Rencontre avec la traductrice japonaise du Journal intime de Dang Thùy Trâm

Avec la traduction du Journal intime de Dang Thùy Trâm en japonais, Izumi Takahashi tient à contribuer au resserrement des relations culturelles entre les deux pays. Pour elle, son amour envers le Vietnam est sa destinée.

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Izumi Takahashi (1re à droite) durant sa visite d’une gare routière avec de jeunes vietnamiens.
Photo : Thuy Hang/CVN

Izumi Takahashi a pris connaissance du Journal intime de Dang Thùy Trâm en 2002 alors qu’elle lisait des extraits de l’ouvrage. Il a fallu attendre 2005 pour le voir publié en version complète par la Maison d’édition Nha Nam et l’Association des écrivains du Vietnam. Izumi a alors passé bien des nuits blanches à lire ce livre qui l’a tellement touchée.

En lisant le Journal intime de Dang Thùy Trâm, elle a décidé de le traduire en japonais. Coup du sort, la Maison d’édition Keizaikai recherchait à ce moment un traducteur pour cet ouvrage. Izumi a été choisie et s’est immédiatement mise au travail. "Cela m’a pris un mois pour traduire le livre, mais les modifications du texte afin de faire correspondre le style d’écriture de Dang Thùy Trâm aux goûts des lecteurs japonais ont duré une année", partage-t-elle.

Traduire un journal n’est jamais facile

Elle explique : "Si l’on utilise un langage trop sophistiqué, cela ne collera pas au genre littéraire, mais si l’on traduit mot à mot, le texte ne correspondra pas aux goûts des lecteurs japonais". C’est en 2008 que le Journal intime de Dang Thùy Trâm a été publié en langue japonaise.

En plus de ressentir les émotions de l’auteure, sa tristesse et sa douleur que la guerre a engendrées, il lui a semblé la rencontrer directement à travers cet ouvrage. "Dans un journal intime, on écrit tout ce qu’on pense et on révèle les mystères enfouis au plus profond de soi. Le +Journal intime de Dang Thùy Trâm+ est un bel exemple de sentiments et d’émotions sincères", commente la traductrice.

Un amour inconditionnel

Couverture du "Journal intime de Dang Thùy Trâm".
Photo : CTV/CVN

Izumi éprouve un grand amour pour le Vietnam et sa traduction du Journal intime de Dang Thùy Trâm en est la preuve. La traductrice a fait plusieurs visites au Vietnam. Sa première date de 1989, en tant que touriste. Elle est revenue en 1993 et est restée pendant quatre ans pour étudier le vietnamien à l’ancienne Université de Hanoï (actuellement Université des sciences sociales et humaines et Université des sciences naturelles) à Hanoï.

Selon Izumi, c’est le destin qui l’a poussée vers le Vietnam : "Comme en amour, on ne peut pas se l’expliquer. On aime, tout simplement", confie-t-elle. Une fois diplômée, Izumi est rentrée au Japon pour y travailler. En tant qu’interprète et modératrice, elle a participé à de nombreux programmes et projets dans le cadre de la coopération entre les gouvernements des deux pays. Elle travaille notamment pour l’Agence japonaise de coopération internationale depuis 1997.

En 2002, elle a déménagé à Hô Chi Minh-Ville et y est restée pendant dix ans. C’est là-bas qu’elle a lu pour la première fois des extraits du Journal intime de Dang Thùy Trâm.

En 2013, avec Tsuyama, une association à but non lucratif à l’origine de nombreuses activités caritatives en faveur du Vietnam, Izumi a joint Dang Nhât Minh, réalisateur du film Đừng đốt (Ne brûle pas !) inspiré du fameux journal. Suite à cette rencontre, 1.000 copies du film ont été distribuées gratuitement aux Japonais et c’est Izumi qui en a réalisé les sous-titres en langue nippone.

Un an plus tard, toujours avec ladite association, elle s’est rendue à la maison de Dang Thùy Trâm pour y rencontrer la mère de l’auteure. Cette dernière l’a serrée fort dans ses bras pour la remercier : "Tu es la première personne à traduire le journal intime de ma fille. Il est certain que tu as bien compris ses pensées. Cela me procure tellement de bonheur". Cette excursion a également marqué le début de l’histoire d’amour entre Izumi et l’homme qui est actuellement son mari. Il a lui aussi participé à de nombreuses activités caritatives au Vietnam.

Mai Quynh-T.H/CVN


Une Japonaise très vietnamienne

Maîtrisant la langue, Izumi Takahashi connaît bien aussi la culture et l’histoire du Vietnam. Elle écoute souvent les chansons du compositeur Trinh Công Son (1939-2001) mais aussi celles de Son Tùng M-TP, un chanteur en vogue chez les jeunes. Izumi peut faire des jeux de mot en vietnamien, elle connaît bien les proverbes et peut présenter l’établissement où l’agronome Luong Dinh Cua (1920-1975) faisait ses études au Japon. "En plus du +Journal intime de Dang Thùy Trâm+, je voudrais traduire d’autres documents en japonais et en vietnamien pour multiplier les passerelles culturelles entre les deux pays", conclut-elle.

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