Schengen veut s'adapter aux menaces à ses frontières extérieures

Les pays membres de l'espace Schengen se sont entendus le 7 juin à Luxembourg sur la possibilité de rétablir, de façon temporaire, les contrôles aux frontières nationales en cas de pression migratoire incontrôlable à une de leurs frontières extérieures, a annoncé la présidence danoise de l'UE.

Le ministre de l' Intérieur  français Manuel Valls (gauche) serre la main de la ministre de la Justice suédoise, Beatrice Ask, lors de la réunion sur l'espace Schengen, le 7 juin à Luxembourg. Photo : AFP/VNA/CVN

Il s'agit d'une "mesure extrême, dont la mise en œuvre est soumise à des conditions très strictes", assurent les dirigeants français et allemands qui l'ont réclamée.

"Nous avons accepté le compromis présenté par la présidence danoise car il permet de faire face à des situations graves qui peuvent arriver", a expliqué le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, citant en exemple les possibles conséquences de la crise en Syrie.

"La situation à la frontière gréco-turque montre que l'on a besoin d'un mécanisme d'action très claire dans l'espace Schengen", a pour sa part souligné la ministre autrichienne de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner.

Les États ont déjà la possibilité de rétablir temporairement des contrôles à leurs frontières nationales pour des raisons de sécurité et d'ordre public. La Pologne vient de le faire pour l'Euro-2012 de football.

Mais rien n'était prévu en cas de pression migratoire incontrôlable entraînant une défaillance dans le contrôle d'une frontière extérieure de l'Espace, comme c'est le cas actuellement en Grèce.

L'accord déplait à la commissaire européenne en charge des Affaires intérieures Cecilia Malmström. "Ce n'est pas un mécanisme européen", a-t-elle dénoncé. "Cet accord nous met à la merci de pressions populistes" dans les États, a-t-elle ajouté.

Le Parlement européen a également dénoncé la décision "unilatérale" des ministres de l'Intérieur. "La libre circulation dans un espace sans frontière intérieure est un des piliers de l'UE", a affirmé le président du Parlement européen, Martin Schulz.

"Face à des situations de crise, à des situations exceptionnelles, les États membres de Schengen doivent pouvoir retrouver leur souveraineté", a répondu le ministre français. Il a également souligné que "dans de tels cas, les États doivent décider ensemble, pas de manière unilatérale".

"L'accord donne à la Commission le rôle qui doit être le sien, faire des propositions, et il préserve les compétences des États dans des domaines qui sont très sensibles", a-t-il ajouté.

"La décision finale reste aux États membres, parce que nous sommes responsables de la sécurité de nos citoyens. C'est très important pour tous les ministres de l'Intérieur", a pour sa part insisté le ministre de l'Intérieur allemand Hans-Peter Friedrich.

L'accord prévoit un mécanisme d'évaluation pour prévenir les crises et la possibilité pour les États membres de Schengen de rétablir des contrôles à leurs frontières nationales "pour une durée de six mois pouvant être prolongée de six mois supplémentaires", "lorsque le contrôle d'une frontière externe de l'Espace n'est plus assuré à cause de circonstances exceptionnelles".

"Cela doit être en tout dernier ressort, une fois que tout ce qui a été tenté pour remédier à la situation a échoué, et il doit s'agir de circonstances exceptionnelles", a insisté Mme Malmström.

XINHUA/VNA/CVN

 

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