Au marché des objets votifs à Hanoï. |
Photo : Minh Hiêu/VNA/CVN |
La cérémonie de la Rémission des péchés des morts, célébrée dans le cercle familial, est préparée soigneusement plusieurs jours à l’avance. D’ordinaire, on dresse un autel en plein air, devant la maison, sur lequel des offrandes sont déposées. Celles-ci sont toujours frugales et bon marché : soupe de riz (répartie dans plusieurs bols), patate douce ou manioc cuits à l’eau et coupés en petits morceaux, galettes et grains de maïs soufflés, bonbons…
À cela s’ajoute un peu de riz cru et de sel. Les objets votifs, dont la “monnaie de l’enfer” (argent en papier frappé du cachet de l’enfer) ou des vêtements en papier entre autres, sont aussi divisés en de petites portions. On brûle des bâtonnets d’encens pour implorer la clémence du Ciel et des génies envers les vivants. Lorsque les bâtonnets d’encens sont consumés, on brûle les objets votifs pour les envoyer aux âmes mendiantes. Enfin, on lance le riz cru et le sel. À minuit, après s’être bien rassasiées, les âmes errantes s’en retournent dans l’Empire des ténèbres. Elles devront attendre l’année suivante pour être de nouveau libres d’aller faire ripaille dans ce bas monde.
Cette année, en raison de l’épidémie de COVID-19, de nombreuses familles de Hanoï ont choisi de commander les festins chez des cuisiniers au lieu de les préparer par eux mêmes.
Répondant aux besoins des clients, les services de restauration à emporter connaissent une grande activité dix jours ou une semaine avant la fête pour laquelle les commandes sont faites par internet. Les sites Web ou fanpages de nombreux restaurants présentent non seulement des images, prix de chaque menu et plat, mais donnent également des conseils conformément à chaque demande de leurs clients. À eux ensuite de choisir le menu ou les plats composant le festin et de déterminer la quantité et l'heure de réception du repas chez eux.
Les effets négatifs de l’épidémie de COVID-19 expliquent l’augmentation des prix des denrées alimentaires, de 50.000 à 60.000 dôngs par festin. Un festin traditionnel se compose de cinq à sept plats, selon la capacité financière des familles, avec les plats principaux comme le poulet bouilli, le riz gluant, les rouleaux de printemps, la soupe aux boulettes de porc et de la salade. Le prix pour un tel festin se situe entre 630.000 et un million de dongs.
Bich Hiên, une employée de banque, témoigne : "Toutes les familles veulent présenter à leurs ancêtres un festin soigneusement préparé. Faute de temps et de connaissances des rituels, j’ai choisi d’en commander un. Je n'achète que des fruits, papiers dorés, des habits en papiers pour mes grands-parents. Les plats, on va nous les livrer à la date et à l'heure qu’on a demandé". Toujours selon cette femme, aller au marché acheter les aliments pour les cuisiner soi-même serait, certes, moins cher que de commander les plateaux dans un restaurant mais cela demanderait de prendre une demi-journée. Ainsi, Bich Hiên et d’autres femmes se contentent des services proposés pour cette année particulière.
Cette année, le 15e jour de la 7e lune tombe au milieu de la semaine soit le 2 septembre. De nombreuses familles profitent du week-end précédent le jour de la célébration pour effectuer les rites traditionnels. Mme Duong Ngoc Diem Hang, propriétaire du restaurant La Nêp (situé dans la rue Hoà Ma, district de Hai Bà Trung), a indiqué que son restaurant avait accepté une "centaine de commandes dont la plupart correspondaient à des festins qui doivent être livrés le week-end, trois ou quatre jours avant la fête".
Des repas végétariens, une tendance divine
Un festin végétarien du restaurant Vi Lai à Hanoï. |
Photo : Vi Lai/CVN |
En plus du repas salé, les restaurants proposent aussi un service de préparation de festins végétariens conformément à la tendance végétarienne de plus en plus populaire. À Hanoï, de nombreux restaurants végétariens proposent à cette occasion des repas de culte du 15e jour de la 7e lune, avec de nombreuses options ainsi que des menus abordables et haut de gamme. Un menu "populaire" peut alors coûter 460.000 dongs avec sept plats, un menu à 700.000 dông aura 11 plats, et le plus cher coûtant un million en comprendra 13 avec salades, potages, soupes, ragoûts, sautés, potages sucrés... Certains restaurants acceptent aussi les commandes d’une valeur totale de 200.000 dongs par plateau.
Quynh Hoa, une employée de bureau, explique son choix d’offrandes végétariennes : "notre famille préparait autrefois un repas salé pour le culte à cette occasion. Mais récemment, mon mari et moi suivent l’abstinence bouddhique, donc nous choissisons le repas végétarien pour le culte au 15e jour de ce mois lunaire".
Tenant un restaurant végétarien à Hanoi depuis plus de dix ans, Nguyên Thuy Ninh affirme que le repas végétarien devient une tendance en vogue pour de nombreuses familles à chaque 15e jour des mois lunaires. Ce changement représente le souhait d’éviter les péchés relatifs au meurtre d’êtres vivants, le pur dévouement aux ancêtres et permet aux consommateurs d’effectuer des actes bienfaiteurs. Comme les ingrédients pour un festin végétarien sont assez simples et plus rapides à préparer, le nombre de commandes de cette catégorie de repas est en augmentation à l’approche du fameux rite d’offrandes aux âmes errantes.