>>Pascal Lamy : attention accordée à la protection des consommateurs
Débat-rencontre avec Pascal Lamy, ancien directeur général de l'OMC, à l'occasion de la présentation de son dernier ouvrage, le 15 mai à L'Espace. |
La rencontre est intervenue durant le séjour au Vietnam de Pascal Lamy, qui doit assister à l’Assemblée générale du PECC (Conseil de coopération économique du Pacifique) et aux réunions multipartites de l’APEC (Forum de coopération économique Asie-Pacifique).
Il s’agissait d’une occasion pour l’ancien directeur général de l’OMC de dialoguer avec le public vietnamien sur son dernier ouvrage «Où va le monde ? Le marché ou la force ?», écrit avec le professeur Nicole Gnesotto. Il en a aussi profité pour répondre à diverses questions liées aux enjeux du Vietnam dans son processus d’intégration, à la faveur de son expérience acquise en qualité de directeur général de l’OMC.
Dans un premier temps, Pascal Lamy a présenté à l’audience son dernier ouvrage écrit avec Nicole Gnesotto, professeur à l’Institut d'études politiques de Paris, que M. Lamy a salué en tant qu’«une des meilleures socialistes françaises en géopolitique». Sous forme de dialogue, l’ouvrage aborde de grandes questions sur une économie mondiale sous l’emprise de la mondialisation, tout en cherchant aussi à analyser les circonstances chaotiques actuelles comme, en guise d’exemple illustratif, les cas de la Grèce et du Brexit. De surcroît, l’ouvrage mentionne les acteurs et les facteurs de l’immense désordre actuel qui affecte négativement la situation politique dans le monde comme l’environnement, l’énergie, l’immigration, la sécurité..., ce qui conduit directement à des questions de gouvernance, mais aussi à des interrogations sur l’avenir de grandes alliances du monde comme l’Union européenne (UE).
«Où va le monde ? Le marché ou la force ?» apporte des visions diverses et contrastées de deux experts en géopolitique et en géo-économie sur l’intégration internationale, Pascal Lamy s’étant accordé sur l’idée que «l’intégration politique fait partie de l’intégration économique». Avant de souligner par la suite le rôle important des organisations et des institutions éco-socio-politiques comme l’ASEAN ou l’UE.
Jean-Louis Paré, directeur du Centre franco-vietnamien de formation CFVG, a |
«Le Vietnam est un très bon exemple
du processus d’intégration internationale»
C’est ce qu’a affirmé avant tout Pascal Lamy en inaugurant la deuxième partie du débat, face aux opinions controversées sur les gains et les doutes de l’adhésion du Vietnam à l’OMC en 2007.
En considération des bénéfices acquis de l’ouverture des échanges, l’ancien directeur général de l’OMC s’est rendu compte que le pays «avait et a encore un certain nombre d’avantages comparatifs», concrètement, grâce à la qualité des travailleurs, de leur productivité en regard de leur coût, ce qui sera plus avantageux dans les secteurs de forte main-d’œuvre comme l’électronique, l’agroalimentaire ou l'industrie textile. Toutefois, la problématique de l’économie vietnamienne réside dans les moyens d’accélérer l’augmentation de la valeur ajoutée de ses produits, ce qui entraîne probablement des doutes au regard de certaines opinions contradictoires sur l’intégration internationale.
En réponse à la question sur les mesures protectionnistes imposées aux produits originaires de pays moins développés comme le Vietnam, M. Lamy a expliqué que "l’ouverture des échanges provoque toujours des remous". Chaque pays participant à ce processus s’inquiète évidemment de la concurrence étrangère, et choisit donc les subventions convenables en vue de protéger ses producteurs ainsi que ses consommateurs. De sorte qu’il faut réfléchir à l’importance des forums dont l’objet est d’harmoniser les échanges entre les pays comme l’APEC, dont le Sommet aura lieu au Vietnam à la fin de cette année. Par ailleurs, Pascal Lamy a recommandé au Vietnam d’optimiser ses avantages comparatifs en optant pour une "stratégie gagnante fondée sur l’investissement dans l’intelligence".
Lors de ce qui était à la fois rencontre et débat, M. Lamy a été sollicité par plusieurs auditeurs sur la tendance de mondialisation qui connaît de considérables changements depuis ces dernières années. Certains pensent à l’austérité dans la gouvernance, d’autres privilégient la réduction de l’envergure des échanges commerciaux en s’orientant vers des coopérations bilatérales ou régionales. Avant de finir son discours, l’ancien directeur général de l’OMC a souligné que «la globalisation est loin d’être terminée» dans le but de réaffirmer la continuité du phénomène dans les années à venir.
Texte et photos : Hông Anh/CVN