Grande-Bretagne
Troisième rejet du traité de Brexit et nouvelle défaite pour Theresa May

Les députés britanniques ont recalé pour la troisième fois le Traité de retrait de l'UE de la Première ministre Theresa May, laissant un Royaume-Uni en crise face à deux options: un Brexit sans accord le 12 avril ou un long report du divorce.

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Les députés britanniques s'apprêtent à voter le 29 mars 2019 sur l'accord de divorce avec l'Union européenne, dont l'adoption ouvrirait la voie à un Brexit le 22 mai.
Photo: AFP/VNA/CVN

Destiné à mettre en œuvre en douceur un Brexit décidé par référendum en juin 2016, le Traité a été rejeté vendredi 29 mars par 344 voix contre 286.

Ce vote est un cinglant désaveu pour la Première ministre conservatrice, qui a âprement négocié le texte de 600 pages pendant de longs mois avec Bruxelles, et mis sa démission dans la balance pour tenter de le faire adopter.

"Les implications de la décision de la Chambre des communes sont graves", a-t-elle reconnu en soulignant que l'option "par défaut" était désormais un Brexit sans accord ("no deal") le 12 avril, redouté par les milieux économiques. À moins qu'elle ne se résigne à demander un nouveau report, de plus longue durée, mais qui l'obligerait à organiser des élections européennes fin mai.

Le rejet de l'accord "accroît très fortement les risques d'une sortie sans accord", a réagi la présidence française, appelant les Britanniques à "présenter dans les tous prochains jours un plan alternatif (élections législatives, référendum, union douanière...)".

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a souligné dans un communiqué que le temps commençait à manquer pour éviter un Brexit dur. "Nous n'avons plus beaucoup de temps pour éviter un Brexit désordonné", a prévenu M. Maas. "Je ne peux dire qu'une chose: l'Allemagne et l'UE sont bien préparées, pour tous les cas de figure", a ajouté le ministre,

Le président du Conseil européen Donald Tusk a annoncé la convocation d'un sommet européen spécial le 10 avril.

Cet accord doit "changer"

L'adoption de l'accord était censée permettre au Royaume-Uni de quitter le giron de l'UE le 22 mai, avec une période de transition jusqu'à fin 2020, afin d'éviter la rupture trop brutale de liens tissés pendant 46 ans.

Elle aurait offert aux Britanniques une sortie de crise après des mois d'incertitude et de disputes sur la forme du Brexit.

Une photo de la Première ministre britannique Theresa May diffusée par le Parlement le 29 mars 2019.
Photo: AFP/VNA/CVN

Theresa May a assuré qu'elle continuerait à "plaider en faveur d'un Brexit ordonné", mais a reconnu aussi que les députés devraient se mettre d'accord sur une "autre voie".

"Cet accord doit maintenant changer", a tonné le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn. "Et si la Première ministre ne peut l'accepter, elle doit partir. Pas à une date indéterminée, maintenant!"

Le rejet n'a entraîné qu'une baisse limitée de la livre, les investisseurs se montrant blasés du feuilleton parlementaire sur le Brexit. En revanche, les patrons britanniques ne décolèrent pas. "Le manège du Brexit continue de tourner mais cela fait longtemps que ce n'est plus marrant", a ainsi réagi Edwin Morgan, directeur général par intérim de l'organisation Institute of Directors.

Ironie de l'histoire, le vote a eu lieu le jour même où le Royaume-Uni aurait théoriquement dû quitter l'UE, ce vendredi 29 mars. Mais Londres avait obtenu des dirigeants européens un report pour sortir de l'impasse, au grand regret de nombreux Brexiters.

"Nous avons trop fait confiance au Parlement", "ils ont trahi" le référendum, s'est emportée Jan Bowman, 63 ans, participante d'une marche de protestation menée par l'eurodéputé et chantre du Brexit Nigel Farage, et qui rassemblait en fin d'après-midi quelques milliers de personnes devant le Parlement.

Prochain épisode: lundi 1er avril

Des partisans du Pro-Brexit affrontent la police devant Downing Street à Londres, le 29 mars 2019.
Photo: AFP/VNA/CVN

Dans une ultime tentative pour sauver son traité, Theresa May avait promis mercredi qu'elle quitterait ses fonctions s'il était approuvé, cédant aux appels d'élus de son camp qui conditionnaient leur soutien à sa démission.

Même si cette condition n'est pas remplie, la cheffe de l'exécutif, cible d'incessantes critiques ces derniers mois, est désormais plus que jamais sur la sellette.

"Le vrai problème, ce n'est pas seulement (ce) mauvais accord, c'est Theresa May", a taclé la députée anti-Brexit Anna Soubry, ex-conservatrice, fustigeant "l'obstination" de la Première ministre alors qu'était évoquée dans les milieux politiques la possibilité qu'elle présente son accord une quatrième fois.

Le sacrifice promis par Theresa May a certes convaincu certains eurosceptiques de rentrer dans le rang, comme son rival et ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, de crainte que le Brexit ne finisse par leur échapper.

Mais pas le petit parti nord-irlandais DUP, qui lui assure une majorité absolue au Parlement. "Nous ne pouvons être d'accord avec un texte qui pose un risque stratégique à l'union" de l'Irlande du Nord et de la Grande-Bretagne, avait proclamé sa cheffe Arlene Foster.

Contrairement aux deux précédents votes sur l'accord de divorce, le gouvernement avait cette fois décidé de ne présenter qu'une partie de celui-ci, le Traité de retrait, qui règle les questions de la frontière irlandaise ou la facture à régler par Londres, en écartant la Déclaration politique sur la future relation avec l'UE.

Le prochain épisode de la saga du Brexit aura lieu lundi 1er avril, les députés devant tenter de s'accorder sur une alternative au plan de Theresa May. Mercredi 27 mars, ils n'avaient réussi à réunir une majorité sur aucun des huit scénarios proposés.

AFP/VNA/CVN

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