>>En Roumanie, les manifestants font plier le gouvernement qui retire son décret
>>Roumanie : la crise se poursuit, nouvelles manifestations prévues
Pour la sixième journée consécutive de manifestation, la mobilisation a battu un nouveau record : ils étaient environ 250.000 à Bucarest, sur la place de la Victoire, siège du gouvernement, et autant dans une cinquantaine de villes à travers ce pays de 20 millions d'habitants.
"Démission" et "Voleurs", ont-ils scandé dans la capitale, en brandissant des drapeaux aux couleurs nationales et des bannières étoilées de l'Union européenne.
"Ils (les membres du gouvernement, ndlr) sont corrompus. Ils vont essayer autre chose", estimait Emma, 24 ans.
"Le gouvernement doit partir. Nous reviendrons tous les soirs", faisait écho son ami, Nicola, 25 ans.
L'exécutif social-démocrate a pourtant capitulé sur un point crucial pour les manifestants, en abrogeant le décret d'urgence qui aurait permis à des hommes politiques d'échapper à la justice. Ce texte a donné lieu au plus grand mouvement de contestation populaire depuis la chute du communisme.
Critiqué pour avoir fait adopter cette révision du code pénal par décret, laissant de côté le parlement, le Premier ministre Sorin Grindeanu a promis de "rapidement ouvrir des débats publics avec tous les partis politiques et avec la société civile".
M. Grindeanu, en place depuis un mois, a exclu de démissionner, déclarant, lors d'une interview télévisée, avoir "une responsabilité envers les gens qui ont voté" pour son parti lors des législatives du 11 décembre.
Le chef du parti social-démocrate (PSD), Liviu Dragnea, a durci le ton dimanche soir 5 février : "Si les manifestations continuent après l'abrogation de ce décret, il deviendra clair qu'il s'agit d'un plan ourdi après les élections législatives" de décembre pour faire chuter le gouvernement, a-t-il avancé.
Mais pour Laura Fatu, une manifestante bucarestoise, il en va de "réparer des erreurs commises par le passé et aussi de l'avenir. La classe politique vole notre argent, nos forêts, notre avenir, nous en avons marre", confie-t-elle.
Le texte initial adopté par le gouvernement mardi réduisait sensiblement les peines encourues pour abus de pouvoir et introduisait un seuil minimum de préjudice de 200.000 lei (44.000 euros) pour entamer des poursuites dans la plupart des affaires de corruption. Il faisait craindre à ses détracteurs une régression de la lutte contre la corruption qui s'est intensifiée ces dernières années en Roumanie.
"Nous n'en pouvons plus"
Les jeunes urbains, venus souvent manifester en famille, ont fourni le gros des troupes à ces rassemblements, qui, le soir venu, essaiment dans de très nombreuses villes de ce pays qui a traversé plusieurs périodes d'instabilité politique au cours des dernières décennies.
Radu, 27 ans, avait sacrifié ses cent kilomètres de vélo dominicaux pour une protestation immobile sur sa bicyclette, dimanche matin 5 février, face au siège du gouvernement.
"Il y a encore tellement de corruption dans le gouvernement, au sénat, partout. Nous n'en pouvons plus (...) nous voulons des dirigeants compétents, qui gouvernent pour le peuple, pas pour eux-mêmes et leur compte en banque", s'insurgeait le jeune homme.
Le gouvernement avait affirmé que sa motivation avait été de mettre le code pénal en conformité avec la Constitution et de désengorger les prisons.
Mais selon ses détracteurs, son intention aurait été de mettre à l'abri de la justice M. Dragnea, actuellement en procès dans une affaire d'emplois fictifs. La Commission européenne et le Département d'État américain avaient exprimé leur préoccupation.
Le chef des sociaux-démocrates, qui s'est déjà vu infliger deux ans de prison avec sursis dans un précédent dossier, s'est défendu d'être l'un des bénéficiaires du décret, dénonçant une campagne de désinformation.
Le gouvernement a par ailleurs transmis cette semaine au parlement un projet de loi, également critiqué, visant à gracier 2.500 détenus, dont certains pourraient être des élus condamnés.
Chassé du pouvoir fin 2015 par des manifestations contre la corruption, le PSD jouit d'une solide base électorale dans les milieux ruraux et défavorisés, qui l'ont à nouveau plébiscité aux dernières législatives, sur fond de promesses de hausse des prestations sociales.
>>Roumanie : la crise se poursuit, nouvelles manifestations prévues
Pour la sixième journée consécutive de manifestation, la mobilisation a battu un nouveau record : ils étaient environ 250.000 à Bucarest, sur la place de la Victoire, siège du gouvernement, et autant dans une cinquantaine de villes à travers ce pays de 20 millions d'habitants.
Près de 250.000 personnes se sont rassemblées le 5 février, à Bucarest (capitale de la Roumanie). Photo : AFP/VNA/CVN |
"Démission" et "Voleurs", ont-ils scandé dans la capitale, en brandissant des drapeaux aux couleurs nationales et des bannières étoilées de l'Union européenne.
"Ils (les membres du gouvernement, ndlr) sont corrompus. Ils vont essayer autre chose", estimait Emma, 24 ans.
"Le gouvernement doit partir. Nous reviendrons tous les soirs", faisait écho son ami, Nicola, 25 ans.
L'exécutif social-démocrate a pourtant capitulé sur un point crucial pour les manifestants, en abrogeant le décret d'urgence qui aurait permis à des hommes politiques d'échapper à la justice. Ce texte a donné lieu au plus grand mouvement de contestation populaire depuis la chute du communisme.
Critiqué pour avoir fait adopter cette révision du code pénal par décret, laissant de côté le parlement, le Premier ministre Sorin Grindeanu a promis de "rapidement ouvrir des débats publics avec tous les partis politiques et avec la société civile".
M. Grindeanu, en place depuis un mois, a exclu de démissionner, déclarant, lors d'une interview télévisée, avoir "une responsabilité envers les gens qui ont voté" pour son parti lors des législatives du 11 décembre.
Le chef du parti social-démocrate (PSD), Liviu Dragnea, a durci le ton dimanche soir 5 février : "Si les manifestations continuent après l'abrogation de ce décret, il deviendra clair qu'il s'agit d'un plan ourdi après les élections législatives" de décembre pour faire chuter le gouvernement, a-t-il avancé.
Mais pour Laura Fatu, une manifestante bucarestoise, il en va de "réparer des erreurs commises par le passé et aussi de l'avenir. La classe politique vole notre argent, nos forêts, notre avenir, nous en avons marre", confie-t-elle.
Le texte initial adopté par le gouvernement mardi réduisait sensiblement les peines encourues pour abus de pouvoir et introduisait un seuil minimum de préjudice de 200.000 lei (44.000 euros) pour entamer des poursuites dans la plupart des affaires de corruption. Il faisait craindre à ses détracteurs une régression de la lutte contre la corruption qui s'est intensifiée ces dernières années en Roumanie.
"Nous n'en pouvons plus"
Les jeunes urbains, venus souvent manifester en famille, ont fourni le gros des troupes à ces rassemblements, qui, le soir venu, essaiment dans de très nombreuses villes de ce pays qui a traversé plusieurs périodes d'instabilité politique au cours des dernières décennies.
Le gouvernement du Premier ministre Sorin Grindeanu a retiré le 5 février le décret sur la corruption. Photo : AFP/VNA/CVN |
Radu, 27 ans, avait sacrifié ses cent kilomètres de vélo dominicaux pour une protestation immobile sur sa bicyclette, dimanche matin 5 février, face au siège du gouvernement.
"Il y a encore tellement de corruption dans le gouvernement, au sénat, partout. Nous n'en pouvons plus (...) nous voulons des dirigeants compétents, qui gouvernent pour le peuple, pas pour eux-mêmes et leur compte en banque", s'insurgeait le jeune homme.
Le gouvernement avait affirmé que sa motivation avait été de mettre le code pénal en conformité avec la Constitution et de désengorger les prisons.
Mais selon ses détracteurs, son intention aurait été de mettre à l'abri de la justice M. Dragnea, actuellement en procès dans une affaire d'emplois fictifs. La Commission européenne et le Département d'État américain avaient exprimé leur préoccupation.
Le chef des sociaux-démocrates, qui s'est déjà vu infliger deux ans de prison avec sursis dans un précédent dossier, s'est défendu d'être l'un des bénéficiaires du décret, dénonçant une campagne de désinformation.
Le gouvernement a par ailleurs transmis cette semaine au parlement un projet de loi, également critiqué, visant à gracier 2.500 détenus, dont certains pourraient être des élus condamnés.
Chassé du pouvoir fin 2015 par des manifestations contre la corruption, le PSD jouit d'une solide base électorale dans les milieux ruraux et défavorisés, qui l'ont à nouveau plébiscité aux dernières législatives, sur fond de promesses de hausse des prestations sociales.
AFP/VNA/CVN