Tourisme expérientiel : cette autre façon de voyager

Le tourisme expérientiel a le vent en poupe dans les provinces montagneuses du Nord du Vietnam. Il permet de faire vivre aux touristes une expérience authentique tout en générant des retombées pécuniaires substantielles aux habitants locaux.

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Sous la chaleur étouffante de l’été, une dizaine de jeunes étrangers essaient de labourer des rizières au village de Lao Chai, bourg de Sa Pa, province montagneuse de Lào Cai. Pieds nus dans la boue épaisse, ils suivent un buffle et essaient tant bien que mal de guider la charrue.

Beaucoup de jeunes s'intéressent au tourisme expérientiel.

«Il fait trop chaud», se plaint Tomy, un touriste australien. Le visage ruisselant de sueur, il dirige d’une main de maître le buffle. Anna, un autre membre de son groupe, attend son tour. Impatiemment. Expérimenter ce qu’est le métier de paysan de montagne, en voilà un beau souvenir de voyage. Ancré à vie dans la mémoire.
Un peu plus loin, d’autres étrangers remblaient des diguettes, nivèlent la surface de la rizière. Les coups de pioche ne sont pas précis comme ceux de vrais paysans, mais pleins de fougue. Cindy (21 ans) et Sofia (23 ans), deux Canadiennes, sont à la peine. Elles décident de choisir un travail plus léger : ramasser les mauvaises herbes.
Après deux heures, la rizière de près de 500 m² est labourée. Huit touristes sont mobilisés pour puiser de l’eau avec une écope et la remplir. «Ce job est bien plus fatiguant qu’un exercice de gym, partage Akira. Mais nous sommes très heureux de cette expérience car nous pouvons mieux comprendre la vie d’un riziculteur vietnamien». Une expérience qu’elle ne vivra sans doute qu’une fois dans sa vie…
Giàng A Chua, patriarche du village de Lao Chai, observe d’un œil amusé ces curieux paysans d’un jour. Il ne cache pas son admiration. «Je pensais qu’ils ne pourraient pas faire ces travaux-là. Mais si, ils se sont bien débrouillés», apprécie-t-il. Le patriarche invite les jeunes à déguster des tasses de thé.
Des expériences authentiques

Un touriste essaie d'utiliser la faucille.

Pour beaucoup de touristes, notamment de jeunes, voyager ne se limite pas à visiter des sites, admirer des paysages. Ce qu’ils veulent, ce sont des expériences culturelles authentiques, mémorables et personnelles qui stimulent les sens et créent des liens sur le plan émotionnel, spirituel ou intellectuel. C’est l’essence du tourisme expérientiel.
Autre lieu, autre expérience. Un «resort» à Luong Son, province de Hoà Binh, propose, à côté de ses services de luxe comme piscine, spa et sauna, des séances de récolte du riz à la faucille avec les paysans Muong des environs. «C’est la première fois que je récolte du riz. Les villageois m’expliquent comment utiliser les faucilles. Ils sont très sympas. Ce sera un magnifique souvenir pour moi», partage Pauline. La principale difficulté ? «La chaleur écrasante. Je n’arrive pas à m’habituer à ce climat», déplore-t-elle. Ces expériences sont totalement différentes de ce qu’elle a vécues dans d’autres sites touristiques. Elle a pu découvrir de l’intérieur une facette de la vie de l’ethnie Muong, en étant acteur et pas simple spectateur.
Le développement du tourisme expérientiel contribue largement à améliorer les conditions de vie des habitants concernés. La famille de Vua Thi Mân et Giàng A Pao, du village de Lao Chai, a souvent accueilli ces 5 derniers mois des groupes d’étrangers. «Les sommes gagnées sont nettement supérieures à celles de la production agricole», souligne Giàng A Pao. Le village de Lao Chai a 4 familles proposant ce genre de services.
Au village de Ta Van, un site touristique renommé du bourg de Sa Pa, province de Lào Cai, beaucoup de locaux coopèrent avec les voyagistes pour développer le «homestay» (séjour chez l’habitant). «En accueillant un groupe de 10-20 voyageurs, les locaux gagnent environ 2 millions de dôngs. Une sacrée somme dans ces montagnes», souligne un guide.

Texte et photos : Vân Anh/CVN

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