Touristes français et américains au Vietnam

Ces dernières années, le secteur touristique a enregistré des succès remarquables. Le Vietnam est devenu une destination attrayante pour les étrangers, dont de nombreux Français et Américains.

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Le Vietnam souhaite attirer 13 millions de touristes étrangers cette année.
Photo : An Hiêu/VNA/CVN

Au cours de la dernière décennie, dans le sillage du Dôi moi (Renouveau) inauguré en 1986, le tourisme vietnamien a connu une croissance soudaine. En 2004, le nombre de touristes étrangers a atteint 3 millions. Parmi eux, beaucoup de Français et d’Américains forment une classe à part, c’est mon opinion personnelle. Ils viennent au Vietnam, certes, comme d’autres touristes, pour y passer leurs vacances, pour se divertir, pour voir le pays, pour s’évader en changeant d’horizon, etc. Mais il me semble que leur voyage est plus ou moins teinté d’affectivité.

L’une des deux guerres du Vietnam, ou les deux, aurait pu laisser des traces imperceptibles dans leur conscience ou leur inconscience, dans certains cas sous l’influence de parents ou amis qui avaient participé à la guerre. Plus d’un touriste français ou américain m’a posé la question : «Depuis que je suis au Vietnam, contre toute attente, je n’ai remarqué aucun signe d’hostilité. La population s’est montrée toujours accueillante envers nous autres, citoyens d’un ancien pays ennemi. Pourquoi cela ?».

La conception de Hô Chi Minh

La réponse n’est pas aisée. Elle demande une enquête sociologique élaborée avec le concours des Vietnamiens de toute condition et de tout âge. En qualité de journaliste et de chercheur culturel, je ne puis avancer que quelques raisons basées sur mon intuition et mes observations personnelles. La première serait l’impact d’une conception nationaliste et internationaliste de Hô Chi Minh, conception à la fois humaniste et réaliste : j’ai vu cette conception se traduire dans les faits par la politique de clémence à l’égard des prisonniers de guerre au cours de la Résistance contre la reconquête française (1946-1954). J’étais alors dans l’Armée populaire, chef du Bureau de rééducation des P.G. africains et européens. Notre tâche consistait à rédiger des documents pour montrer à ces soldats du Corps expéditionnaire qu’ils étaient, comme le peuple vietnamien, victimes d’une guerre injuste. Ils n’étaient que les instruments d’une agression qui ne profitait qu’aux fauteurs de guerre, magnats de la finance et de l’industrie alliés aux militaristes. Étant victimes, les P.G. devaient être traités correctement et éclairés sur le fond du problème. Ainsi, pas de guerre raciste, Hô Chi Minh faisait une distinction entre le peuple et ses gouvernants responsables. Son point de vue était confirmé par les manifestations populaires massives et orageuses des Français et des Américains pendant la guerre pour soutenir le peuple vietnamien.

Des visiteurs étrangers découvrent la ville de Dà Nang (Centre) en cyclo-pousse.
Photo : VNA/CVN

Tout cela n’est pas sans effet sur l’attitude des hommes du Vietnam à l’égard des voyageurs français et américains.

Cette attitude absente d’animosité s’explique aussi par une politique traditionnelle en vue de la survie nationale. Pendant l’époque féodale, le petit Vietnam a dû mener plus d’une dizaine de guerres contre le géant chinois pour défendre son indépendance. Après chaque guerre, il avait tout de suite tendu la main à l’ancien adversaire pour vivre en bons termes avec lui et se développer dans la paix. Cette ligne de conduite conciliante s’est maintenue pendant la période contemporaine, avec les puissances occidentales.

«Appel aux âmes errantes»

La troisième raison est d’ordre spirituel. Selon nos anciennes croyances, les militaires tombés sur le champ de bataille sont condamnés à subsister dans le Royaume des Ombres comme des âmes errantes, ainsi que tous ceux qui périssent de malemort ou meurent sans laisser d’enfant pour perpétuer leur culte.

Chaque année, au 15e jour du 7e mois lunaire, une cérémonie est célébrée pour leur absolution. Tous ceux tués en pleine guerre, amis et ennemis, bénéficient de la compassion de Bouddha. Dans son pathétique oraison funèbre «Appel aux âmes errantes», rédigée à l’occasion de cette cérémonie, le grand poète Nguyên Du (XVIIIe siècle) a médité sur la vanité des choses de ce monde et la miséricorde bouddhique. Profondément touchée par ce long poème et la cérémonie des âmes errantes, mon amie Kristin Pelzer (Université de Hawaii) a voulu organiser une cérémonie à laquelle participeront Américains et Vietnamiens pour consoler les âmes de tous ceux enlevés par la guerre du Vietnam.

Huu Ngoc/CVN
Juin 2005

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