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Statue de Ganesh au Musée de la sculpture Cham de Dà Nang (Centre). |
La statue de Ganesh, en grès, est d’une taille relativement modeste : 95 cm de haut, 48 cm de long et 34 cm de large. Elle fut exhumée en 1903 par les chercheurs de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), lors des fouilles au sanctuaire de My Son, province de Quang Nam (Centre). L’objet est conservé au Musée de la sculpture Cham de Dà Nang (Centre) depuis 1918.
Datant vraisemblablement de la période allant du VIe aux VIIIe siècles, il représente sans doute le dieu le plus vénéré en Inde. Fils du dieu Shiva et de la déesse Parvati, Ganesh est l’un des plus anciens dieux présents dans les temples hindouistes. Ce dieu, l’un des plus sacrés, qui supprime les obstacles, symbolise aussi la sagesse, l’intelligence, l’éducation et la prudence, le patron des écoles et des travailleurs du savoir.
Le culte de Ganesh est largement pratiqué dans la communauté hindoue en Inde, mais également au Sri Lanka, en Bangladesh, au Népal, etc. Au Vietnam, les œuvres mettant en valeur ce dieu appartiennent aux cultures Cham, Óc Eo
et Phù Nam (entre le Ier et le VIIe siècles) dans le Sud.
La statue représente Ganesh de manière traditionnelle, à savoir avec un gros corps d’enfant de couleur rouge possédant quatre bras et une tête d’éléphant à une seule défense. Ce "trésor national" est l’une des rares statues encore complètes gardant des traits originaux représentant l’ancien art sculpturale entre les VIe et VIIIe siècles.
Gajasimha, un animal hybride mythique
Élèves dessinant la statue de Gajasimha dans le Musée de la sculpture Cham de Dà Nang. |
La seconde statue représente le dieu Gajasimha. Également fabriquée en grès, elle mesure 215 cm de haut, 100 cm de long et 84 cm de large. C’est en 1933 qu’elle fut découverte par l’EFEO autour de la tour Mâm, dans la province de Binh Dinh (Centre). Elle est aussi préservée au Musée de la sculpture Cham de Dà Nang depuis 1935.
Dans la mythologie hindoue, Gajasimha est un animal sacré, apparaissant comme un lion à la tête d’éléphant. Celle-ci constitue l’emblème du pouvoir des dieux alors que le tronc de lion symbolise la force d’un roi. Gajasimha est placée à l’entrée des temples en tant que gardien. La statue au musée à Dà Nang est la plus grande et la mieux conservée parmi toutes celles représentant Gajasimha au Vietnam. Typique de l’art Cham pratiqué aux XIIe et XIIIe siècles, elle traduit la créativité de cette ethnie, reflétant son imagination et son habileté à combiner dans sa sculpture des formes différentes.
Hô Tân Tuân, directeur du Musée de la sculpture Cham de Dà Nang, espère que l’inscription de ces deux statues à la liste des objets appartenant au "Trésor national" permettra d’attirer l’attention du public sur la culture Cham. "Il s’agit de deux objets inestimables qui représentent la religion des anciens Cham", évalue-t-il. Ce n’est pas la première fois que les artefacts du musée sont reconnus en tant que "Trésor national". Les autels Trà Kiêu et My Son E1, la statue du bodhisattva Tara et l’autel Dông Duong 22.24 sont également présents dans cette liste.
Le gardien d’un passé éclatant
Aujourd’hui, le Musée de la sculpture Cham est un haut lieu où sont préservés des milliers d’objets de grande valeur en termes d’histoire, d’archéologie et d’art religieux. Situé en plein cœur de la ville de Dà Nang, il est considéré comme une halte instructive et attrayante, notamment pour les amateurs de l’histoire et de la sculpture Cham.
Construit dans les années 1915-1916 par l’EFEO, l’établissement s’appelait à ses débuts "Musée Henri-Parmentier" du nom de son fondateur, l’archéologue français Henri Ernest Jean Parmentier (1870-1949), spécialisé dans la culture Cham. Aujourd’hui encore, le musée garde toujours de nombreux objets découverts au cours des premières fouilles à la fin du XIXe siècle.
Ouvert au public en 1919 et abritant au début 190 pièces et objets, il s’est agrandi au fil du temps pour mettre en avant les collections enrichies durant les décennies suivantes. Les objets d’art qu’on y trouve sont principalement des vestiges Cham trouvés dans la partie littorale du Centre ainsi que dans le Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre).
Ayant subi de graves destruc-tions et pertes pendant la guerre, le musée a été restauré entre 1954 et 1975. Son espace d’exposition n’a cessé de s’élargir depuis pour atteindre aujourd’hui une surface de 2.000 m² sur un total de plus de 6.000 m². L’établissement conserve près de 2.000 objets en brique, bronze et grès notamment, constituant un panorama de l’art Cham allant du VIIe au XVe siècles.