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La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, le 8 octobre à Bruxelles. |
Le versement de cet argent public, par sept État membres dont l'Allemagne et la France, à un consortium de 17 entreprises, a été autorisé lundi 9 décembre par la Commission européenne.
Cette aide doit engendrer la mobilisation de "5 milliards d'euros supplémentaires en investissements privés", ce qui permettra aux Européens, espère Bruxelles, de faire face aux producteurs chinois, très en avance dans ce secteur.
Dans le détail, l'Allemagne est autorisée par Bruxelles à investir jusqu'à 1,25 milliard d'euros. Viennent ensuite la France (960 millions), l'Italie (570 millions), la Pologne (240 millions), la Belgique (80 millions), la Suède (50 millions) et la Finlande (30 millions).
Ce "projet important d'intérêt européen commun" (PIIEC) comptera 17 participants directs de toute la filière, comme le constructeur automobile BMW ou les chimistes BASF et le belge Solvay, mais aussi des petites et moyennes entreprises (PME).
Ces entreprises collaboreront "étroitement les unes avec les autres et avec plus de 70 partenaires externes", des entreprises mais aussi "des organismes publics de recherche de toute l'Europe", selon le communiqué de Bruxelles.
"Risques financiers"
"L'aide autorisée permettra de garantir que ce projet important ira de l'avant sans fausser indûment la concurrence", a estimé la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.
L'objectif du projet, qui court jusqu'en 2031, est de développer des batteries lithium-ion "qui ont une plus longue durée de vie", "se rechargent plus vite" et "sont plus sûres et plus respectueuses de l'environnement que les batteries actuellement sur le marché".
"La demande de batteries devrait augmenter très rapidement au cours des années à venir", selon la Commission.
Or, le retard des pays européens dans le secteur des batteries, en particulier face à la Chine, est régulièrement relevé par les acteurs du secteur automobile.
Selon la Commission, les "risques technologiques et financiers importants" qui accompagnent ce vaste projet justifient l'octroi d'une telle aide publique.
Mais "une part importante des bénéfices supplémentaires réalisés par les participants sera partagée avec les contribuables grâce à un mécanisme de récupération", indique-t-elle.
Cela signifie que si les projets "dégagent des revenus nets supplémentaires dépassant les projections, les entreprises restitueront aux États membres respectifs une partie de l'argent perçu auprès des contribuables".
Le ministre allemand de l'Économie, Peter Altmaier, s'est félicité dans un communiqué de ce "grand succès".
Recyclage
"Toute la chaîne de valeur de la filière des batteries pourra se déployer sur le sol européen, permettant ainsi de maintenir une production industrielle solide en Europe", a pour sa part insisté le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire.
Ce projet "contribuera à la réalisation de l'objectif fixé par l'Union européenne de devenir le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050", a-t-il ajouté.
Bruxelles souligne d'ailleurs que le projet vise à "améliorer la durabilité environnementale" de la production, en réduisant son empreinte carbone et la quantité de déchets, mais aussi en mettant au point le démantèlement des batteries et leur recyclage.
La lutte contre le réchauffement climatique fait partie des priorités de la Commission, qui doit présenter mercredi ses premières mesures en la matière.
Les cellules lithium-ion sont essentielles aux batteries rechargeables de voitures électriques, mais peu de constructeurs se hasardent à les produire eux-mêmes car cela suppose des investissements colossaux pour des volumes encore limités. Beaucoup préfèrent conserver le choix entre plusieurs fournisseurs spécialisés, d'autant que les technologies évoluent rapidement.
Actuellement, seul 1% de la production mondiale de cellules lithium-ion émane de l'Union européenne, alors que le marché mondial des batteries auto pourrait atteindre 45 milliards d'euros en 2027, dont 20% à 30% en Europe, selon le cabinet BCG.
AFP/VNA/CVN