Ngô Thi Hai (droite), une centenaire qui a consacré sa vie à la médecine. |
Quand on aime, on ne compte pas. Ngô Thi Hai, née en 1916 dans la province de Bên Tre (Sud), l’a prouvé en dédiant sa vie à son métier d’aide-soignante. Mais à l’occasion de son centième anniversaire, elle a naturellement été mise à l’honneur par ses collègues et élèves qui ne manquaient pas à l’appel de cette fête si particulière. Un juste retour de la médaille pour celle qui a consacré sa vie à la médecine.
Même si au fur et à mesure du temps, il lui est devenu difficile de se rappeler de tous ces visages, une chose est sûre, Ngô Thi Hai a gardé en tête certains souvenirs d’enfance. «À mon époque, seuls les hommes apprenaient le métier d’aide-soignant. Nous, les femmes, devions uniquement penser au mariage. Heureusement, mon père ne partageait pas cet avis, et il a tout fait pour que je m’épanouisse professionnellement. Ainsi, nous, ses enfants, avons pu suivre des études. Et alors que j’étais encore au lycée, la Croix-Rouge française a fondé une école d’aides-soignantes pour les Françaises», raconte-t-elle. Attirée par cette branche, et poussée par son père, Ngô Thi Hai a donc prolongé sa scolarité dans cette école. L’histoire retiendra qu’elle est l’une des trois premières femmes à avoir rejoint l’établissement. En 1940, elle a achevé ses études et travaillé pour l’hôpital Lalung Bonnaire, devenu par la suite l’hôpital Cho Rây.
Une expérience acquise au cours d’un stage
Après dix années de travaux, Ngô Thi Hai a été choisie pour suivre un stage au Canada pour perfectionner ses compétences avant de revenir enseigner à l’École nationale de médecine qui ouvrait pour la première fois la Faculté d’aides-soignants. «Au cours de ce stage, j’ai appris beaucoup de nouvelles techniques. Tandis qu’à cette même période, au Vietnam, les méthodes d’asepsie étaient très souvent négligées. Les aides-soignants vietnamiens ne portaient pas de gants lors des soins des blessures des patients. Ainsi, à mon retour, j’ai insisté sur la nécessité d’en porter», confie-t-elle.
Vo Thi Anh, une de ses anciennes étudiantes, reste toujours admirative envers Ngô Thi Hai, celle qui lui a tout appris : «Elle a été notre enseignante à l'école. Elle s’est toujours montrée sérieuse pour nous guider. Elle nous a enseigné beaucoup de techniques aseptiques pour lutter contre les infections nosocomiales. Durant ses cours, nous avions peur d'elle, car elle était très exigeante. Mais sa rigueur nous a aidées à avoir de bonnes compétences pour satisfaire les demandes professionnelles de n’importe quel hôpital».
De son côté, Nguyên Ngoc Liên, enseignante à l’école secondaire de médecine Quang Trung, se dit ravie aussi d’avoir été une de ses élèves : «Elle est considérée comme la mère de notre profession. Ngô Thi Hai est un modèle de respect pour nous. D’ailleurs, maintenant j’enseigne, à mon tour, et je m’inspire encore de ses techniques d’enseignement».
Un anniversaire particulier pour Mme Hai, 100 ans, organisé en février dernier. |
Maintien du serment d’Hippocrate
Mme Hai reconnaît qu’elle était une aide-soignante très pointilleuse, mais ses étudiants acceptaient son tempérament. «Je me suis toujours montrée exigeante dans mon travail. C’était une question de responsabilité vis-à-vis de mes étudiants que j’appréciais énormément», avoue-t-elle.
Ngô Thi Hai a enseigné non seulement des techniques médicales, mais aussi l'éthique professionnelle. «Pendant mon travail, certains patients pouvaient me frapper ou m’injurier. Mais, je me montrais toujours patiente et je leur pardonnais, car ils avaient peur et souffraient terriblement». La majorité de ses élèves sont donc unanimes sur l’excellent enseignement accompli par cette aide-soignante désormais centenaire, et surtout concernant le rapport entre le médecin et son patient.
«Quand j’observais Mme Hai, je ne la voyais jamais hausser le ton sur ses patients. Elle répondait à toutes leurs questions avec calme, patience et douceur… Et quand j’ai imité cette technique dans mon travail, j’ai reçu beaucoup de retours positifs de la part de mes patients», certifie Tôn Thi Nam, une autre de ses élèves.
Actuellement, Mme Hai vit paisiblement dans une petite maison de la rue Ngô Gia Tu, dans le 10e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. Ses élèves la respectent beaucoup et continuent de la considérer comme un modèle à suivre. Chaque jour, ils sont nombreux à espérer qu’elle conserve une santé éternelle.