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L’île de May, en Écosse, héberge de nombreux macareux adorables et constitue une réserve naturelle nationale. |
Photo : ST/CVN |
"La population a vraiment explosé dans les années 80 et 90 et puis soudain, il y a eu un effondrement, explique David Steel, responsable de la Réserve naturelle. Nous avons perdu près de 30% de tous les macareux au milieu des années 2000 et depuis, la population a augmenté lentement mais n’a rien à voir avec ce qu’elle était avant".
À quelque 80 km de là, dans les îles Farne, au Nord-Est de l’Angleterre, même son de cloche.
Dans ces deux endroits, le réchauffement climatique, les vents violents, les pluies, l’érosion côtière, la pollution et la surpêche des lançons - nourriture préférée du macareux - sont pointés du doigt pour expliquer la diminution du nombre de ces oiseaux au plumage noir et blanc et au gros bec bigarré, aussi surnommés "clowns de mer".
En 2015, l’Union internationale pour la conservation de la nature a classé les macareux espèce "vulnérable", en raison d’importants déclins en Europe.
La hausse des températures de la mer a poussé les lançons à se déplacer au nord vers des eaux plus fraîches, forçant les oiseaux à les suivre. Mais les conditions météorologiques plus extrêmes peuvent leur être fatales.
"Clown de mer"
Les macareux, qui mesurent un peu moins de 30 cm pour environ 450 grammes, comptent parmi leurs prédateurs les mouettes et les phoques. Également présents en Bretagne, ils ne pondent qu’un seul œuf en avril ou en mai.
En raison de leur faible taux de reproduction, les populations peuvent mettre des décennies à se remettre d’un choc brutal.
Un recensement complet des macareux est en cours sur les îles Farne et l’île de May. L’an dernier, un décompte limité avait enregistré 36.211 couples reproducteurs sur quatre des îles Farne, contre 42.474 couples en 2018.
Le macareux est un oiseau au plumage blanc et noir et au bec bariolé. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le nombre de macareux sur les îles avait culminé à 55.674 couples en 2003 avant de s’effondrer brutalement à 36.835 en 2008 en raison d’un nombre extrêmement faible de lançons.
Le zoologiste Richard Bevan, de l’université de Newcastle, espère que la reprise du comptage annuel donnera une estimation plus précise.
Avant 2018, des équipes de chercheurs vérifiaient chaque terrier sur une île et faisaient une estimation. L’université a ensuite trouvé un moyen de réaliser des sous-échantillons pour établir une estimation précise de la population.
Changement climatique
Évaluer le nombre de macareux reste difficile, souligne cependant M. Bevan.
Il est parfois facile de repérer un oiseau, retournant au nid des poissons plein le bec, mais les macareux peuvent aussi rester dans leurs terriers. "Souvent, la seule façon est de glisser votre bras dans un terrier et de vérifier", constate le scientifique.
C’est ce que font des garde-côtes sur l’une des îles Farne, avançant doucement leurs bras. "Souvent, vous obtenez un petit coup de bec, ce qui est bon signe car cela signifie que le terrier est occupé", raconte l’une des gardes, Rosie Parsons.
Le recensement de 2022 donnera aux scientifiques une idée de la façon dont la population de macareux est affectée par des facteurs tels que le changement climatique. "En regardant les données, il est inquiétant de voir qu’au cours des quatre dernières années, nous avons observé une tendance à la baisse, indique M. Bevan. Cependant, il s’agit de données sur une courte période et comparées à la population du début des années 1990, ce sont encore des chiffres raisonnables".
Bien qu’il n’y ait pas de danger immédiat d’extinction des macareux, le fait que leur nombre diminue "suscite l’inquiétude", dit-il. "Si cela continue, nous devons être conscients des facteurs qui y contribuent et de la façon de les résoudre".
AFP/VNA/CVN