>> Le président de la Fed avertit que les taux risquent de repartir à la hausse
>> États-Unis : la Fed relève ses taux de 25 points de base
Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, à Washington, le 26 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le point d'orgue de la grand-messe des banquiers centraux commence à 14h00 GMT avec un discours du président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, forcément très attendu par les marchés.
Les investisseurs guettent des indications sur la direction que devrait prendre la Fed lors de sa prochaine réunion, fin septembre.
En pratique, la rencontre doit s'intéresser aux "Changements structurels dans l'économie mondiale", selon son thème affiché, mais pour les experts, toute indication sur l'évolution de la politique monétaire sera particulièrement scrutée.
"Le principal point à retenir du discours, selon moi, sera essentiellement de voir l'importance qu'il donnera à l'idée de garder les taux plus élevés et plus longtemps", estimait ainsi en début de mois devant la presse le président du Peterson Institute for International Economics, Adam Posen.
Car depuis 18 mois, la Fed est restée concentrée sur son objectif: augmenter ses taux rapidement afin d'empêcher que les anticipations d'une inflation durablement élevée ne s'enracinent, avec d'importants risques pour l'économie à la clé.
Résultat, depuis mars 2022, l'institution a augmenté onze fois ses taux, pour les faire passer d'un niveau proche de zéro à une fourchette comprise entre 5,25% et 5,50%.
L'inflation a, elle, pris le chemin inverse, avec d'abord un pic en juin 2022, autour de 9% puis une décrue constante depuis, pour revenir à 3% en juin, selon l'indice PCE, celui qui est privilégié par la Fed.
La cible des 2% d'inflation est désormais en vue mais l'ensemble des analystes s'accordent à dire que cette dernière étape pourrait être la plus difficile.
Du côté de la Banque centrale européenne (BCE) dont la présidente Christine Lagarde interviendra également à Jackson Hole vendredi en début d'après-midi, la question est sensiblement la même.
Partie un peu plus tard, la BCE a augmenté ses taux pour la première fois mi-juillet 2022, pour enchaîner huit hausses depuis et les porter à 3,75%, un record depuis le printemps 2001.
Marchés en quête d'un signe
Mais la situation dans la zone euro reste plus compliquée, avec une inflation qui ralentit lentement, située à encore 5,3% en juillet et surtout une importante disparité entre les pays. La hausse des prix est repassée sous la cible des 2% en Espagne ou en Belgique mais encore bien supérieure en Allemagne ou France, et même au-delà des 10% en Slovaquie.
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, à Francfort. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des deux côtés de l'Atlantique, la possibilité d'une pause est envisagée sérieusement. Côté Fed, Jerome Powell a répété la nécessité désormais de se baser sur les données économiques à mesure que la cible se rapproche.
Et les opinions sont variées parmi les membres du Comité monétaire de la Fed (FOMC). Certains, à l'image d'Austan Goolsbee de l'antenne de la Fed de Chicago, considèrent que l'essentiel est fait. D'autres, comme Michelle Bowman, une des gouverneurs, appellent au contraire à la poursuite de la hausse.
Mais les données macro-économiques incitent plutôt les banques centrales à poursuivre leur politique monétaire actuelle : malgré une remontée forte et rapide des taux, les économies restent résilientes, en particulier aux États-Unis, et le chômage faible.
Suffisant pour envisager une nouvelle hausse des taux en septembre du côté de la Fed ? Pas nécessairement pour les marchés, qui anticipent à 80% une nouvelle pause lors de la réunion du 20 septembre, selon les données de CME Group.
Mais ils chercheront à en trouver des indices dans le discours de Jerome Powell qui "devra choisir entre repousser ou embrasser l'idée du +plus élevé plus longtemps+ à Jackson Hole", estiment ainsi les économistes de Citigroup dans une note.
"Nous pensons que le ton de M. Powell sera moins équilibré que dans le compte-rendu de la réunion de juillet, dans la mesure où les dernières données pointent vers un risque de remontée de l'inflation", jugent pour leur part leurs collègues de Bank of America.
AFP/VNA/CVN