Gilets jaunes
Toulouse émaillé de heurts

Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont émaillé samedi 13 avril le rassemblement de quelque 4.500 "gilets jaunes" à Toulouse, selon la police, alors que la Ville Rose était proclamée "capitale" du mouvement pour son 22e acte.

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Engin de chantier incendié le 13 avril 2019 à Toulouse lors du rassemblement des "gilets jaunes".

Peu après 20h00, la préfecture de Haute-Garonne dénombrait 14 blessés "en urgence relative", dont "un représentant des forces de l'ordre", 11 manifestants et deux passants.

Par ailleurs, 37 personnes ont été interpellées dans le centre, notamment pour des jets de projectiles, dégradation ou port d'arme.

La préfecture précise que "parmi ceux-ci", plusieurs personnes ont été interpellées sur le fondement de la nouvelle loi anti-casseurs "pour dissimulation volontaire du visage".

La tension est montée très vite, moins d'une heure après le début du cortège sur une grande avenue menant au centre historique.

Les manifestants s'y sont heurtés à des barrages des forces de l'ordre qui ont avancé pour les cantonner, tirant gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes.

Des "individus habillés en noir, masqués ou cagoulés, équipés, ont pris à partie les forces de l'ordre avec de multiples jets de projectiles et feux d'artifices", a affirmé la préfecture, chiffrant à "plusieurs centaines de personnes les profils violents".

Sans parcours défini, les manifestants ont pendant plusieurs heures après les premiers incidents circulé en ville, resserrant régulièrement leurs rangs pour être alors dispersés par la police qui a notamment fait usage de canons à eau.

Des affrontements sporadiques ont aussi opposé les forces de l'ordre à des petits groupes isolés de fauteurs de trouble. Une remorque de chantier puis plus tard une camionnette et un scooter ont été incendiés, tandis qu'une moto de police, du mobilier urbain et des vitres ont été dégradés.

À 18h00, le calme était globalement revenu mais avec encore des groupes de manifestants refusant de quitter la rue et des échauffourées sporadiques.

"Déception" et "ras le bol"

"Vous avez vu: tout se passait bien et ils nous gazent", s'est indigné auprès de l'AFP Fly Rider-Maxime Nicolle, une des figures du mouvement.

La manifestation des "gilets jaunes", non déclarée, avait été interdite sur la place du Capitole, dans le centre historique, mais non sur le parcours où les premiers heurts ont éclaté.

"J’ai décidé de venir car il y avait un appel national" à faire de Toulouse l'épicentre de cet acte 22, "mais je suis déçu de cette réponse", a ajouté M. Nicolle.

Il a dénoncé comme une "campagne de com’ à 12 millions" le grand débat lancé par l'exécutif, et dont le chef de l'État Emmanuel Macron doit tirer les leçons ces prochains jours.

Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc a pour sa part exhalé dans un tweet son "ras-le-bol de voir une toute petite minorité qui impose sa loi à la majorité des citoyens".

Tradition politique contestataire, croissance économique et pression démographique éloignant les moins aisés du centre, fortes inégalités régionales: Toulouse est l'une des places fortes du mouvement des "gilets jaunes" depuis son lancement le 17 novembre.

Un record national de mobilisation y avait été enregistré à la mi-janvier, avec 10.000 manifestants officiellement recensés par la préfecture.


AFP/VNA/CVN

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