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L'explosion s'est produite vendredi soir 10 avril dans le parking du Central Festival, alors que les clients étaient nombreux à faire leurs achats, en cette veille de longue week-end férié au "pays du sourire", qui accueille des millions de vacanciers chaque année, notamment à Koh Samui, une des îles les plus touristiques du sud du pays.
Des touristes s'apprêtent à embarquer sur un ponton de l'île de Koh Panyee, dans le sud de la Thaïlande, le 2 octobre 2014. |
Selon la police, la bombe avait été placée dans un pick-up volé à Yala, l'une des trois provinces à majorité musulmane du Sud du pays, touchée par une insurrection qui a fait des milliers de morts depuis une dizaine d'années. "Il s'agit d'une voiture piégée, mais nous ne pouvons confirmer le type de matériel explosif qui a été utilisé", a déclaré à l'AFP le général Prawit Thavorn Siri, porte-parole de la police nationale.
"Sept personnes ont été légèrement blessées après avoir été touchées par des éclats", avait auparavant indiqué le colonel Apichart Boonsboro, commandant de police de la province de Surat Thani. Elles sont toutes sorties de l'hôpital.Parmi les blessés, figurent six Thaïlandais et une adolescente italienne de 12 ans, a déclaré de son côté Poonsak Sophonsasmorong, membre du bureau de prévention des catastrophes de Koh Samui.
Des démineurs examinaient samedi 11 avril les débris de l'explosion, à la recherche d'indices leur permettant d'en savoir plus sur les responsables de l'attaque, qui survient alors que la junte au pouvoir tente de rassurer les touristes sur les conditions sécuritaires dans le pays.
Baisse du tourisme
Depuis le coup d'État militaire de mai dernier, le tourisme, pilier de l'économie, souffre des conséquences de la crise politique. En 2014, un peu plus de 24,7 millions de touristes ont visité le pays contre 26,5 millions l'année précédente.La semaine dernière, la junte au pouvoir a levé la loi martiale, qui éloignait notamment les touristes asiatiques, la remplaçant par un décret octroyant des pouvoirs étendus à l'armée.
Pour l'heure, aucune piste n'est privilégiée, dans un contexte politique tendu, en raison des fortes restrictions aux libertés publiques par les militaires, au pouvoir depuis mai 2014. Les autorités ont ainsi accusé début mars les Chemises rouges, puissant mouvement populaire de soutien au gouvernement déchu par le coup d'Etat, de fomenter un vaste plan de déstabilisation du régime, leur imputant l'explosion d'une grenade à Bangkok. Deux petites bombes avaient auparavant explosé devant un centre commercial de Bangkok, le 1er février, sans faire de blessés. À ces tensions politiques, s'ajoute un vieux conflit séparatiste dans l'extrême-sud musulman du pays.
Les provinces frontalières de la Malaisie, à quelques centaines de kilomètres de Koh Samui, sont le foyer d'un conflit opposant forces de l'ordre et insurgés d'ethnie malaise et de religion musulmane, qui s'estiment victimes de discrimination dans un pays essentiellement bouddhiste. Depuis 2004, le conflit a fait plus de 6.300 morts, bouddhistes et musulmans, majoritairement civils, dans des explosions quasi quotidiennes, fusillades ou opérations des forces de l'ordre, mais le conflit, très localisé, reste peu connu à l'international. Pour les experts, c'est en partie parce que les insurgés, qui réclament une plus grande autonomie, n'ont pas commis d'attaques dans les lieux touristiques les plus fréquentés de Thaïlande.
La junte a déclaré tenter de redémarrer les pourparlers de paix avec la mosaïque de groupes de combattants agissant dans cette région rattachée à la Malaisie jusqu'au début du XXe siècle et où la Thaïlande a mené une politique d'assimilation des musulmans autochtones à marche forcée. Mais aucune date n'a été annoncée, et les associations de défenses des droits affirment que les meurtres de civils et les abus commis par les forces de sécurité se poursuivent.