>>L'Équipe veut renégocier temps de travail et rémunérations, les syndicats s'inquiètent
>>L'économie française va se contracter de 11% cette année, prévient le gouvernement
L'entrée de l'usine Renault à Choisy-le-Roi, le 29 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il s'agira de travailler à ce qui peut être fait pour préserver l'emploi et l'accompagnement des plus fragiles, notamment les jeunes entrant sur le marché du travail", a précisé mardi 2 juin la présidence, à propos de cette réunion prévue à 15h00.
Les revendications syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et patronales (Medef, CPME, U2P, FNSEA) risquent d'être nombreuses, voire divergentes, alors que les indicateurs macroéconomiques sont tous au rouge: le gouvernement anticipe une chute du PIB de 11% cette année en raison du "choc économique extrêmement brutal" provoqué par l'arrêt quasi total de l'économie, lié à l'épidémie.
Plus de huit millions de personnes sont au chômage partiel et plus de six millions de demandeurs d'emploi ont été comptabilisés par Pôle emploi en avril. Du jamais-vu en France.
Les attentes sont donc grandes depuis mardi où le déconfinement a connu un coup d'accélérateur, avec la levée de l'interdiction de se déplacer à plus de 100km, ou encore l'ouverture des cafés, restaurants et petites salles de spectacle.
Au menu des discussions de cette troisième réunion depuis le confinement - pour la première fois en "présentiel" à l'Élysée et non en vidéoconférence -, "l'apprentissage, l'activité partielle, l'assurance chômage", selon Marylise Léon, la numéro deux de la CFDT.
Côté apprentissage, il y a urgence.
Sans soutien de l'État, les acteurs de l'alternance s'attendent à une chute de 20 à 40% des offres d'apprentissage proposées par les entreprises.
Dans Le Parisien, Philippe Darmayan, président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), appelle l'exécutif à un "pacte", qui serait soit "une prise en charge par l'État de la rémunération des alternants pour au moins 6 mois", soit "un doublement de l'aide existante et son extension à toutes les entreprises et tous les diplômes".
"Défaillances"
Un restaurant à Paris doit fermer ses portes en raison de la pandémie de COVID-19. |
Côté assurance chômage, tous les syndicats demandent depuis le début de la crise l'abandon de la réforme. Son deuxième volet, qui durcit le calcul de l'allocation pour les travailleurs alternant contrats courts et périodes de chômage, a déjà été reporté au 1er septembre.
Ces derniers jours, le gouvernement a multiplié les appels vis-à-vis des entreprises pour mettre en place des "accords de performance collective", un dispositif créé au début du quinquennat et qui permet d'aménager la rémunération, la durée de travail et la mobilité des salariés pour préserver l'entreprise et l'emploi.
Il permet "de se dire +plutôt qu'il y en ait 20% qui perdent leur emploi, on va pendant quelque temps baisser le temps de travail, donc la rémunération+", a vanté dimanche 31 mai la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui sera présente à la réunion à l'Élysée avec Bruno Le Maire (Économie), Gérald Darmanin (Comptes publics), Didier Guillaume (Agriculture) et Laurent Pietraszewski (Protection de la santé des salariés contre le COVID-19).
Mais les syndicats voient d'un mauvais œil cette "solution". C'est ce qu'a l'intention de dire à Emmanuel Macron et Yves Veyrier, le secrétaire général de FO. "Opposer les salaires à l'emploi serait la plus mauvaise réponse à apporter, ce serait une erreur du point de vu macroéconomique", a-t-il déclaré devant les députés mercredi 3 juin.
Et "pas besoin de toucher à la durée légale du temps de travail", avait de son côté lancé son homologue de la CFDT, Laurent Berger, il y a une semaine, devant les mêmes députés.
L'épidémie a franchi la barre des 29.000 morts en France, selon le bilan publié mercredi soir par la Direction générale de la santé. Au total, 13.514 personnes sont encore hospitalisées pour une infection liée au COVID-19, dont 1.210 en réanimation.
Le virus circule donc toujours, de même que les interrogations sur les "défaillances" françaises, qui seront étudiées à la loupe pendant six mois par la commission d'enquête sur la gestion de l'épidémie, installée mercredi 3 juin par l'Assemblée nationale.
AFP/VNA/CVN