>>Les mathématiques françaises brillent par leur niveau d'excellence
Le mathématicien franco-brésilien Arthur Avila à Rio de Janeiro. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Le Brésil est le premier pays d'Amérique latine à organiser le Congrès International des Mathématiciens (ICM en anglais), qui a lieu tous les quatre ans depuis la fin du XIXe siècle. "Quand la première édition a eu lieu en 1897, il n'y avait pratiquement pas de mathématiques au Brésil. Le fait qu'on nous confie l'organisation du congrès permet de mesurer tout le chemin parcouru", se félicite Marcelo Viana, responsable du comité organisateur et directeur de l'Institut de mathématiques pures et appliquées (IMPA).
Cet institut novateur basé à Rio, dans un bijou architectural niché au coeur de la forêt tropicale de Tijuca, est à la pointe de la recherche au Brésil, mais aussi des initiatives pour rendre plus populaire un discipline souvent jugée austère.
C'est à l'Impa qu'a été formé en grande partie Artur Avila, franco-brésilien lauréat de la médaille Fields en 2014, qui partage aujourd'hui son temps entre le Brésil et la France, où il est directeur de recherche au CNRS. Deux à quatre médailles sont décernées à chaque édition du congrès. À Rio, elles seront remises mercredi, lors de la cérémonie d'ouverture.
En janvier dernier, le Brésil a été promu dans l'élite mondiale des mathématiques, en devenant le 11e membre du très sélect groupe 5 de l'Union Mathématique Internationale (IMU), qui rassemble les pays à la pointe de la recherche comme la France, les États-Unis ou la Chine. En 2017, Rio avait déjà accueilli les Olympiades internationales de mathématiques (IMO), avec plus de 600 participants de 111 pays.
Langage accessible
Pour Marcelo Viana, le congrès est un "prétexte pour populariser les mathématiques chez les jeunes". "En 2006, l'ICM a eu lieu à Madrid et tous mes collègues espagnols m'ont dit que la culture mathématique a fait un bond depuis dans tout le pays", rappelle-t-il. Afin de laisser un héritage durable pour l'ensemble de la population, le congrès regorgera d'événements destinés au grand public.
"Normalement, on nous demande d'organiser des conférences au langage plus accessible, qui puisse être compris par tous les mathématiciens. Mais nous avons été plus loin en imposant que ces conférences soient aussi compréhensibles pour des enfants", a souligné le directeur de l'IMPA.
Pour démocratiser encore plus l’événement, l'Institut Serrapilheira, autre fer de lance du soutien de la recherche mathématique au Brésil, a financé la participation de 19 mathématiciennes noires et deux originaires de tribus indiennes au congrès. Elles prendront notamment part à une table ronde sur les disparités de genre dans la discipline. Si le Brésil s'est hissé à la pointe de la recherche, la situation de l'enseignement des maths à l'école est bien moins reluisante.
"Notre système d'éducation est trop hétérogène, avec d'énormes différences entre le public et le privé. Les enseignants du public ne sont pas assez bien formés et ne sont pas assez bien payés", déplore Marcelo Viana. Au classement de référence Pisa, qui évalue les systèmes éducatifs de 70 pays tous les trois ans, le Brésil occupait seulement la 65e position en ce qui concerne les maths lors de la dernière édition, datant de 2015.
La recherche au Brésil a en outre subi de fortes coupes budgétaires à la suite de la récession historique de 2015 et 2016, et la fuite des cerveaux préoccupe les spécialistes. "Dans d'autres pays, comme la Chine, c'est dans le moments de crise que le budget de la recherche augmente pour créer de nouvelles sources de prospérité pour l'économie. Ici, au Brésil, le gouvernement a préféré l'austérité, ça n'a pas de sens", critique le directeur de l'IMPA.
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