* Cette circulaire sur la mobilisation de l'épargne en or et les emprunts en or est-elle novatrice ? Quels sont les changements par rapport à l'heure actuelle ?
Pour partie, les changements sont significatifs, dans le sens d'une limitation des opérations sur l'or dans le système financier national. D'une part, les organismes de crédit ne pourront accorder des crédits en or que pour des activités de production et de commerce d'or destiné à la joaillerie. Par ailleurs, ils ne pourront plus convertir leurs stocks d'or en monnaie fiduciaire, avec pour mesure transitoire un délai jusqu'au 30 juin prochain pour procéder aux règlements définitifs des conversions effectuées avant l'entrée en vigueur de nouvelles dispositions. Il nous apparaît nécessaire de limiter de telles transactions pour plusieurs raisons, ne serait-ce que fin septembre de cette année, le pays recense 23 organismes mobilisant et faisant crédit en or, sachant que pour la seule mobilisation, le volume atteint à cette date était de 92,6 tonnes, soit de 73.000 milliards de dôngs.
* Pourquoi vouloir ainsi limiter la circulation de l'or dans notre économie, alors que nombre considère qu'il s'agit d'une importante ressource pour le développement socioéconomique national ?
Si les Vietnamiens ont pour tradition d'épargner en or, ce marché a connu au niveau mondial - et donc national - de trop fortes fluctuations ces derniers temps, qui entraînent une forte spéculation. La mobilisation de l'épargne en or comme l'octroi de crédits sont désormais trop risqués pour notre économie, ainsi que pour les organismes de crédit bien sûr, je peux vous en donner quelques exemples. En dehors du fait que la thésaurisation sur l'or ne rapporte pas forcément en raison de l'évolution complexe et rapide de ses cours sur le marché, en revanche aujourd'hui chacun peut mobiliser son épargne de métal, ce qui est dangereux pour notre marché monétaire. Mobiliser implique une autre valeur refuge en terme de placement, tel le dollar, en d'autres termes, à la croissance de telles opérations répond une croissance de la "dollarisation", qui entraîneront à leur tour davantage de spéculations - telles importations parallèles, etc. C'est dire aussi le danger d'un tel phénomène en terme de taux de change dollar-dông... De même, en ce qui concerne le crédit en or, qui implique une convertibilité, présente d'importants risques en raison des possibilités de forte et brutale croissance ou baisse des cours, risques pour lesquels notre pays ne dispose pas encore de mesures de prévention réellement efficientes...
D'autres raisons prévalent à cette limitation de telles transactions : ainsi, la politique de l'État n'encourage pas le crédit en or à des secteurs autres que la production. Compte tenu de ces éléments, ces nouvelles dispositions s'avèrent adaptées à la conjoncture actuelle.
* Arrêter la convertibilité de l'or en dông dans les transactions chez les banques, oui, mais pour quel but ?
Les organismes de crédit avaient autrefois le droit de convertir en dôngs jusqu'à 30% maximum de leurs avoirs en or, afin d'utiliser ces capitaux de manière souple. La pratique était tout autre : compte tenu des risques inhérents à une telle conversion, peu d'établissement la réalise. D'autres en revanche utilisaient ces fonds pour spéculer sur l'or et/ou les devises, avec ici encore des conséquences pouvant être graves pour le marché des devises et les taux de change. Par ailleurs, il faut dire aussi que cette convertibilité a conduit plusieurs organismes de crédit à accorder davantage de crédits en or, à un taux d'intérêt élevé, au secteur hors production. Par rapport à ce que je vous ai dit précédemment, la nouvelle circulaire pose désormais un principe d'interdiction.
* Quels seront les effets de ces nouvelles dispositions sur l'activité des organismes de crédit comme sur le marché des devises ?
La limitation de la mobilisation des épargnes comme de l'octroi des crédits libellés en or est un pas suivant des mesures appliquées depuis le début de l'année en matière de commerce de l'or : fermeture des salles de transactions d'or, du commerce de l'or sur compte à l'étranger, retrait des licences d'importation d'or, outre un renforcement de la coopération entre organismes compétents dans la lutte contre les importations illégales d'or.
Cette nouvelle circulaire contribuera à remédier aux problèmes constatés au regard de la circulation d'or dans notre économie, comme diminuer les risques en terme de règlement que peuvent connaître - ou parfois connaissent - les organismes de crédit. Elle permettra de diminuer les spéculations sur l'or comme sur les devises, en complément de la lutte contre les importations illégales. Cela permettra de stabiliser le marché de devises et monétaire. Enfin, l'important volume d'or qui devra être converti en dông ou en d'autres devises - dont en premier lieu le dollar - circulera sur le marché ayant besoin de devises, j'entends par-là la production économique et le commerce domestique comme international... La BEV suivra de très près les effets de ces dispositions sur le marché ainsi que ses tendances, en vue d'adapter ou de prendre de nouvelles mesures dans un même sens : la maîtrise des transactions en or dans notre économie.
Phuong Mai/CVN