Réparateur de chaises roulantes et des esprits, la vocation du soldat Calle

Paralysé après l’explosion d’une mine en Colombie, le soldat Mario Calle a trouvé sa voie : fabriquer des chaises roulantes pour ses compagnons blessés comme lui au combat. Une étonnante vocation qui lui permet aussi de réparer les esprits.

Mario Calle dans son atelier à Bogota. Photo : AFP/VNA/CVN


Officiellement à la retraite à 49 ans, cet ancien officier de cavalerie a obtenu de l’armée l’autorisation d’établir son atelier au sein même d’une caserne à Bogota. Un amas de vis, tenailles, pinces et tubes en métal s’entassent dans une petite pièce sombre, où cet homme au corps sec et nerveux s’affaire sans relâche, le regard toujours malicieux derrière de fines lunettes. «Le handicap, je ne sais pas ce que c’est. Cela n’a aucun sens pour moi», affirme-t-il.
En octobre 1999, une mine a stoppé net la carrière de cet ex-membre des forces spéciales lors d’une patrouille dans la province d’Antioquia dans le Nord de ce pays, rongé par un demi-siècle de conflit avec des guérillas. 483 soldats y ont été tués et 2.089 blessés l’an dernier encore, selon le gouvernement. Dix-sept éclats dans le corps, dont un lui a sectionné la moelle épinière, le privant de l’usage de ses jambes, mais pas de son optimisme :
«Et pourtant, je suis toujours là et c’est tout ce qui compte».Il y a six mois, après une formation aux États-Unis financée par l’armée, Mario Calle s’est lancé dans la confection de chaises roulantes, dont la sienne. Adaptées aux blessures des soldats, elles sont vendues à un prix inférieur de moitié à celui du marché. Quant aux réparations, elles sont gratuites. «Mon but n’est pas de faire de l’argent, c’est d’aider ceux qui en ont besoin, leur redonner de l’énergie», souligne l’ancien militaire, qui touche une modeste pension de 670.000 pesos (290 euros), à peine plus que le salaire minimum.
Victime d’un tir de grenade l’an dernier, Nestor Narvas, un fantassin de 26 ans amputé des jambes, est venu lui confier sa chaise roulante endommagée. Il repart avec un dossier neuf. «Dans la rue, cela m’aurait coûté très cher, là il me l’offre», murmure-t-il, reconnaissant. À l’intérieur de la caserne, qui abrite quelque 1.700 personnes, dont les membres des brigades de déminage, Mario Calle est devenu une véritable mascotte qu’on n’hésite pas non plus à solliciter pour la moindre réparation domestique.

Des chaises roulantes sont vendues à un prix inférieur de moitié à celui du marché. Quant aux réparations, elles sont gratuites. Photo : AFP/VNA/CVN


«Salut Calle!», «Comment ça va, Calle?», lui lance-t-on sur son chemin. Certains lui offrent des friandises, des femmes de soldats l’embrassent. «Il est l’exemple même de celui qui a surmonté son handicap. Il représente un espoir pour tous les gens blessés», témoigne le docteur Javier Marroquin, au centre médical de la base, où l’ancien militaire se rend fréquemment pour remonter le moral des nouveaux arrivants.
«Je comprends mieux ce qu’ils ressentent qu’un psychologue, car je l’ai vécu. L’atelier, c’est une chose. Mais en réalité, je suis là pour l’aspect humain, c’est le plus important», confie Mario Calle.
Sa petite amie, Angela Vargas, hémiplégique à la suite d’un accident de voiture, ne se montre pas jalouse de son activité débordante. «Il est un pionnier dans ce qu’il fait, je suis très fière de lui», assure cette vigile de 24 ans, qu’il a rencontrée sur un stade d’athlétisme. Le sport est la seconde passion de l’ancien militaire, qui a parcouru plus de 30.000 kilomètres en chaise roulante à travers l’Amérique latine. Dans un coin de son atelier trône son joyau, une moto adaptée de 80 cm3, qu’il termine de construire à ses rares heures perdues. Un projet qu’il présente aux visiteurs étonnés avec le même message : «Les seules limites, ce ne sont pas celles du corps, mais celles de l’esprit».

AFP/VNA/CVN

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