Tunisie : le débat s'emballe sur le retour des jihadistes

Manifestation citoyenne, cri d'alarme des forces de sécurité, multiplication des interventions politiques : l'inquiétude grandit et le débat s'emballe en Tunisie face à la perspective d'un retour de milliers de jihadistes, dans un pays déjà durement éprouvé par les attentats.

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Manifestation devant le Parlement, le 24 décembre à Tunis, contre l'autorisation de retour dans le pays des Tunisiens ayant rejoint les rangs des jihadistes. Photo : AFP/VNA/CVN
Manifestation devant le Parlement, le 24 décembre à Tunis, contre l'autorisation de retour dans le pays des Tunisiens ayant rejoint les rangs des jihadistes. Photo : AFP/VNA/CVN

Avec quelque 5.500 ressortissants ayant rejoint les rangs d'organisations jihadistes, selon l'ONU, la Tunisie est l'un des principaux pays au monde touchés par ce fléau, le premier au Maghreb, loin devant le Maroc (environ 1.300).
Parmi eux, des centaines sont vraisemblablement morts au combat. Pour les autres, la question de leur retour "se pose avec acuité puisque l'étau se resserre sur le groupe État islamique (EI), en Syrie et en Irak, mais aussi en Libye", frontalière de la Tunisie, explique l'expert Hamza Meddeb, chercheur auprès de l'Institut universitaire européen de Florence (Italie).
Le récent attentat de Berlin perpétré au nom de l'EI par un Tunisien de 24 ans, Anis Amri, a aussi mis en exergue ce débat : classé islamiste "dangereux", il avait vu sa demande d'asile rejetée par l'Allemagne et devait, après des mois de tractations avec Tunis, être expulsé vers son pays.
Non à la repentance
Vendredi 23 décembre au parlement, le ministre de l'Intérieur Hédi Majdoub a révélé que 800 jihadistes tunisiens étaient déjà rentrés, et assuré que les autorités détenaient "toutes les informations sur ces individus".

Portrait d'Anis Amri, auteur présumé de l'attentat de Berlin, montré par son frère Walid Amri, à Oueslatia, en Tunisie, le 23 décembre.
Portrait d'Anis Amri, auteur présumé de l'attentat de Berlin, montré par son frère Walid Amri, à Oueslatia, en Tunisie, le 23 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais, dans un pays traumatisé par une série d'attaques sanglantes ces deux dernières années, ces déclarations n'ont pas suffi.
À l'appel d'un collectif citoyen, des centaines de personnes ont manifesté samedi 24 décembre à Tunis pour dire "Non à la repentance et à la liberté pour les groupes terroristes".
Le lendemain, le syndicat national des forces de sécurité intérieure s'est alarmé d'un risque de "somalisation" de la Tunisie, déjà confrontée à des maquis jihadistes dans les monts de l'intérieur du pays.
Ces Tunisiens, qui "ont appris à manipuler toutes sortes d'armes de guerre", pourraient rejoindre les "cellules dormantes" du pays, et accepter leur retour (...) contribuera à élargir le cercle du terrorisme", a prévenu le syndicat, qui a appelé le gouvernement à les déchoir de leur nationalité.
Interdite par la Constitution, cette mesure a été rejetée par le président Béji Caïd Essebsi, dont les propos au début du mois à Paris ont néanmoins contribué à faire monter le débat.
"On ne peut empêcher un Tunisien de revenir dans son pays", "mais évidemment, nous allons être vigilants", avait-il dit. Il avait jugé impossible de "les mettre tous en prison, parce que si nous le faisons, nous n'aurons pas assez de prisons".
"Mais nous prenons les dispositions nécessaires pour qu'ils soient neutralisés", avait-il ajouté.

AFP/VNA/CVN

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