaite. Elle se décide alors de se tourner vers son pays natal. "Je me suis souvenue que j’aimais beaucoup la voix du personnage Hoà de l’+Artiste du Peuple+ Bùi Bài Binh dans le film +Mùa ôi+ (La saison des goyaves) du réalisateur Dang Nhât Minh. J’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai invité à interpréter le personnage du grand-père Sang". Les voix de Linh et d’Alan sont jouées respectivement par Elyse Dinh, qui vit aux États-Unis, et Jarlan Bogolubo, au Royaume-Uni.
Des scènes du film Spring Roll Dream de Mai Vu. |
Photo : DA/CVN |
Trois acteurs dans trois endroits différents avec des fuseaux horaires différents ! Mai Vu se rappelle avoir dû se lever à 03h00 du matin au Royaume-Uni parce que l’artiste Bùi Bài Binh arrivait au studio à 10h00 à Hanoï et que Elyse Dinh travaillait en home studio à 21h00 à Los Angeles. Malgré l’éloignement géographique, l’équipe a fait du très bon travail, contribuant à sublimer un peu plus le film.
Le Festival de Cannes, une belle récompense
"Aller à Cannes est un honneur pour moi et pour les personnes qui y ont participé. C’est une opportunité rare et j’espère que mon film intéressera nos amis internationaux", partage-t-elle.
Le festival de Cannes se tient du 17 au 28 mai. Seuls les trois meilleurs courts métrages de la catégorie "La Cinef" seront primés. La fondation promeut des cinéastes en herbe du monde entier. Chaque année, plus de 2.000 films d’étudiants lui sont envoyés.
- L’Odeur de la papaye verte (Mùi du du xanh en vietnamien) de Trân Anh Hùng est sorti en 1993. Le film a remporté la Caméra d’or et le Prix de la jeunesse au Festival de Cannes 1993.
- À la verticale de l’été (Mùa hè chiêu thang dung) de Trân Anh Hùng, sorti en 2000. Il a été présenté dans la catégorie "Un Certain Regard" sans remporter de prix au Festival de Cannes 2010.
- Bi, n’aie pas peur ! (Bi, dung so) de Phan Dăng Di est sorti en 2010. Il est entré en compétition dans la catégorie "Semaine de la Critique" et a été lauréat du Prix SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) et du Soutien ACID/CCAS.
Thuy Hà/CVN