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Le prodige néerlandais Mathieu van der Poel vainqueur du Tour des Flandres à Audenarde, le 18 octobre. |
Le duo, échappé avec le champion du monde Julian Alaphilippe, qui a lourdement chuté en percutant une moto de l’organisation, s’est disputé au sprint la victoire, décrochée par Mathieu van der Poel, 34 ans après son père Adrie.
Les deux immenses favoris de ce Ronde se sont détachés à l’initiative d’une attaque d’Alaphilippe à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée.
Seul Mathieu van der Poel l’a suivi. Le Belge Wout van Aert qui avait manqué ce mouvement de course décisif a fait l’effort seul et rejoint le trio dans la côte pavée du Taaianberg.
L’énergie dépensée à ce moment, conjuguée à sa chute sans gravité à un peu plus d’une centaine de kilomètres de la ligne, lui a sans doute coûté la victoire.
Van Aert, idéalement placé en deuxième position dans le dernier kilomètre, a lancé le sprint sans parvenir à surprendre le Néerlandais.
Dans le dernier hectomètre, le petit fils de Raymond Poulidor, aux coudes à coudes avec Van Aert, a grignoté les quelques centimètres d’avance pris par son rival de toujours. Celui avec qui il s’est partagé les six derniers titres mondiaux de cyclo-cross (trois chacun).
Alaphilippe, attaque et chute
Le Français Julian Alaphilippe au sol après une lourde chute sur les routes du Tour des Flandres, le 18 octobre à Audenarde. |
L’histoire aurait pu être différente sans la chute de Julian Alaphilippe, qui l’a laissé avec des fractures au poignet droit et contraint à abandonner son premier Tour des Flandres. Moins rapide que les deux autres au sprint, le puncheur français aurait été obligé de passer à l’offensive.
C’est déjà lui qui avait lancé véritablement la course dans le Koppenberg à 45 longueurs de la fin avec une accélération qui a écrémé le peloton à trente unités à peine.
Mais, alors qu’il était isolé à l’avant avec le duo, le porteur du maillot arc-en-ciel est passé par dessus son vélo, retombant lourdement sur le dos, à la suite d’une collision avec une moto de l’organisation à 35 kilomètres de l’arrivée.
"Après, on a roulé aussi fort que possible, raconte Mathieu van der Poel. Ça a été tout de suite clair que ça finirait au sprint à deux. On a augmenté l’écart petit à petit. Et puisqu’on pensait chacun être le plus rapide au sprint, il n’y a pas eu d’attaque".
MVDP a soldé les comptes sur la ligne, une semaine après les critiques du Belge à son encontre.
"Apparemment, il préfère que je perde plutôt que de gagner lui-même. Il a peut-être oublié que j’ai déjà beaucoup gagné", avait lancé à l’arrivée de Gand-Wevelgem van Aert, mécontent du traitement spécial que lui a réservé Mathieu van der Poel.
Le Norvégien Alexander Kristoff, le plus rapide du groupe de contre, complète le podium comme l’an passé, quand il avait devancé parmi les battus... Mathieu van der Poel.
Ronde méconnaissable
Malgré sa quatrième place, c’était pourtant déjà le fils d’Adrie van der Poel, victorieux du Ronde en 1986, qui avait fait la plus forte impression. Quelques semaines avant son premier grand succès sur route, l’Amstel Gold Race.
Tombé après une crevaison à 50 kilomètres de l’arrivée (le pire moment dans le Tour des Flandres), il avait remonté un à un les coureurs éparpillés sur les monts des Ardennes flamandes pour revenir sur le groupe de tête, sans suivre l’attaque décisive d’Alberto Bettiol.
L’année suivante, à 25 ans, le voilà enfin sacré sur un Monument, lui le dernier né d’une lignée du cyclisme.
Cette victoire du fils d’Adrie van der Poel et petit-fils de Raymond Poulidor conclut cette saison des classiques, chamboulée par le COVID-19, après l’annulation de Paris-Roubaix, prévu le dimanche 18 octobre suivant pour raisons sanitaires.
Un contexte qui a délavé sur la grand messe du cyclisme belge, privée dimanche 18 octobre de son million de fidèles sur le bord de la route. Les spectateurs étant bannis des départ, arrivée, monts et sections pavés, les rassemblements limités à quatre personnes ailleurs.
Sans les habituelles silhouettes déchaînées sur ses bords, le Vieux Quaremont était méconnaissable. Pas de quoi freiner un van der Poel imperturbable, qu’importe le public ou les mots de van Aert.