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Elon Musk, PDG de Tesla et de SpaceX, à Washington le 19 juillet 2017. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Mais où est l'argent? La question est sur toutes les lèvres dans les milieux financiers américains, gagnés par le scepticisme malgré l'aura dont jouit M. Musk, qui a fondé Tesla en 2003 afin de transformer la voiture en un bijou technologique et écologique.
Mardi 7 août, l'entrepreneur a tweeté "financement sécurisé" mais n'a toujours pas apporté la preuve qu'il détenait déjà les fonds pour réaliser la transaction, dont le coût pourrait s'élever à au moins 50 milliards de dollars s'il conservait sa participation de 20%.
La voie classique pour retirer une entreprise de la cote est un LBO (leverage buy out), c'est-à-dire qu'une société externe ou des fonds d'investissements rachètent les actions en circulation avec de l'argent emprunté le plus souvent auprès des banques ou d'investisseurs avec des poches pleines.
Aucune des six grandes banques américaines n'a promis des milliards de dollars à Elon Musk, dont elles ont découvert le projet sur Twitter mardi 7 août, ont affirmé à l'AFP plusieurs sources bancaires.
Il est peu probable qu'un établissement de Wall Street prenne le risque d'apporter son soutien à Tesla, qui brûle un milliard de dollars environ par trimestre et n'a jamais été rentable sur une année entière en quinze ans d'existence, renchérit un autre banquier.
Enquête du gendarme de la bourse
Les taux d'intérêt d'une dette contractée l'an dernier par Tesla ont, selon cette dernière source, atteint des niveaux élevés, ce qui est un poids financier supplémentaire pour une entreprise qui ne disposait que de 2,24 milliards de dollars de cash fin juin.
Tout créancier potentiel devra par ailleurs se poser la question de savoir comment Tesla, une fois hors des radars des marchés, financera ses opérations en cas de problème avec ses fournisseurs, expliquent les deux banquiers.
La SEC, le gendarme de la Bourse américain, a ouvert une enquête et demandé expressément à Tesla si l'affirmation de M. Musk était bien "réelle".
Une loi de 1934 de la SEC interdit à des dirigeants d'entreprise de faire des annonces sur des achats ou ventes d'actifs s'ils n'ont ni l'intention de le faire ni les moyens de leurs ambitions car cela équivaudrait à une manipulation du cours de bourse.
Tesla fait l'objet d'attaques de spéculateurs qui ont parié sur la chute de l'entreprise et ont par conséquent perdu plus de 4,4 milliards de dollars depuis janvier suite au bond en Bourse des titres du groupe automobile, selon les calculs du cabinet S3 Partners. Deux spéculateurs ont d'ailleurs assigné le constructeur et son fondateur en justice vendredi 10 août.
Le constructeur de véhicules électriques fait l'objet d'attaques de spéculateurs qui ont parié sur la chute de l'entreprise. |
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Quitter la bourse en catimini?
"Peut-être (Elon Musk) a-t-il des investisseurs qui le soutiennent et peut-être est-il certain qu'ils vont tout faire pour lui trouver les fonds", avance Nicholas Colas, co-fondateur de DataTrek Research.
M. Musk, qui rêve d'envoyer des touristes sur la Lune et de relier en un temps record des grandes villes par des trains futuristes, est respecté dans la Silicon Valley où il pourrait solliciter des fonds de capital-risque (venture capital).
L’entrepreneur, reconnu comme l'un des innovateurs les plus en pointe aux Etats-Unis, peut aussi frapper à la porte de fonds souverains comme celui d'Arabie saoudite, qui vient de prendre entre 3% et 5% du capital de Tesla.
Les banquiers de JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Morgan Stanley et Citigroup réfléchissent par ailleurs à divers montages financiers, selon des sources bancaires.
Un des schémas porte sur une transaction qui réduirait considérablement le nombre d'actionnaires en convainquant les petits porteurs de céder leurs titres. Il n'y aurait ainsi plus de capital flottant, ce qui conduirait au retrait en catimini de Tesla de la Bourse même si le titre continuerait à s'échanger sur les marchés de gré à gré.
AFP/VNA/CVN