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Riccardo Bianco Levrin et son épouse My An. |
«Cela fait maintenant plus de vingt ans que je vis ici. Comme vous le savez, ma barbe est devenue grise avec le temps», partage, visiblement enthousiaste, Riccardo Bianco Levrin.
L’histoire de la marque de mode «Bianco Levrin» est étroitement liée à une histoire d’amour, celle d’un Italien et d’une Hanoïenne. Riccardo débarque pour la première fois au Vietnam en 1995 en tant qu’expert en marketing d’une banque de Milan (Italie). Il est chargé de réaliser une étude du marché vietnamien. Les premiers temps, il avait l’intention d’y rester pendant quelques mois. Mais, coup de foudre oblige, d’abord pour le pays puis, quelques mois plus tard, pour une enseignante de Hanoï prénommée My An, il n’est jamais reparti.
Un amour prédestiné
«Un jour, j’ai reçu un appel téléphonique d’un étranger qui s’était trompé de numéro. Il me souhaitait un joyeux anniversaire. Comme je suis diplômée de l’École normale supérieure des langues étrangères, nous avons discuté. Peut-être, cet appel était prédestiné», se souvient My An, dont les joues rosissent.
L’Italien amoureux a décidé de tout plaquer pour s’installer à Hanoï. Il a même persuadé la jeune fille d’abandonner sa carrière d’enseignante pour l’aider à construire et à développer la marque de mode Bianco Levrin. Leurs vêtements sont faits de tissus traditionnels, de soie et de velours, dont les modèles sont créés par Riccardo. Ce dernier choisit les motifs et les couleurs, tandis que My An dessine les formes de vêtements. Leur amour se reflète dans un style harmonieux et sophistiqué qui allie les deux cultures. Les produits Bianco Levrin sont habituellement commercialisés en Europe et aux États-Unis, notamment lors d’expositions organisées dans des centres de la mode à Londres, Paris, Milan, New York, mais aussi en d’autres lieux.
Un livre sur le Vietnam
Toutes ces années passées à Hanoï ont permis à Riccardo de bien comprendre la vie culturelle des Vietnamiens, notamment leurs us et coutumes. Des éléments mis en évidence dans son livre, Nini et Lotta à Hanoï.
Riccardo Bianco Levrin a été subjugué par la ville de Hanoï, notamment le Vieux quartier. |
Photo : Anh Tuân/CVN |
«Mes enfants chéris, nous sommes en train de commencer un voyage». C’est avec cette phrase prononcée par le père de deux enfants que débute l’histoire contée dans le livre de Riccardo. Un très beau voyage pour ces deux enfants qui sont très vite captivés par les activités culturelles.
Nini et Lotta, accompagnés de leur père, font une balade au marché du Têt pour acheter un kumquat et des fleurs pour décorer la maison. Se rendre au marché de fleurs à l’approche du Têt traditionnel est un des loisirs préférés des Hanoïens. Les touristes apprécient aussi d’y aller, pour des achats, ou pour flâner en s’imprégnant de notamment l’atmosphère festive des lieux.
Le père a aussi parlé des choses à faire et à ne pas faire pendant le Têt. «Quand les aînés vous offrent un +li xi+ (étrennes glissées dans une enveloppe rouge offertes pour souhaiter le bonheur durant la nouvelle année, Ndlr), il faut les prendre avec deux mains et la tête baissée en remerciant. Puis, vous pouvez me les donner pour acheter des bons livres», souligne-t-il.
À Hanoï, nombre d’éléments du quotidien l’ont impressionné, à commencer par la Fête de la Mi-automne, la gastronomie et les sons de la rue. L’auteur a conduit ses enfants dans la rue Hàng Ma, dans le Vieux quartier de Hanoï, rue connue en tant que «paradis des jouets». À l’approche de la Fête de la Mi-automne, les gens affluent pour y acheter des jouets traditionnels pour leurs enfants.
Hanoï, un théâtre particulier
Riccardo aime bien les mots «di choi» («s’amuser» au sens de «sortir» - par opposition au travail, au bureau comme à la maison). Comme de nombreux Hanoïens, il aime se promener en famille à «Bo Hô», c’est-à-dire autour du lac Hoàn Kiêm. Là, il peuvent raconter l’histoire de la tortue légendaire à leurs enfants, comme voir le lac se transformer en salle de gym en plein air au coucher du soleil.
Riccardo et sa famille ont aussi la possibilité d’écouter le bruit de la capitale, bruyante, tout à la fois, en raison de la circulation, des chantiers de construction, des haut-parleurs ou, plus poétique, du bruit de la tondeuse du coiffeur de rue, ou encore de la berceuse d’une mère aimante à son enfant, qui sort du cadre d’une fenêtre.
«Hanoï est un théâtre particulier, un lieu où le public est devenu l’orchestre tandis que l’orchestre est le public», a confié Riccardo.
Sa famille se rend souvent à un restaurant de pho (soupe de nouilles de riz au bœuf) de la rue Quan Thanh pour prendre le repas tout en profitant du jardin de fleurs coloré situé en face.
«Nini, regarde ce plat traditionnel de Hanoï. Le +pho+ est approprié à toutes les saisons comme à tous les moments de la journée. Le bouillon est magique, et c’est lui qui donne le goût unique de ce plat», souligne le père à ses enfants.
Actuellement, Riccardo et sa famille vivent dans une maison située dans une ruelle de la rue Dang Thai Mai. Bien que ses parents lui aient demandé à plusieurs reprises de revenir dans sa ville natale en Italie, l’Italien leur répond toujours par une simple phrase : «J’ai choisi le Vietnam».