C'est l'école du maître Vo Thanh Tùng, qui compte 30 élèves, filles et garçons, âgés entre 7 et 17 ans. Ils s'entraînent tous les jours, vers 17h45 et jusqu'à 20h00.
Nguyên Van Son, collégien, raconte qu'il a été admis à l'école du maître Vo Thanh Tùng il y a quelques mois. Pour ce jeune, apprendre le taekwondo lui permet de garder une bonne santé et de pouvoir aider les personnes sans aucun appui. Le jeune maître de 27 ans dit souvent à ses élèves que celui qui porte assistance aux autres est un héros. Une autre élève de l'école, Pham Thi Mông, lycéenne, rêve quant à elle de devenir professeur de taekwondo.
Vo Thanh Tùng se passionne pour les arts martiaux depuis sa plus tendre enfance. Il évoque des souvenirs impérissables, notamment lorsqu'il suivait des groupes de pratiquants d'arts martiaux ambulants pendant des journées entières, à chaque fois que ces hommes se rendaient dans sa région. De retour à la maison, le petit Tùng, à l'aide du bâton qu'il avait fabriqué de ses propres mains, se mettait alors à exécuter les mouvements qu'il avait mémorisés. À 9 ans, le jeune apprenti fut envoyé par ses parents suivre les enseignements d'une école d'art martial du village. Toutefois, cette école dut fermer ses portes quelques mois après, un évènement que l'élève sourd-muet regretta beaucoup.
À 14 ans, Vo Thanh Tùng se rendit au chef-lieu de Trà Vinh pour faire ses études dans une école réservée aux handicapés. En passant au Centre provincial de l'éducation physique et des sports, l'adolescent a pu voir l'entraîneur Trân Ngoc Thanh dispenser un cours de taekwondo à ses élèves. À la fin de la séance, Vo Thanh Tùng lui fit un signe demandant au maître la permission de suivre ses cours. Mais le maître en question ne comprit alors pas sa requête et lui fit "non" de la tête. Après quelques conversations, en vain, le jeune sourd-muet fondit en larmes. C'est à ce moment précis que l'entraîneur comprit cet élève si spécial et accepta de le recevoir.
D'après le maître Trân Ngoc Thanh, son apprenti est intelligent et saisit vite les techniques. Autre trait qui fait de lui quelqu'un de spécial, c'est qu'il exécute les positions de taekwondo avec perspicacité. Fort de ces qualités, Vo Thanh Tùng fit rapidement des progrès. Entre 2001 et 2004, le jeune homme remporta plusieurs tournois de taekwondo de sa province.
Pratiquer les arts martiaux et devenir utile à la société
En 2002, Vo Thanh Tùng retourna à son village pour aider sa famille à développer la production agricole. Occupé par les travaux champêtres, l'élevage..., le paysan Vo Thanh Tùng n'abandonne pas sa passion pour le taekwondo. Il s'adonne aujourd'hui à son art martial tous les après-midi. Ses voisins, qui l'admirent beaucoup pour sa persévérance, lui ont confié leur progéniture. Le maître a su surmonter les obstacles provenant de son handicap pour transmettre son art martial à ses élèves. Pour chaque technique, il exécute et répète les mouvements de sorte que les apprentis la saisissent correctement. L'école du maître Vo Thanh Tùng enregistre jour après jour de nouvelles inscriptions. Nombre de ses apprentis, issus de milieu défavorisé, bénéficient de cours gratuits. Pour les autres élèves, le maître ne perçoit que 30.000 dôngs par mois au maximum comme frais d'étude.
Le maître a fait part du règlement de son école selon lequel les élèves ne peuvent avoir recours à leur art martial uniquement dans le but de se défendre et de porter secours aux personnes en danger. Les apprentis doivent être polis, tant dans leur attitude que dans leur vocabulaire, et apprendre par cœur les leçons. En 9 ans d'enseignement, le maître Vo Thanh Tùng a formé des centaines d'élèves. Il les emmène aux examens du Service provincial de l'éducation physique et des sports. Ses élèves sont titulaires de la carte d'apprenti de ce service, et plusieurs d'entre eux ont décroché des médailles dans le cadre de compétitions provinciales. La plus belle des récompenses pour le jeune maître qui donne ses cours avec une passion et une éthique absolument irréprochables.
Thanh Tâm/CVN