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Au XIXe siècle, sous la dynastie des Nguyên, le tuông occupait une place importante dans la vie culturelle de la royauté. |
Photo : Minh Duc/VNA/CVN |
Le théâtre traditionnel vietnamien compte deux sortes d’opéra : le chèo ou opéra populaire, et le tuông ou opéra classique. Le chèo, né dans le delta du fleuve Rouge, est un genre authentiquement vietnamien qui n’a fleuri que dans le Nord du pays.
Le tuông est un genre savant, autrefois pratiqué par la Cour royale, l’aristocratie et les lettrés. Ce qui ne l’empêchait pas d’être très populaire. Dans beaucoup de villages, on jouait du tuông à l’occasion des fêtes ; il y avait des troupes itinérantes et même des familles entières constituant des troupes d’amateurs. Le tuông ou tuông pho se subdivise en deux branches : le tuông chính, opéra classique orthodoxe proche de la tragédie, mettant en scène les nobles personnages de la Cour, et le tuông dô (opéra classique du peuple), né dans le Sud à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe, comédie satirique usant du langage populaire pour critiquer les classes supérieures.
Tuông, partie intégrante du patrimoine vietnamien
Nous traitons dans cet article du tuông chính, opéra classique connu encore sous le nom de hát bôi(1) ou hát bô(2).
On a beaucoup discuté sur l’origine du tuông. Vietnamienne ou chinoise ? Quelles sont ses caractéristiques ? Pham Phú Tiêt (1890-1980), fin lettré et grand érudit dans le domaine du tuông(3), nous a beaucoup éclairé à ce sujet.
Le tuông inclut danse, chant, récit et musique. |
Photo : Minh Duc/VNA/CVN |
Certains chercheurs chauvins prétendent que le tuông est d’origine indigène et qu’il n’est pas apparenté à l’opéra de Pékin. Ils croient pouvoir ainsi défendre la pureté et l’indépendance de l’identité culturelle vietnamienne.
Je pense que le problème est mal posé. Que notre tuông relève du théâtre de Pékin ou non, qu’il soit influencé par le théâtre chinois, ce n’est pas là le problème essentiel. L’essentiel est que le tuông soit devenu un genre vietnamien, qu’il fasse partie intégrante du patrimoine vietnamien et que depuis sept cents ans, des centaines de générations de Vietnamiens aient aimé, joué et goûté le tuông. Le théâtre traditionnel vietnamien avait existé sans doute à l’état embryonnaire dès le Xe siècle, après la reconquête de l’indépendance nationale au terme d’une domination chinoise de dix siècles.
À la recherche du passé
C’étaient des sketchs rudimentaires de mimique (trò nhai) devenus sketchs comiques (trò hê). Au XIe siècle, le roi Lê Long Dinh avait un groupe de bouffons. Sous les Lý (1010-1225), la Cour entretenait des troupes d’acteurs professionnels. Mais ce n’est qu’au XIIIe siècle, sous les Trân, que fut introduit l’opéra chinois grâce à l’enseignement donné par un prisonnier de guerre de l’armée d’invasion mongole, Lý Nguyên Cát, à la Cour et aux nobles du Vietnam. Le tuông, une fois né, a connu un développement rapide, puis ralenti au XVe siècle en raison de la politique royale de discrimination à l’égard des comédiens considérés comme parias. Pendant les trois siècles de sécession du pays (XVIe-XVIIIe siècle), le tuông s’est propagé et épanoui dans la seigneurie du Sud, en particulier grâce à Dào Duy Tu, éminent homme d’État et lettré épris de tuông (XVIIe siècle). Sous les Nguyên (XIXe siècle), ce fut l’âge d’or du tuông (tuông de Huê) du fait que les rois (Minh Mang, Tu Duc), passionnés de tuông, avaient fait construire des théâtres royaux servis par des troupes royales. La colonisation française (1884-1945) freina cet essor.
Quelles sont les caractéristiques du tuông ? Une comparaison sommaire avec le théâtre chinois, le théâtre classique français du XVIIe siècle, les théâtres de Shakespeare, de Brecht, de Stanislavski, nous permet d’en dégager certains traits.
Huu Ngoc/CVN
(Avril 2002)
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(1). Sur le hát bôi, il y a au moins deux interprétations : théâtre avec beaucoup de (bôi) rôles (Truong Vinh Ky) ; le terme sino-vietnamien bài uu (acteur de théâtre) déformé par la prononciation vietnamienne aurait donné bôi (à l’origine bài).
(2). Bô = geste. Hát bô = théâtre basé sur les gestes.